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64 À PARTIR DE BONIFACIO

times puis les pins laricio élèvent désor- mais leurs colonnes végétales. Puis c’est le col de Bavella, à 1200 m. Un paysage dramatique et pictural, dominé par une muraille de granite dentelée de pics et baignée de brume. Au premier plan, des pins laricio tordus par le vent, aux branches supérieures si plates qu’ils ressembleraient presque à des bonsaïs géants. Le site reste très fréquenté pour sa beauté, le passage du GR20 et l’accès, au terme d’une bonne heure de marche au sud-est, au Trou de la Bombe, une spectaculaire cavité de huit mètres de diamètre, creusée dans la roche et lévi- tant à 500 mètres au-dessus d’un ravin. L’autre grand site naturel de l’Alta Rocca, le plateau du Coscione, est plus sau- vage, suspendu entre les montagnes à l’ouest. Pour le rejoindre depuis Zonza, il faut se rendre à Quenza puis emprunter une route plein nord vers l’ancien refuge de Bucchinera. Le haut plateau débute ici. Nous poussons plus loin, à 1600 m d’altitude, jusqu’à la bergerie de Chiral- bella où Georges Mary et Justine Tau- vel, sa compagne, achèvent leur saison sur l’estive. Le décor est lunaire : une herbe rase, des aulnes nains, du genêt rampant, quelques érables et des val- lons dessinés par les blocs rocheux qui >

Balade à cheval sur le plateau de Coscione, autour du Castellu d'Ornucciu (1745 m) avec Justine Tauvel, professeure du centre équestre. En haut à gauche, un taffoni, rocher dont l'érosion a créé une cavité, et qui servait d'abri aux bergers. En bas,

vue sur les aiguilles de Bavella.

de chêne ou d’arbousier, présente sur les meilleures tables de la région. Georges laisse vaquer ses bêtes sur le plateau et ne les enferme pas dans un enclos la nuit. « Il n’y a pas de loups en Corse », rap- pelle l’éleveur qui travaille avec un chien de garde et un chien de conduite. BALADE ÉQUESTRE AUMILIEU DES POZZINES Le cheval est aussi le complicedes ber- gers sur ces terres isolées : Georges et Justine, qui est professionnelle du tourisme équestre, ont eu l’idée de pro- poser des balades à dos de canasson. Sur des Mérens, des petits chevaux des Pyrénées aux pieds sûrs, nous sui- vons le couple et leurs amis cavaliers, parmi le dédale de rochers. Au loin, des chèvres, taches blanches et mouvantes, crapahutent sur les reliefs. Muzzasca est la première curiosité de notre pro- menade : un vaste abri-sous-roche qui servait de bergerie. Plus loin, nous voilà

affleurent à perte de vue. « Mi-juillet, à la fin de la traite, j’emmène ici ma centaine de brebis,mes chèvres etmes vaches à viande. Nous sommes encore quelques bergers à perpétuer le pastoralisme sur cette terre ancestrale de transhumance », explique Georges Mary. Il vit et fabrique près de Sartène une tomme de brebis (ou de chèvre) à la pâte pressée, fumée au bois

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