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74 CITY BREAK BASTIA

du Parlement. Plus loin, l’oratoire Saint-Roch appartient à une confré- rie traditionnellement réservée aux adolescents de la paroisse de la ville basse. Derrière une façade néoclas- sique redécorée au xix e siècle, l’oratoire date de 1604. Sur le tableau du maître- autel signé par le peintre maniériste et baroque florentin Giovanni Bilivert, figurent, entre autres, saint Roch et saint Sébastien, des saints antipesteux. L’EMPREINTE DU STYLE BAROQUE « Alors que la peste noire a ravagé la Corse aux xiv e et xvi e siècles, leur protec- tion est très recherchée. Saint Roch est toujours perçu comme celui qui éloigne le mal. C’est pour cela que chaque année, le 16 août, jour de sa fête, des petits pains bénis sont distribués aux fidèles à l’issue de la messe. Ils ne sont pas consommés mais conservés pour éloigner du foyer maladie ou calamité naturelle », explique Sylvie Casalta. Et d’ajouter que les superstitions sont toujours très ancrées dans la société corse d’origine rurale. « Deux époques ont marqué le patri- moine de la ville, conclut notre guide. Le xvii e siècle, avec un rayonnement culturel et artistique porté par un art baroque flo- rissant et le xix e siècle, quand l’industriali- sation et le trafic portuaire enrichissent la cité. » Au bout de la rue Napoléon, sur la vaste place Saint-Nicolas ombragée de platanes, débute ce Bastia du xix e siècle. Une génération d’entrepreneurs y a fait bâtir de fastueuses demeures comme à l’angle sud, le palais Roncajolo inspiré des palais toscans du xix e siècle. Une réinterprétation du baroque? ‡

Sur la place Saint-Nicolas, l’une des plus grandes de France et lieu très animé de la ville, trône une colossale statue de Napoléon en costume d’empereur romain. La descente de la Gabella et la façade de la rue du Pontetto, dans les quartiers anciens.

curieux décèlera, au-dessus des devan- tures de magasins, quelques statues votives incrustées dans des niches. Deux oratoires de confréries s’élèvent dans la rue. Un « risseu », mosaïque de galets polychrome, décore le parvis de l’oratoire de l’Immaculée Conception achevée en 1609 et plusieurs fois rema- niée. « Un décor typiquement ostenta- toire importé de Ligurie », souligne notre guide. Dans cet oratoire à la décoration précieuse, entre les murs tendus de damas de soie rouge, a résonné God Save the King . Lors du bref avènement d’un royaume anglo-corse, entre 1794 et 1796, la chapelle accueillit le siège

neurs, nombreux à l’époque à Bastia », explique Sylvie Casalta. Tout près, rue des Terrasses, une émouvante œuvre maniériste se cache dans le vestibule de l’ancien palais de la famille Castagnola, d’origine ligure. Derrière la lourde porte en bois d’un immeuble désormais sans fard, des décors peints au début du xvii e siècle ornent les plafonds de l’en- trée et annoncent l’arrivée du baroque. Vue de la ville italienne de Lorette, scène de tauromachie illustrant les jeux orga- nisés à Sienne, Rome et Venise… Les fresques racontent l’Italie. LA RUE AUX DEUX ORATOIRES Dans le prolongement de la rue des Terrasses, la rue Napoléon est une agréable rue piétonne où cohabitent religion et commerces. Le visiteur

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Rue Napoléon, le parvis de l’oratoire de l’Immaculée Conception est un « risseu », une mosaïque de galets polychrome représentant un soleil.

216 / Juin 2019 / www.detoursenfrance.fr

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