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48 À PARTIR DE AJACCIO

du port, cap au nord. Notre embarca- tion longe le promontoire rocheux où se dresse la tour génoise de Porto. Notre imagination vagabonde au xvi e siècle, quand des assaillants venus de la mer approchaient ces tours de défense hérissées sur tout le littoral corse. La côte n’est ensuite qu’une succession de falaises entaillées çà et là de grottes et de criques. La rhyolite rouge de Scan- dola a cédé la place à un granite alcalin rose. Nous poussons notre canoë à l’in- térieur d’une faille étroite, dont la voûte veinée de roche sombre évoque une nef d’église. Les voix résonnent dans cette anfractuosité longue de quelques dizaines de mètres, aux parois lisses et humides. Au fond, dans l’obscurité la plus totale, le couloir s’élargit et auto- rise un demi-tour. De retour à l’air libre, nous nous faufilons entre les rochers à fleur d’eau tachetés d’arapèdes avant d’atteindre des criques désertes tapis- sées de galets multicolores. Puis c’est la plage de Bussaglia. Le charme s’évanouit un peu : elle est accessible en voiture. Nous retournons vers Porto. Les rameurs aguerris et sportifs pour- ront manœuvrer leur embarcation, pendant plusieurs heures, jusqu’aux >

Dans les calanche de Piana, les nombreuses sculptures naturelles des rochers, tantôt empreintes de poésie, tantôt inquiétantes ou étranges, réveillent l’imagination des randonneurs, qui les admirent depuis la route, sur la corniche ou par des sentiers, entre maquis et pins.

calanche de Piana, au sud, mais la route et les sentiers offrent une meil- leure approche de ce site… « ROADTRIP » DANS LE PAYSAGE FANTASMAGORIQUE DES CALANCHE « C’étaient des pics, des colonnes, des clochetons, des figures surprenantes modelées par le temps, le vent ron-

geur et la brume de mer. Hauts jusqu’à 300 mètres, minces, ronds, tordus, cro- chus, difformes, imprévus, fantastiques, ces surprenants rochers semblaient des arbres, des plantes, des bêtes, des monu- ments, des hommes, des moines en robe, des diables cornus, des oiseaux démesu- rés, tout un peuplemonstrueux, uneména- gerie de cauchemar pétrifiée par le vouloir de quelque Dieu extravagant. » Dans le sillage de Maupassant qui s’émerveille devant les calanche de Piana dans Une vie, en 1883, de nombreux voyageurs parcourent la route D81 à l’affût des formes étranges de ce paysage de pierre surplombant la mer. Une brochure édi- tée par l’office du tourisme référence même ces sculptures naturelles tandis que la mise en place d’une circulation alternée en haute saison favorise la

À quelques kmde Piana, le Capo Rosso qui ferme les calanche et le golfe de Porto, s’élève à 331 m au-dessus de la mer. À son sommet, domine la tour génoise de Turghiu, construite en 1608.

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