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se faire plaisir 20

Rencontre avec… Jane Birkin

Chanteuse, actrice, elle fait partie de nos vies depuis des décennies, mais pour la première fois, elle se découvre vraiment. Jane Birkin publie son journal intime 1 , adressé àMunkey, son singe en peluche. Un livre percutant, drôle et touchant, écrit à la pointe de son délicieux accent. Propos recueillis par Marie-Christine Luton « Je dois beaucoup aux autres »

aussi. Baby Alone in Babylone, Love Song, Amour des Feintes sont de très belles chansons. Dans les premiers albums, je suis la créature que Serge voulait que je sois et que j’étais en partie aussi, un peu drôle, sexy, il me semble que j’étais une interprète comme il fal- lait. Et puis les trois films de Jacques Doillon, La Fille prodigue, La Pirate, Comédie !, les deux films avec Agnès Varda, les trois films avec Jacques Rivette, Daddy Nostalgie de Bertrand Tavernier. Il y en a une dizaine dont je suis fière. Lorsque la cinémathèque a fait une rétrospective, j’étais surprise de voir qu’il y avait tout demême quelques films pour lesquels je pouvais garder la tête haute. Mais j’ai un problème avec ma voix, mon accent. Il y a pasmal d’allusions au temps qui passe, dans votre journal. Quel rapport entretenez-vous à l’âge ? J’ai complètement oublié les histoires d’âge. À l’hôpital, Il fallait juste essayer de s’en sortir, il y a quatre ans, ce n’était pas une question d’être coquette, plutôt deme débrouiller avec lamort de Kate, tout cela. L’âge… Il faut juste que j’essaie d’être plus gaie avec mes filles, comme dans le temps. Justement, on sent tout au long du livre que votre sentiment maternel est très développé. Quel genre demère et de grand-mère êtes-vous ? Comme mère, je pense que j’étais vrai- ment très bien lorsqu’elles étaient

Vous parlez de vos parents 3 . Qu’estimez-vous avoir appris d’eux ? J’aimerais dire que j’ai appris beaucoup d’eux. Le regard vers les autres demon père qui était officier de probation et donc qui avait un regard social. Et j’ai- merais être stoïque comme ma mère, magnifique, ne se plaignant jamais. Je n’ai pas cette qualité autant qu’elle. Elle disait : souris, le monde sourit avec toi, pleure, et tu pleures toute seule. Elle avait terriblement raison. J’espère que j’ai pu garder un petit peu d’eux enmoi. Ilsmemanquent. Vous paraissiez très traditionnelle dans votre enfance. Après, vous êtes devenue plutôt anti-conventionnelle… Oui, mais à cause des personnes que je fréquentais. Peut-être que si j’étais res- tée enAngleterre, mariée à JohnBarry, avecdesenfants, j’aurai été très conven- tionnelle. Je ne sais même pas quel métier j’aurais pu faire. Je ne sais pas si j’auraisosésuivre les tracesdemamère, jen’auraispaspu fairedeschosesosées, j’aurais choquémon père, sa famille. La Franceétait unpaysde liberté, jenepen- sais pas du tout qu’on entendrait parler demoi enAngleterre. Avec Je t’aimemoi non plus, c’est la première fois que jeme suis rendu compte que les choses pou- vaient traverser leChannel.

Pourquoi avoir choisi de publier votre journal intime ?

Lorsque j’étais trèsmalade 2 , mon amie Gabrielle Crawford est venue m’aider, et elle a commencé à retranscriremes carnets. J’ai écrit ces confidencesdepuis l’âge de11ans. Jeme suis dit que c’était lemoment de faireentendremaversion alors que plusieurs livres avaient déjà étépubliéssur SergeGainsbourgetmoi. Vous vousmettez vraiment à nu. La décision de publier n’a-t-elle pas été trop dure à prendre ? Si, eneffet, cela fait envie et unpeupeur à la fois. Pas tellement pour le “nudisme” de l’affaire, mais plutôt pour la person- nalité qui se dévoile. C’est un journal, pas un livre autobiographique. Ce sont des sentiments livrés sur lemoment. Vous insistez sur votremanque de con ance en vous, votre jalousie, votre envie de plaire…Ces sentiments ont-ils disparu avec le succès ? Oui, j’ai pu faire les choses qui me plai- saient. Les concerts, j’en suis très fière, mais derrière, il y avait les paroles et les musiques de Serge, je les lui dois. Et aussi, si j’ai pu jouer au théâtre dans La Fausse Suivante, deMarivaux, c’est grâce à Patrice Chéreau qui m’a mise en scène. Je dois beaucoup aux autres. J’essaye d’être à la hauteur de ce qu’ils espèrent. Laconfiance, je l’avais comme maman jusqu’à lamort dema fille Kate. Depuis je ne l’ai plus.

Quel regard portez-vous sur votre carrière 4 ?

Il y a une dizaine de films vraiment bien. Il yaprobablement unedizained’albums

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