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JANV I ER 2018

Séance d'installation de la nouvelle assemblée de Corse, le 2 janvier 2018. Les élus du Conseil exécutif, présidé par Gilles Simeoni et le président de l'Assemblée Jean-Guy Talamoni, prêtent serment sur la Constitution corse.

Murati / Alpaca / Andia

vement défait en 1769, quand les troupes patriotiques sont vaincues par les Fran- çais un an après le rattachement de la Corse à la France. L’exode au xix e siècle Les affiches touristiques sur les ca- lanche de Piana et le succès du tou- risme balnéaire à Ajaccio ne doivent pas masquer la pauvreté dans laquelle sombre la Corse au xix e siècle. En dehors de quelques centaines de kilomètres de voies routières et l’édification du chemin de fer, à partir de 1878, l’Île est passée à côté de la révolution industrielle. Des centaines de Corses sont obligés de par- tir pour pouvoir faire vivre leur famille. La diaspora corse est partout, à Marseille et en région parisienne, dans les colonies et dans le Nouveau Monde. La migration la plus célèbre reste celle des Cap-Cor- sins partis pour les Amériques et dont témoignent villas et mausolées bâtis sur leur terre natale. En 1914, l’Île compte 250000 habitants et a perdu près de 10 %

de sa population, comparé au pic démo- graphique de 1881. La Première Guerre mondiale fait aussi tomber 20000 îliens sur les champs de bataille et entraîne un changement profond de la société corse avec un recul de l’agropastoralisme. Quel lienunit aujourd’hui laCorse à laFrance? Les gros projets de constructions liés au développement touristique des dernières décennies ont accentué les craintes sur l’avenir de la terre et de l’identité corses. À partir des années 1960, un mouvement régionaliste politique s’est développé, incarné par différents groupes dont le Front de libération nationale de la Corse (FLNC) fondé en 1976 et connu pour ses actions violentes. Les années de plomb, marquées par l’assassinat du préfet Éri- gnac en 1998, semblent être révolues. Le nationalisme s’est institutionnalisé. En portant au pouvoir la coalition natio- naliste aux élections législatives et terri- toriales de 2017, les Corses ont toutefois réaffirmé leur volonté de choisir le destin politique de leur Île.

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LA CRÉATION DE LA COLLECTIVITÉ UNIQUE DE CORSE La collectivité unique de Corse est née de la fusion de la collectivité territoriale de Corse et des départements de Corse-du-Sud et de Haute-Corse. Sorte de minigouvernement, elle dispose de compétences élargies par rapport aux collectivités locales. Sa création est l’aboutissement d’un processus d’autonomisation engagé par Lionel Jospin en 1999 avec « Les accords de Matignon ». En février 2018, le gouvernement français a rejeté les demandes des nationalistes sur la co- officialité de langue corse et le statut de résident. En revanche

le « statut particulier » de la Corse sera inscrit dans la Constitution.

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