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JEAN-MARC IDIR : PE IN T RE MÉD I TAT I F

Il est venu pour la lumière. Dans les années 1990, Jean-Marc Idir s’est installé en Corse pour la palette chaude des couleursméditerranéennes qui caractérisent si bien ses œuvres. « J’étais aussi attiré par ce que je pensais être une absence de tradition picturale. J’aimais l’idée de peindre une terre vierge. » Une vision vite démentie sur place quand cet ancien élève de Philippe Lejeune découvre Corbellini ou Frassati, des peintres corses qui ont émergé dans l’entre-deux-guerres. Matisse et Signac, éblouis par la lumière d’Ajaccio, y ont aussi posé leurs chevalets. Dans leur sillage, après quelques années en Balagne puis à Bonifacio, Jean-Marc Idir a installé son atelier rue Bonaparte puis rue Napoléon. « Mon vrai atelier est dans les rues de la vieille ville. Je peins sur le motif, explique celui qui peut inlassablement se poster au même endroit avec sa palette et son pinceau, pour en capter toutes les nuances. Cela incite à une peinture méditative. » À côté de chez lui, rue Saint-Charles ou place Foch, il réalise un travail d’abstraction où coulent des ocres et des bleus et saisit l’enjôleuse Ajaccio dans ce qu’elle a de charnel. Dans la cité impériale, il a posé son regard sur la Maison Bonaparte. En 2010, il a disséqué son anatomie en multipliant les cadrages, les angles de vues et les perspectives sur des formats verticaux. Une redécouverte de l’emblématique demeure.

Ces dernières années, Jean-Marc Idir s’est passionné pour un autre objet patrimonial de la ville : la cathédrale d’Ajaccio. Dans la pénombre d’une des chapelles trône La Vierge du Sacré-Cœur . « La peinture a été envoyée en Corse en 1827 sous le nom de Géricault. L’évêque de Nantes avait commandé l’œuvre au maître en 1821, mais ce dernier en avait secrètement confié l’exécution au jeune et méconnu Delacroix. Le tableau fut refusé pour des raisons théologiques, expédié à Ajaccio pour être accroché dans la cathédrale et renommé Le Triomphe de la religion . Ce n’est qu’en 1930 que Delacroix sera reconnu comme l’auteur du tableau », explique le peintre, qui a consacré, en 2015, un ouvrage à cette histoire rocambolesque.

La Galerie : 27 cours Napoléon, 20000 Ajaccio. 0495214747. Ouvert du lundi au samedi, de 10 h à 12 h et de 15 h à 19 h.

www.detoursenfrance.fr / Juin 2019 / 216