DET_216_2019_05_23

Dans la forêt de Verghellu, entre les villages de Vivario et Venaco, la pointe de Cervello (1075 m) domine le bas de la vallée.

grumes. Il est loin le temps où Pascal Paoli exploitait les peuplements de pins laricio pour constituer une flotte navale afin de lutter contre les Génois. LA GUERRE DU FEU… Dans quelques semaines, Antoine débutera l’annuelle opération de mar- telage. Pour assurer la pérennité de la forêt, il marque les arbres dont l’abat- tage favorisera, en leur donnant plus d’espace, le développement des individus les plus vigoureux. « Demanière générale, nous avantageons le laricio, pour sa valeur économique potentielle. D’autant plus que le pin maritime est menacé par une coche- nille, le matsucoccus, présente en Haute-

redonner vie à la châtaigneraie, l’utiliser pour les animaux ou la confier en exploita- tion à un particulier. » Les fûts s’écrasent sur le sol, dans un bruit sourd, amortis par le tapis d’aiguilles de pins. « Le bûche- ron va les ébrancher sur place, puis les grumes et les rémanents récoltés seront broyés pour fabriquer des plaquettes qui alimenteront les chaudières à bois. Alors que ces pins ont toutes les qualités pour la construction, ils finissent comme bois de chauffe », se désole Antoine Paolacci. À cause des difficultés d’accès à la forêt et au coût élevé du transport lié à l’insu- larité, la filière bois n’est pas suffisam- ment développée en Corse pour offrir les meilleurs débouchés économiques aux

Un bois noble, avec un fût solide et bien cylindrique, peu de branches, une belle rectitude… Ce n’est pas pour rien qu’on l’utilisait dans le passé comme mât de navire. » Ce pin noir endémique de Corse peut atteindre jusqu’à 50 mètres de haut et affectionne, au-delà du royaume du chêne vert, l’étage de la forêt situé entre 800 et 1500 m. Le pin maritime, que le néophyte peut confondre avec le pin lari- cio, se distingue, lui, par son tronc cuivré, ses pommes plus grosses et son terrain d’épanouissement qui ne dépasse pas les 800 m. Le ronronnement bruyant d’une tronçonneuse fend l’air et nous tire de notre leçon sur les arbres. Antoine Paolacci, chargé de la surveil- lance de la forêt et du suivi de son exploi- tation, est présent pour assister à une opération de coupe plutôt inhabituelle. La mairie de Venaco, propriétaire de la forêt du Verghellu, a souhaité réhabiliter une châtaigneraie de sept hectares. « Les pins laricio et maritimes sont des espèces colonisatrices qui ont peu à peu étouffé cet ancien verger. En coupant certains pins, on va dégager la châtaigneraie et lui permettre de se développer à nouveau », explique le forestier. « C’est notre patrimoine que nous revalorisons, ajoute David Piferini, chargé des espaces naturels à la mairie de Venaco. Autrefois, chaque famille du village possédait quelques arbres ici. Nous voulons

>

La forêt de Verghellu est surveillée par des agents de l’Office national des forêts, dont la mission est d’entretenir, protéger et développer les sites forestiers. La préservation du pin laricio

et la lutte contre les

incendies sont ici des enjeux cruciaux.

216 / Juin 2019 / www.detoursenfrance.fr

Made with FlippingBook flipbook maker