Journal C'est à Dire 147 - Octobre 2009

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P A Y S D E P I E R R E F O N T A I N E

Fuans Le Diam’s brille toujours Après le père, aux fils Guillet de faire dan- ser garçons et filles sur les pistes du Diamant Bleu. Trente après, la discothèque de Fuans s’adapte aux mentalités, aux interdictions, mais reste inflexible sur certains principes.

I ci, des couples se sont for- més. D’autres se sont déchirés. Un vrai morceau de vie que ce Diamant Bleu, boîte de nuit posée au sommet du mont de Fuans où depuis 1981, des milliers de personnes ont dansé, chanté, hurlé, crié… pleuré. Après envi- ron 30 années à la tête de la structure, “Pierrot” Guillet a vu défiler des générations de fêtards avant de céder à ses fils Jean (31 ans) et Olivier (33 ans) cet

il a fait du Diamant la pépite que l’on connaît, vendue à ses fils en 2006. Un cadeau ? L’avenir le dira. Pour l’heure, Jean, le cadet, et Olivier l’aîné, poursuivent l’aventure. Une ori- ginalité dans le monde de la nuit où les boîtes se font aussi vite qu’elles se défont. “Je ne les ai pas poussés” répète le père. Les deux garçons, baignés dans l’ambiance, ont pris leur déci- sion en âme et conscience. De Morteau à Maîche, en pas-

Le Diamant bleu : une saga familiale.

établissement en 2006. Une institution, une réputation, que les gar- çons doivent - désormais - assurer. “J’ai choisi de partir lorsque les clients commençaient à me vou-

sant par Orchamps- Vennes, Pierrefontaine- les-Varans, Charque- mont, Valdahon…, ils sont nombreux dans le Haut-Doubs, garçons et filles, à avoir noué un lien

économique. C’est un tout” admet Jean, le cadet, sommelier de for- mation. N’empêche : le Diamant est réputé pour être une des boîtes de nuit où l’on consomme le plus de bouteilles dans une soirée. Combien ? Les responsables ne voudront pas évoquer de chiffre. Logique : question de concur- rence et inciter à consommer de l’alcool est interdit. Toujours est-il que l’établissement qui peut accueillir jusqu’à 900 per- sonnes maximum a vu la “conso”

diminuer. “Ce n’est plus les mêmes chiffres comparés aux années 80-90.” Les “bûcherons” du Haut ont-ils disparu ? Non. Disons simplement “que l’écart entre des boîtes de Besançon et la nôtre tend à diminuer en terme de consommation” explique Jean. La fréquentation - toujours for- te - a néanmoins baissé en 2008 puis chuté en janvier 2009. Contrairement aux idées reçues, la fin du Monte Cristo 2, boîte concurrente, n’a pas servi au

Diamant. De cette bagarre com- merciale, “Pierrot” ne préfère pas en parler : “Un concurrent à 5 km, je l’ai mal vécu” avoue- t-il. Son fils est plus nuancé : “ Ç a faisait bouger le coin. Les jeunes allaient là-bas et nous, nous avions une clientèle plus âgée.” Les deux frangins réfléchissent à l’idée de créer une salle réser- vée aux personnes de plus 25 ans. À suivre. Trente de vie pour une boîte de nuit, c’est assez rare mais le père nuance aus-

si vite : “Nous vivons avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête ! Le fait divers du début d’année - le seul à l’arme blanche depuis que nous existons (une personne a donné un coup de hachoir sans véritables raisons à deux autres individus. Il a été condamné à cinq ans de prison) nous a causé beaucoup de tort…” Bref, la vie d’une boîte tient à peu de chose. Celle du Diamant tient à une : l’ambiance bon enfant. Pourvu que ça dure… E.Ch.

“Ce fait divers a causé du tort”

avec le lieu. Certains se sou- viennent d’avoir vu des fêtards arriver en tracteur, d’autres dor- mir à même la neige… Des ins- tants de vie qui ont bien chan- gé : “Les mentalités évoluent. Les gens font un peu moins la fête : il y a les contrôles routiers, l’interdiction de fumer, la crise

voyer… Je n’étais plus dans le coup” dit le papa, au départ agri- culteur. Une fois ses vaches vendues et sa ferme transformée en dis- cothèque et restaurant, il s’est lancé dans ce défi : faire vivre sa famille du monde de la nuit. C’était en 1981. Parti de zéro,

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