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90 DÉCRYPTAGE

Vestiges du site archéologique d'Aléria. Les objets découverts lors des fouilles sont exposés dans le fort génois de Matra, qui abrite le musée départemental d'Aléria.

L’HISTOIRE DE LA CORSE C O N Q U I S E M A I S I N S O U M I S E TE X TE DE FLORENCE DONNAREL

+ Aux origines, il y a un mystère. Dans la haute valléeduTaravo, près dugolfede Valinco sur la côte ouest, des statues- menhirs armées intriguent. Les sculp- turesanthropomorphesdeFilitosa, guer- riers taillés dans le granite, remontent à l’âge du bronze. Représentent-elles des témoignages de la civilisation torréenne qui élevaailleurssur l’Îledeshabitats for- tifiés dominés par un édifice circulaire? Sont-elles des symboles phalliques? Figurent-elles des chefs autochtones ou des envahisseurs issus des « peuples de la mer »? Déjà se pose la question des populations et des migrations en Corse alors que le réchauffement climatique et lamontée des eaux la séparent de la Sar- daigne 12000 ans avant notre ère. C’est au néolithique donc que les découvertes archéologiques, comme celles du site de Campu Stefanu, dans la vallée du Taravo, font remonter les premières populations connues de Corse. De Campu Stefanu à Filitosa en passant par le squelette de la Dame de Bonifacio découvert dans le sud de l’Île, des millénaires d’Histoire et de présence humaine précèdent l’arrivée des Grecs et des Romains. La mort ou la servitude Du premier comptoir grec puis romain à Aléria à l’intégration à la France en 1768, en passant par les pillages des Sarrasins et l’annexion par Pise puis par Gênes, l'Île n’a cessé de changer de maître. Elle est faite d’insurrections et de révolutions, incarnées par des figures inspirantes. Retour sur plus de 2000 ans de combats et de mythes. À LIRE Histoire de Corse Le pays de la grandeur, de Michel Vergé- Franceschi, Éditions du Félin, 2013. P O U R E N SAVOIR

signifiant « corne » ou « cap ». Aléria, sur une butte au-dessus de la mer, devient un centre économique autour duquel se développe la culture du blé et de la vigne, l’élevage d’huîtres, la production de miel et de liège. À l’esclavage auquel veulent les réduire les Romains, les Corses préfèrent souvent la mort. Les colons se forgent une image négative des colo- nisés, alimentée par les écrits du géo- graphe grec Strabon. « L’île de Cyrnos, que les Romains nomment Corsica, est un pays affreux à habiter, vu la nature âpre du sol et le manque presque absolu de routes praticables qui fait que les populations, confinées dans les montagnes et réduites à vivre de brigandages, sont plus sauvages que des bêtes fauves. » Aux dieux romains

D É C R Y P T A G E

Grecs puis Romains s’installent au vi e siècle avant notre ère sur la côte orientale, propice au commerce mari- time avec leurs autres comptoirs et colo- nies. Les Grecs nomment l’île Kyrnos, un nomprobablement d’origine phénicienne

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216 / Juin 2019 / www.detoursenfrance.fr

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