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La plus italienne des villes corses a naturellement le goût du baroque. Sa cathédrale, ses églises, ses oratoires vampent le visiteur par leurs dorures en stuc, leurs peintures en trompe-l’œil et leurs façades ostentatoires. Ces lieux sacrés murmurent aussi des légendes qui ajoutent au charme de cette ancienne capitale artistique au xvii e siècle. Promenade à Bastia sous le signe du baroque. T E X T E D E F L O R E N C E D O N N A R E L – P H O T O G R A P H I E S D E G I L L E S L A N S A R D B A S T I A C I T Y B R E A K

La chapelle de l’église Sainte-Croix est décorée d’un superbe plafond à caissons d’époque Renaissance. U Cristu Negru, le Christ noir, placé dans la niche au-dessus de l’autel, a été trouvé en mer par deux pêcheurs, en 1428 et est, depuis, célébré chaque année par les Bastiais.

La nef principale de l’église Sainte- Croix et son intérieur baroque.

L’airmarins’engouffredans lesruelles en damier de la citadelle de Bastia. Entre ses maisons aux persiennes vertes, elle abrite le palais des Gou- verneurs et la cathédrale Sainte-Marie, reconnaissable au loin à son clocher rose. À la fin du xv e siècle, les Génois bâtissent ce quartier sur un promontoire rocheux dominant lamer et déjà défendu par une place forte. L’art baroque s’épa- nouira un siècle plus tard entre les rem- parts de la citadelle avant d’essaimer dans le quartier des pêcheurs de Terra Vecchia, autour du vieux port, et dans le nord et l’est de la Corse. UN ANCIEN SIÈGE ÉPISCOPAL Au cœur de la ville bastionnée, la cathédrale Sainte-Marie est le ber- ceau du décor baroque. Sur la place où se dresse sa façade immaculée et ornée de pilastres, difficile d’imaginer qu’eut

lieu la dernière exécution d’un bandit corse. André Spada, surnommé le « ban- dit de Dieu », y fut guillotiné en 1935. Les Bastiais qui assistèrent à la scène trempèrent-ils un mouchoir dans le sang du supplicié comme c’était la coutume autrefois pour se porter chance? À l’inté- rieur de la cathédrale édifiée entre 1604 et 1619, se déploient frous-frous dorés, trompe-l’œil et marbres polychromes pour séduire les fidèles. Une curiosité attire aussi le regard de part et d’autre du chœur. Suspendus aux tringles des voûtes, sept chapeaux d’évêques (qui reposent dans la crypte sous le maître- autel) rappellent que Bastia fut un siège épiscopal jusqu’au Premier Empire. Après cette entrée en matière, il faut

porter ses pas derrière la cathédrale pour découvrir l’oratoire de la confrérie de Sainte-Croix, un bijou de l’art baroque tardif et un lieu inspirant, même pour un profane. « Il existe une soixantaine de confrériesenCorse, regroupant des laïcsde la communauté catholique autour d’œuvres sociales. Elles constituent un ciment de notre société. Historiquement, les pénitents blancs de Sainte-Croix se consacraient

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Sylvie Casalta, guide du patrimoine.

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