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Dans la forêt de Verghellu, balade sur l’ancien sentier muletier du refuge de Pietra Piana et le torrent du Mulinello.

Ci-dessus, futaie de pins laricio, conifère emblématique de l’île de Beauté, dont le tronc peut s’élever jusqu’à 50 mètres et qui peut vivre des centaines d’années. L’agent forestier marque avec une hachette gravée du sceau de l’ONF Antoine Paolacci

…ET DE LA FOUDRE Lavalléeest trufféedebergeriesaban- données. Maria Herrera et Paul Luciani sont parmi les derniers à emmener leur troupeau paître parmi les arbres du Ver- ghellu, entre mai et novembre. « Cette année, nous ne sommes pas montés car la coupe pour sauver la châtaigneraie dérange et effraie les bêtes », regrette Maria Her- rera. Elle n’a pas peur des incendies, moins nombreux… mais plus catastro- phiques. En juillet 2009, trois grands feux en Corse-du-Sud ont dévoré près de 4000 hectares de forêt. « La plus grande menace reste la foudre, rappelle Gilles Planelles. Quand un arbre a été foudroyé, un feu couve sous terre. Après les orages, nous patrouillons au sol et dans le ciel pour repérer une éventuelle fumée émanant de la litière en décomposition. C’est une véri- table bombe à retardement. » La forêt du Verghellu offre une forte dose de chlo- rophylle au randonneur. La sinueuse départementale D723 qui pénètre dans la vallée grimpe jusqu’à 1100 m envi- ron avant de prendre fin devant le point de départ d’un ancien sentier muletier (qui rejoint le GR20 au refuge de Pietra Piana, à six heures demarche). La balade sur ce chemin est un émouvant rendez- vous avec les pins laricio, mais aussi les érables, les aulnes et les frênes, rythmé par les mélodies de la rivière et des oiseaux. Qui sait, peut-être entendrez- vous le chant clair et aigu de la sittelle corse, inféodée au pin laricio? ‡

rejoint sur un point dégagé de la vallée pour nous expliquer in situ la straté- gie. « Observez bien la crête en face : on distingue une végétation plus rase. C’est le résultat d’un aménagement

les arbres à abattre.

de l’espace pour limiter l’impact du feu. Concrètement, on élimine la strate arbus- tive, c’est-à-dire le maquis, pour empêcher le feu de passer de la strate herbacée à la strate des arbres. » Le recul de l’agropas- toralisme, depuis la seconde moitié du xx e siècle, a rendu la forêt corse plus vul- nérable aux incendies, alors qu’autrefois, les troupeaux réalisaient de façon natu- relle cette « rupture de combustible ».

Corse et qui progresse vers le sud… Nous préservons aussi les feuillus qui pourraient remplacer à terme le pinmaritime. » L’ave- nir du massif passe également par la gestion des risques d’incendies. Gilles Planelles, responsable de l’unité terri- toriale de Vivario au sein de l’ONF, s’est longtemps investi dans la Défense des forêts contre l’incendie (DFCI). Il nous

À cause de la raideur des pentes, l’évacuation des bois coupés s’avère délicate.

www.detoursenfrance.fr / Juin 2019 / 216

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