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Vus du lac de Capitello, le plus profond avec ses 42 m, le lac de Melo, qui donne naissance à la rivière Restonica, un affluent du Tavignano, et la crête du monte di Giovan Paolo.

quelques-uns des plus beaux lacs de montagne corses. C’est le terrain de jeu d’Antoine Orsini, hydrobiologiste et enseignant à l’université de Corte qui nous accompagne au cœur de ce mas- sif de granite. « Nous sommes dans une vallée en U creusée par les glaciers », explique l’expert alors que nous com- mençons notre marche depuis les ber- geries de Grotelle, à 1370 m. Sur les dalleset les rochersdegranitequi ponc- tuent la montée, il désigne les surfaces polies et les stries en forme de coup de cuillère qui témoignent du travail d’érosion des glaciers. « Plus bas, dans les gorges, là où la fonte des glaces s’est arrêtée, la vallée adopte une forme en V typique d’un creusement par la rivière », poursuit-il. Cette rivière, c’est le torrent

Corse indépendante de Paoli. C’est aussi ici que l’homme fort de l’Île installa en 1765 l’université de Corse. Fermée quatre ans plus tard, après la défaite des patriotes corses à Ponte Novo, elle ne rouvrit qu’en 1981. Aujourd’hui, de septembre à juin, environ 4700 étudiants (près des deux tiers de la population de la ville) insufflent un vent de jeunesse dans les rues de la ville basse de Corte, écrivant une nouvelle page de l’Histoire. LE CACHET GLACIAIRE DES LACS D’ALTITUDE DU CORTENAIS Au sud-ouest de Corte, la route bar- dée de grands pins qui emprunte les étroites gorges de la Restonica débouche sur une vallée d’altitude, point de départ d’une randonnée vers

de la Restonica, alimenté par les lacs de Melo et Capitello, le fil d’Ariane de notre ascension. Des genêts piquants et des genévriers rampants ondulent au sol tandis que les pampilles rouges des sorbiers des oiseleurs distillent leurs notes colorées dans le paysage. Quelques vaches se promènent encore sur ces pâturages d’été. « Les lacs se sont formés avec le retrait des dernières glaces, il y a 10000 ans, éclaire notre spécialiste. La plupart des lacs corses sont nés du surcreusement des glaciers au moment où ils rencontrent une roche plus dure. » C’est le cas de Melo que l’on découvre après avoir franchi une barre de granite, à 1711 m. Enchâssé dans la montagne, il scintille des reflets verts des arbustes qui dévalent des pentes. « Les lacs se comblent à cause du gravier et du sable charriés par la pluie et la fonte des neiges, commente Antoine Orsini. L’évaporation provoquée par le change- ment climatique accentue le phénomène. Des bancs finissent par émerger au bord des lacs, colonisés par la végétation. Ce sont les pozzines. » Sur la rive droite du lac, nous observons ces pelouses de velours vert, imbibées d’eau et criblées d’aulnes odorants. Le torrent Restonica sillonne la captivante vallée, creusant des piscines naturelles, et croise d’anciennes bergeries et des coteaux de pins laricio.

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www.detoursenfrance.fr / Juin 2019 / 216

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