DET_216_2019_05_23

BASTIA

72

ligure dans l’Île jusqu’en 1768, à deux exceptions près, a donné son nom à la ville. Il abrite désormais le Musée de Bastia. On distingue bien dans l’épais- seur et le crénelage de ses murs, et bien sûr, dans la présence du pont-levis, la forteresse originale. Un enduit ocre, un cadran solaire et un clocher orné de volutes rococo embellissent toutefois sa façade principale. Depuis les hauteurs de la place du Donjon, devant le palais des Gouverneurs, l’« autre Bastia » s’offre à la contemplation comme un tableau. PATRIMOINE AUX REFLETS ITALIENS Au premier plan, autour du vieux port : le quartier de Terra Vecchia, un vieux bourgdepêcheurshabitéparlesCorses à l’arrivée des Génois, aujourd’hui truffé d’immeubles aux toits en lauze scintillant de gris. La monumentale église parois- siale de Saint-Jean-Baptiste, la plus grande de Corse, y crève le ciel avec une façade baroque jaune tendre encadrée de deux clochers. Plus loin, le port de commerce et ses ferries géants à l’abri d’une longue jetée accrochent le regard avant qu’il ne se perde sur les premiers reliefs du Cap Corse. Les jardins Romieu, bouquets de pins parasols et d’arbres de Judée, font le lien entre la ville haute et la ville basse. Cette dernière corsète entre ruelles et escaliers, des maisons hautes zébrées de gouttières et bariolées de linges aux fenêtres. Quelques-unes ont fait l’objet de rénovations tandis que les autres affichent les signes du temps qui passe et d’une Histoire fastueuse. Rue du Pontetto, notre guide nous invite à lever les yeux sur un portone , un portail de maison taillé dans une pierre noble et sculpté en forme de diamant. « Au xvi e et surtout au xvii e siècle, des notables corses et génois ont investi ce quartier. Ce type d’ornement signale les anciennes demeures des négociants ou des tan-

Dans la citadelle

érigée par les Génois à la fin du xiv e siècle, la place du donjon abrite l’ancien palais des Gouverneurs bâti au xv e et xvi e siècles. Devenu le Musée de Bastia en 1952, il est classé monument historique depuis 1977.

>

Christ noir. Chaque année, le 3 mai – jour de sa découverte – les marins de la ville portent le Christ noir lors d’une proces- sion dans les ruelles de la citadelle. QUAND BASTIA ÉTAIT UNE BASTILLE De retour dans la rue, l’étourdisse- ment face à tant d’effets décoratifs se dissipe dans la lumière crue. Nous rejoignons le palais des Gouverneurs, ancienne bastillemilitaire et civile érigée par les Génois sur le site d’une première place forte datant de 1380. Le bâtiment nommé « a bastia », siège du pouvoir

aux soins des malades », explique Sylvie Casalta, guide-conférencière, membre de l’association Via Corsica qui nous accompagne. Sainte-Croix, la plus vieille confrérie de Bastia, fait ériger cet ora- toire en 1543, sur un terrain appartenant à la basilique Saint-Jean-de-Latran. Une filiation toujours affichée par la présence des armes pontificales sur l’autel et le camail des confrères. Dès l’entrée dans cet édifice de taille modeste, le visiteur est saisi par le foisonnement d’orne- ments en stucs dorés sur les murs et les voûtes, évoquant le vol gracieux d’une escadrille d’oiseaux. Du pur style rocaille du xviii e siècle, période où les décors furent réalisés pour rénover l’oratoire endommagé par les bombardements de la flotte anglaise en 1745. Le pouvoir de séduction de l’oratoire repose aussi sur la présence du Très Saint Crucifix des Miracles. Selon la légende, en 1428, des pêcheurs intrigués par une lumière surnaturelle au large de Bastia, remon- tèrent dans leur filet ce crucifix avec un

>

Le jardin Romieu, aménagé à la fin du xix e siècle sur le coteau de la citadelle, offre une vue des plus magnifiques sur le vieux port et descend en terrasses jusqu’à la mer.

216 / Juin 2019 / www.detoursenfrance.fr

Made with FlippingBook flipbook maker