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Lesrumeursde lastations’estompent, laissant peu à peu place au son de nos pas crissant sur la neige à un rythme régulier. Le silence, enfin !

Combes, l’un des endroits les moins peuplés du Jura, c’est son relief plein de sensualité, délicatement modelé, tout en creux et en bosses. C’est sans grosse dénivellation et cela ne nécessite pas de grandes capacités physiques » , détaille Claire Bonnevillle. Elle pointe du doigt, à notre droite, à l’est, les sommets à plus de 1 600 m des monts Jura (Colomby de Gex, crêt de la Neige…), situés au-delà de la vallée de la Valserine – vallée que l’on distinguera à peine tout au long de notre périple. L’itinéraire alterne entre grands espaces ouverts et forêts d’épicéas, dont les branches semblent décorées de sucre glace. Le terrain de jeu desmontbéliardes Défrichéesdès lehautMoyenÂgepar lesmoinesde l’abbaye deSaint-Claude, lesHautesCombes, où lanaturedes sols et les conditions climatiques extrêmesnepermettent pas l’agri - culture céréalière, sont essentiellement vouées à l’élevage : des vaches laitières qui donnent comté, bleus de Septmon - cel ou de Gex, morbier… Dès le printemps, c’est un paysage dignedesgrandesprairiesaméricaines, lorsque lavégétation explose, avec les alpages qui ondulent à l’in ni, tachetés de violet, de jaune, debleu, tapissésde campanules, d’orchidées et degéraniumssauvages…Enhiver, lechangement dedécor est total. Les montbéliardes restent bien au chaud dans les étables. Le lait est parfois amené par tracteur jusquedans les fruitières (fromageries) des environs. Une vie qui devait être bien rude, jadis, dans ces fermes isolées. « L’hiver, il fallait que les paysans trouvent d’autres ressources que le fromage, d’où l’émergence d’un artisanat typiquement jurassien, entre les lapidaires, ces tailleurs de pierres précieuses, les fabricants de pipes ou les layetiers – fabricants de co res – qui utili- saient le bois local » , rappelle Claire Bonnevile. La nuit tombe vite en ce mois de février. La température encore plus : -15 °C indique notre smartphone. Nous n’avons e ectué qu’unedizainede kilomètres, mais nos doigts, pour - tant bien protégés par d’épais gants, sont tout endoloris par le froid. C’est dire notre soulagement quand nous voyons se dresser, derrière une crête, le hameau desMolunes et le gîte d’étape La Vie Neuve* installé dans une ancienne mairie- école, dont les chambresendortoir sont assez rudimentaires. Quelle chaleur pourtant, cesoir-là, dans la sallede restaurant ! Quel plaisir de déguster, attablé avec une dizaine de randon - neurs, une raclette à base de fromages franc-comtois et de savourer au coin du feu unmacvin du Jura. Depuis la fenêtre dudortoir, aumoment de se coucher, uneétrange lueur oran- gée parvient jusqu’à nous, de l’autre côté de la chaîne juras - sienne : ce sont les lumières de Genève ! Le lendemain, à l’aurore, notreguidenous annonceque les conditionsmétéo sont bonnes pour partir –même si le ciel n’est pas très bleu. Savourer unmacvin du Jura pour se réchau er

ClaireBonneville-Devillers, guide du périple, s’occupe aussi du côté promotion et commercialisation de la GTJ.

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