DET_216_2019_05_23

On dit parfois que les aiguilles de Bavella font peur. Ce n’est pas faux car la rangée de tours ver- tigineuses qu’elles imposent au regard quand on monte depuis Sartène n’invite à l’exploration que les baroudeurs en quête de sites « forts ». Et si on arrive par la route étroite, sinueuse et défoncée de Solenzara, le coup d’œil est encore plus vertigi- neux, car c’est en contre-plongée qu’on découvre lEs aiguilles De bavElla (étape 15)

Michel Cavalier / hemis.fr

les falaises où des pins se sont accrochés, comme pour donner une échelle aux abîmes. En réa- lité, ce n’est qu’une illusion d’optique : l’approche des tours ne présente aucune difficulté. Au col de Bavella, randonneurs et touristes se retrouvent devant la statue de Notre-Dame-des-Neiges, au pied de laquelle brûlent des dizaines de bougies, dans des coupelles de matière translucide rouge. Sommes-nous donc si nombreux à nécessiter une protection céleste? En dehors des randonneurs à gros sacs et des grimpeurs chargés de cordes, baudriers et mousquetons, presque personne ne s’enfonce dans le sous-bois où s’alignent les marques du GR20. Ce dernier ne s’engage pas dans les Aiguilles, mais en fait le tour. Il existe pour cela une « Variante alpine » que le topo-guide pré- sente ainsi : « Cet itinéraire est plus sportif que le GR et comporte un passage rocheux. » Concrètement, on prévoira une marche de 6h30 à 7heures, dont Cette Variante alpine donne accès aux voies d’es- caladequi ont offert auxaiguillesdeBavella leurs lettres de noblesse dans le monde de la grimpe. Pas pour leur altitude, bien sûr : la Punta Alta (dite aussi « Tour VI », comme les sommets himalayens) culmine à 1855 m; mais pour la difficulté technique. Dès les premiers raidillons de la Variante, le regard est attiré par de grands panneaux indicateurs rivés au pied des parois : chacun indique le départ d’une voie d’escalade, avec son nom. Pour le randonneur sans prétention, le paysage est tout simplement sublime, très différent selon le côté qu’il contemple. À l’est, c’est la vallée profonde au pied des à-pics de la Punta di San Gio Agostino, et à l’ouest, une longue croupe nue, desséchée qui s’élève vers le Monte Incudine (2134 m) dont le GR20 fait l’ascen- sion, facile. Le sentier présente quelques passages qui exigent « qu’on y mette les mains » pour des- cendre parmi les rochers : un passage est même facilité par une chaîne. Enfin, comme on arrive face au Monte Incudine, le sentier plonge vers la vallée de l’Asinao, en une descente longue et facile dans le maquis puis la pinède. Ayant rejoint le GR20, on le prendra sur la gauche pour revenir au col de Bavella en contournant le massif par son pied. 3 heures pour traverser les Aiguilles. TERRITOIRE DES GRIMPEURS

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La question n’est pas tant de trouver le chemin que d’éviter les soucis de logistique. L’hébergement dans les refuges saturés est en effet un problème signalé par de nombreux randonneurs. Confier le soin de l’organisation de la traversée à une agence spécialisée ou s’inscrire dans un groupe avec un guide local sont de bonnes alternatives pour éviter toute mauvaise surprise. Le guide est aussi celui qui vous expliquera le pays et sa nature et transformera cette randonnée sportive en véritable voyage.

Une bonne adresse : corsica-aventure.com

www.detoursenfrance.fr / Juin 2019 / 216

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