La Presse Bisontine 212 - Septembre 2019

Mensuel d'informations de Besançon et du Grand Besdançon

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SEPTEMBRE 2019

Mensuel d’information de Besançon et du Grand Besançon

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SE LOGER À BESANÇON : COMBIEN ÇA COÛTE ?

SPÉCIAL IMMOBILIER

p. 4 À six mois des municipales Éric Alauzet passe à l’offensive

p. 6 à 8 Conséquences de la sécheresse Les vrais chiffres de la pollution à Besançon

RETOUR SUR INFO - BESANÇON

La Presse Bisontine n°212 - Septembre 2019

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Retardé par de l’amiante, le chantier de l’ex-Rhodia a repris

Masques Bientôt les masques vont tomber. Nous sommes désormais à six mois des élec- tions municipales et il reste encore pas mal d’inconnues à l’équation bisontine. On a une certitude depuis le début de l’été, c’est la candidature officielle et approuvée par les instances de L.R.E.M. d’Éric Alauzet. Reste à savoir si l’autre prétendante écartée de la course, Alexan- dra Cordier - et en coulisses le maire Jean- Louis Fousseret - jouera à fond la carte de l’unité, évitant ainsi de reproduire à plus petite échelle le douloureux psycho- drame parisien qui oppose encore Ben- jamin Griveaux, candidat adoubé et Cédric Villani, dissident potentiel. À gauche, les choses se corsent un peu plus encore avec l’improbable alchimie entre toutes les forces de gauche, ex-alliés à la mairie dont le spectre s’étend des socialistes, bien seuls pour l’instant emmenés par Nicolas Bodin, à la France Insoumise, bien solitaire, en passant par l’iconoclaste alliance de la carpe communiste et du lapin vert dont on ne sait pas encore si l’écolo Anne Vignot portera les couleurs. Et même si les tentatives de rapproche- ment entre verts, communistes et socia- listes aboutissent miraculeusement, le casse-tête de la tête de liste semble plus insoluble encore. Au vu de ses scores récents, y compris ici à Besançon, le temps où le P.-S. pouvait légitimement prétendre porter la liste semble pour lui révolu. Il reste une dernière inconnue : la droite. En contemplant le paysage à gauche, on pourrait croire Jacques Grosperrin optimiste et volontaire pour transformer l’essai cette fois-ci, après une belle campagne et un score très honorable en 2014, mais non. On ne sent pas le sénateur L.R. particu- lièrement motivé pour tenter l’assaut en 2020. Problème : la droite ne semble pas avoir d’autre poids lourd crédible pour l’instant. Handicap supplémentaire pour la droite républicaine : pas sûr qu’elle puisse compter sur ses alliés traditionnels pour rassembler au plus large. Le MoDem s’allie avec L.R.E.M. tandis que l’U.D.I. ne sait plus trop où il nage. À six mois de l’échéance, un début de certitude émerge néanmoins : les Bisontins en ont soupé des clivages politiciens et partisans. Vu sous cet angle, s’il apparaît qu’un candidat se détache pour l’instant, c’est bien Éric Alauzet. Mais la vérité de septembre n’est pas toujours celle de mars… ■ Jean-François Hauser Éditorial

L’actualité bouge, les dossiers évoluent. La Presse Bisontine revient sur les sujets abordés dans ses précédents numéros, eux qui ont fait la une de l’actualité de Besançon. ous les mois, retrouvez la rubrique “Retour sur info”. Le bel été de la nouvelle piscine de Chalezeule avec plus de 34 000 baigneurs

B eaucoup s’inquiétaient de son ouverture, trop rapide. Finalement, heu- reusement que la “nouvelle” piscine de Chalezeule rénovée et fermée depuis un an a ouvert ses portes le 29 juin dernier, date correspondant au premier épisode de canicule. En termes de fréquentation jour- nalière, des pics de fréquentation importants ont été enregistrés dimanche 30 juin avec 2 422

sonnes” précise la Ville de Besançon. Le cru 2019 “a été une très bonne saison pour la piscine de Chalezeule. En fré- quentation globale, 34 000 bai- gneurs ont plongé dans les nou- veaux bassins (chiffre arrêté au 15 août). En comparaison, ils étaient 32 200 en 2017, 48 000 en 2016, 48 800 en 2015, 15 500 en 2014.” La piscine devait fer- mer ses portes depuis le 1 er sep- tembre. ■

personnes, jeudi 25 juillet (2 210), mercredi 24 juillet (2 017), samedi 29 juin (ouverture avec 1 934 personnes), mardi 23 juillet (1 833). “Entre 2012 et 2017, nous n’avions dépassé seule- ment à quatre reprises la barre des 2 000 entrées par jour (record à 2 471, le 20 juillet 2016). À noter qu’en fréquen- tation instantanée, le maximum autorisé au vu de la configuration des lieux est de 1 680 per-

Le chantier de déconstruction de l’ex-Rhodia a ouvert l’horizon sur les Prés-de-Vaux.

A nnoncée pour l’été 2019, l’ouverture du parc “urbain” de l’ex- usine Rhodia est repoussée à l’automne. Peu avant l’été, le chantier de déconstruction a été inter- rompu après la découverte de résidus d’amiante durant le chantier. Ce n’était pas prévu. Entamée en 2017, la décons- truction des bâtiments a repris il y a quelques semaines. L’ouverture du site au public est prévue pour l’automne annonce la Ville. Des arbres vont être plantés entre les bâtiments encore debout comme une grande partie de ce que les ex-ouvriers appe-

laient la “cathédrale”, le châ- teau d’eau, le bâtiment his- torique Hilaire de Chardonnet à l’entrée du site, vestiges de l’époque industrielle. Ces bâti- ments représentent 10 % de l’occupation de l’espace qui s’étend sur 4,5 hectares. La fin de la démolition coïn- cide avec un autre chantier : l’aménagement de la “cathé- drale”. Prévu pour le deuxième semestre 2020, il va concerner l’aménagement du rez-de-chaussée qui doit accueillir les nouveaux locaux du Sport nautique bisontin (S.N.B.). L’association quittera ses locaux historiques de l’avenue de Chardonnet vrai- semblablement en 2021. ■

Le toboggan, une activité prisée des jeunes à la piscine Chalezeule.

La voix de l’E.S.B.-F. à nouveau prête à chauffer le Palais

I l ne suffit pas d’avoir de la gouaille pour en arriver là. Il faut aussi beaucoup de travail. Depuis 4 ans, Sébastien Jouan- neau, 50 ans, est devenu le spea- ker officiel de l’E.S.B.-F. Sa voix - qui s’est reposée quelques semaines - reprend du service le 31 août pour le premier match à domicile des handbal- leuses bisontines qui accueillent Nice. Sébastien a hâte d’y être, de chauffer la salle, de présenter les nouvelles joueuses, de les motiver. C’est une vraie prépa- ration même s’il n’existe aucun

Pas du tout. Incollable sur le pal- marès des coureurs de trail lorsqu’il commente par exemple la “Maxi Race”, un trail couru devant 8 000 à 10 000 per- sonnes, ou capable de connaître l’arrière-droite de l’équipe de hand de Metz, “Seb” a travaillé pour en arriver là. Ce qui n’était qu’une passion au départ, décou- vert lors du premier Trail N’Loue, pourrait devenir son métier à 100 %. Le voilà fin prêt pour chauffer à blanc les gradins du Palais des Sports pour la saison à venir. ■

cours pour apprendre. À ce niveau de compétition, le timing doit être parfait. Le Bisontin avait tenu à réagir un article que nous avions consacré “aux nuisances sonores” en juin dernier. Dans cet article, un adjoint à la Ville de Besançon s’interrogeait sur le fait de savoir si un speaker lors d’une manifestation sportive en extérieur notamment du côté de la Rodia devait “brailler” toute la journée au risque de gêner les habitants. Un terme qui ne le visait pas mais qui l’a attristé. Un speaker est-il réduit à cela ?

est éditée par “Publipresse Médias” - 1, rue de la Brasserie B.P. 83143 - 25503 MORTEAU CEDEX Tél. : 03 81 67 90 80 - Fax : 03 81 67 90 81 E-mail : redaction@publipresse.fr S.I.R.E.N. : 424 896 645

Directeur de la publication : Éric TOURNOUX Directeur de la rédaction : Jean-François HAUSER Directeur artistique : Olivier CHEVALIER Rédaction : Édouard Choulet, Thomas Comte, Jean-François Hauser. A collaboré à ce numéro : Sarah George. Contact publicitaire : François ROUYER au 06 70 10 90 04 Imprimé à Nancy Print - I.S.S.N. : 1623-7641 Dépôt légal : Août 2019 Commission paritaire : 0220 D 80130 Crédits photos : L.P.B., R. Chapuis, Grand Besançon Métropole, P. Laurençon, Mairie de Chalezeule, Musée de la résistance, S.M.M.S., Y. Petit, Ville de Besançon.

Sébastien Jouanneau, speaker officiel de l’E.S.B.-F.

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L’INTERVIEW DU MOIS

La Presse Bisontine n°212 - Septembre 2019

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POLITIQUE

Éric Alauzet, le candidat désormais investi

“Je ne suis ni le fils spirituel de Jean-Louis Fousseret, ni son dauphin”

Après avoir reçu la bénédiction des instances de son parti L.R.E.M. au début de l’été, le député bisontin s’emploie désormais à rassembler le plus largement possible autour d’un projet qu’il veut ambitieux et fédérateur.

L a Presse Bisontine : Revenons une fois pour toutes sur votre désignation en tant que candidat officiel de L.R.E.M. pour les prochaines municipales de Besançon le 10 juillet dernier. Elle a été plus serrée que prévu face à la candidature d’Alexan- dra Cordier. Les questions de parité et de renouvellement ont failli vous coûter cette investiture ? Éric Alauzet : J’ai toujours été serein par rapport à cette question. La commission d’investiture a décidé à l’unanimité et en moins de cinq minutes de me sou- tenir. En général, le bureau exécutif suit les recommandations de la com- mission et le débat n’a été lancé qu’en bureau exécutif par Stanislas Guérini et Marlène Schiappa sur cette question de parité. Un débat un peu hors-sol d’ailleurs car il ne concerne pas que Besançon. Et de toute manière, si le bureau exécutif avait choisi Alexandra Cordier, la procédure serait repartie devant la commission d’investiture, seul organe qui connaît vraiment le profil des candidats. La parité quant à elle sera respectée sur le plan natio- nal, comme elle l’a été aux dernières législatives par L.R.E.M. Elle le sera évidemment aussi sur le plan local si je suis élu, mais dans les faits. C’est- à-dire que des dossiers comme l’urba- nisme ou l’économie ne reviendront pas systématiquement à des hommes. L.P.B. : Écartée de la course à l’investiture, Alexandra Cordier pourrait-elle néanmoins jouer un rôle majeur lors de la campagne etcraignez-vous une “dissidence” ? É.A. : Les gens qui travaillent autour de nous jouent déjà un rôle majeur et j’ai vocation à rassembler très large- ment, d’abord mon camp, et ensuite tout le monde qui voudra bien prendre notre sillage. Ce qui compte, c’est l’in- vestissement des gens, leur bonne volonté, leur compétence, leur ouverture

avec tout ce qu’ils comportent comme dogmes. Je revendique mon apparte- nance à L.R.E.M., je suis toujours un écologiste convaincu, mais ce que je souhaite avant tout, c’est faire respirer notre réflexion en même temps que cette ville. J’ai d’abord besoin de connaî- tre les valeurs des gens, pas leur éti- quette, afin de construire un pro- gramme autour des trois piliers suivants : l’écologie, l’humanisme et l’entrepreneuriat. L.P.B. :Cette étiquette de “girouette” vous colle encore à la peau. Comment vous en débar- rasser ? É.A. : Mamarque de toujours,mon enga- gement de la première heure depuis plus de trente ans, c’est l’écologie. Quand on est écologiste un jour, on l’est pour toujours. Ce sera d’ailleurs un axe central du projet.Mais enmême temps, j’ai toujours considéré que l’éco- logie devait envahir toutes les grandes questions, j’ai donc toujours défendu une écologie très pragmatique un peu comme les Grünen en Allemagne qui sont pragmatiques et concrets. C’est ce qui m’a distingué des Verts qui ont souvent fait le yo-yo entre idéologie et pragmatisme. Contrairement à ce qu’on raconte parfois, je n’ai jamais été socia- liste ni au P.-S. Pour le reste, je suis justement fier d’évoluer. C’est la raison pour laquelle j’ai adhéré à En Marche, toujours pour une question de prag- matisme. À mon sens, évoluer est une qualité. Ceux qui sont dans les slogans, voire la violence verbale, qui sont dans lemépris ou qui sont sûrs d’avoir raison, ceux-là ne m’ont jamais correspondu. Les gens connaissent mes capacités d’écoute, d’attention. En tant que méde- cin, je suis d’abord un praticien. C’est la même chose en politique. L.P.B. : Vous devrez sans doute aussi vous réconcilier avec des retraités qui sont restés sur la formule que vous aviez employé de “génération dorée”. Comment comptez-vous vous y prendre ? É.A. : Comme ce terme de “girouette”, cette formule malheureuse a hélas été mise en scène et caricaturée, notam- ment par des organisations comme “Contribuables associés” et ces carica- tures ne sont pas à la hauteur du sujet. Quand les sociologues parlent d’âge d’or, ils font référence à ces générations qui ont connu le plein-emploi et les périodes d’augmentation des niveaux de retraite. En moyenne, ce sont des personnes qui vivent mieux que leurs parents et qui ont de meilleures pers- pectives que leurs enfants en matière de retraite.Mais c’est évidemment une moyenne qui ne doit pas faire oublier qu’il y a beaucoup de retraités pauvres. Quand j’évoquais cette question, je voulais bien sûr parler de ces retraités les plus aisés qui pouvaient contribuer au redressement des comptes.

Éric Alauzet lancera une nouvelle phase de sa campagne à la rentrée suite aux milliers de contributions qu’il a recueillies.

différents. Pas par prin- cipe, mais une rupture est forcément nécessaire. Avec un monde qui change de plus en plus vite, nous aurons à gérer une transition écolo- gique, générationnelle et numérique. Il va donc falloir lancer des poli- tiques très innovantes, très différentes. Sachant qu’on ne renie pas pour autant, et on la reven- dique, l’histoire sociale, innovante et écologique de cette ville. Besançon est une ville où on a l’ha- bitude de construire les choses ensemble. J’ai l’ambition de régler par le dialogue et l’écoute les préoccupations des habitants de cette agglo-

là-dedans. C’est surtout depuis l’in- vestiture dont j’ai bénéficié pour les législatives de 2012 grâce à l’accord national Verts-P.-S. alors que Jean- Louis Fousseret était candidat pour le P.-S. C’est sans doute aussi difficile à vivre de savoir que la fin du mandat approche, que beaucoup de maires de l’agglo qui le soutenaient me soutien- nent désormais. Et je ne suis ni son fils spirituel, ni son dauphin. Les Bison- tins ont sans doute aussi le sentiment qu’une page se tourne et qu’il y en a une nouvelle à écrire. Tout cela peut être difficile pour lui, je peux le com- prendre. L.P.B. : Alexandra Cordier avait proposé un projet de téléphérique entre le plateau de Saône et la ville. Quel serait votre projet-phare ? É.A. : Plutôt que de faire une proposition plus ou moins réaliste, je souhaite avant tout donner de la profondeur et de la consistance à notre projet, lui donner du sens. Un sujet transversal peut être celui de la santé. C’est un sujet qui balaie l’économie et le social. La santé, c’est d’abord mieux respirer dans cette ville, avec de la végétalisa- tion. La santé, ce sont aussi lesmobilités actives (marche, vélo…). C’est aussi la question de l’alimentation et des circuits courts. C’est également l’économie avec des milliers d’emplois à la clé, c’est la médecine et l’innovation avec l’immu- nologie. C’est aussi le social avec l’accès aux soins, des maisons médicales pluri- disciplinaires dans le Grand Besançon. C’est peut-être moins fun que certains grands projets, mais je veux en priorité donner du sens à nos priorités. L.P.B. : À l’approche de l’échéance, qui crai- gnez-vous le plus : la droite ou vos anciens alliés de gauche ? É.A. : J’ai le cuir tanné, j’ai une certaine expérience et c’est sans doute un signe si j’ai toutes les cibles sur le dos. Il fau- dra que certains, notamment sur l’aile gauche, fassent face à leurs propres contradictions avant de porter un juge- ment sur les projets des autres. ■ Propos recueillis par J.-F.H.

L.P.B. : Votre campagne va monter en régime à partir de ce mois de septembre ? É.A. : La campagne, je l’ai commencée il y a maintenant neuf mois et c’est une montée en charge exponentielle. On finalisera le programme d’ici la fin de l’année à partir desmilliers de contri- butions que nous avons recueillies à travers la vingtaine de groupes de tra- vail que nous avons constituée. 2 300 questionnaires ont été recueillis en contact direct avec les habitants, et pas par un simple clic, auprès de toutes les couches sociales, dans tous les quar- tiers. Des 200 actions identifiées, nous avons tiré une trentaine de priorités. Tout cela donnera un programme qui sera prêt à la fin de l’année. L.P.B. : Et la liste viendra ensuite ? À part Frank Monneur votre directeur de campagne, quels seront les autres membres de cette future liste ? É.A. : Pour l’instant, je ne connais même pas le noyau de cette future liste ! Et les gens qui nous entourent ne se posent même pas la question. Certains vont se révéler au cours de cette campagne et je ne veux surtout pas m’enfermer maintenant dans ces questions-là alors que le potentiel est devant nous. Le temps de la liste viendra en janvier. L.P.B. : Frank Monneur n’était d’ailleurs pas votre meilleur allié quand il était au P.-S. ! É.A. : C’est sûr que si on schématise, lui était plutôt chevènementiste et moi tendanceVoynet, pas vraiment proches à l’époque…Mais au-delà des jeux de rôle politiciens et des postures, j’ai trouvé en Frank un homme qui a su également évoluer, d’ailleurs dès 2014 quand il a lancé son projet municipal avec des personnes de bonne volonté de tous horizons. Lui comme moi nous souhaitons dépasser les clivages. L.P.B. :Si vous êtes élu maire de Besançon en 2020, serez-vous en rupture par rapport à Jean-Louis Fousseret ? É.A. : Quand une ville est gérée depuis vingt ans par lemêmemaire, forcément que son successeur prendra des rails

“C’est sans doute un signe si j’ai toutes les cibles sur le dos.”

mération mais que tout ce travail de proximité soit intégré dans une vision globale pour cette agglomération. Et j’estime donc faire autorité avec mon expérience d’ancien adjoint, de député, pour embarquer la population dans un projet ambitieux. Besançon peut par exemple défricher des chemins nouveaux pour devenir une référence nationale en matière de transition éco- logique notamment. Avec l’alliance de l’urbain et du rural, cette agglomération a la configuration pour. C’est la force de notre projet et du rassemblement qu’on veut porter. L.P.B. : Le soutien de Jean-Louis Fousseret se fait attendre. L’espérez-vous d’ici mars ? É.A. : Je retiendrai l’exemple de Robert Schwint qui à mon sens a été une réfé- rence en termes de passage de témoin et d’attitude, alors même que Jean- Louis Fousseret en 2001 n’était pas son candidat préféré. Robert Schwint est un bel exemple à suivre. L.P.B. : Comment expliquez-vous sa rancœur à votre endroit ? É.A. : Il y a beaucoup de psychologique

et aussi leur bienveil- lance. Pour Alexandra Cordier, tout dépendra donc de son implication derrière nous.Mais c’est sûr qu’il n’y aura pas de place pour ceux qui contestent encore ma désignation. Je veux une équipe très ouverte constituée de personnes qui s’inscrivent dans le sillage et la méthode que j’ai adoptée depuis le début. L.P.B. :Vous semblez ne pas vouloir mettre en avant votre étiquette L.R.E.M. ? É.A. : Ce n’est pas mon objectif qui est juste- ment de me sortir de toute étiquette politique partisane et donc des clivages gauche-droite,

“Faire respirer notre

réflexion en même temps que cette ville.”

BESANÇON

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Le pavillon Bersot qui accueillait autrefois la pédiatrie pourrait être démoli. de créer une trame verte jusqu’aux bords du Doubs (images D.R.). L’idée des concepteurs est

TRAVAUX Au moins 200 millions d’euros de travaux Le site Saint-Jacques vendu 15 millions d’euros Bien loin du prix espéré au départ par le C.H.U. propriétaire des lieux, c’est l’aménageur A.D.I.M.-Vinci qui a remporté le marché. La bibliothèque universitaire sera la première réalisation.

D es 11 candidats ayant répondu à l’appel d’of- fres, le C.H.U. en a retenu 5, puis a travaillé avec 3, pour ne garder au final qu’un seul lauréat, l’aménageur A.D.I.M., une filiale du géant mondial duB.T.P.Vinci qui devra débourser 15 millions d’euros pour devenir propriétaire des 5,3 hectares du site Saint- Jacques. “La promesse de vente

mérite” ajoute lemaire de Besan- çon qui est en même temps pré- sident du conseil de surveillance de l’hôpital. Au démarrage du projet, le C.H.U. évoquait une enveloppe globale de 30 à 40 millions d’eu- ros pour le foncier. L’établisse- ment propriétaire des lieux a dû revoir ses ambitions à la baisse. “Notre priorité était de pouvoir financer par cette vente le déménagement des derniers services de l’hôpital de Saint- Jacques à Minjoz. Ce sera chose faite” relativise Chantal Carro- ger. Restent actuellement sur Saint-Jacques les services admi- nistratifs du C.H.U., notamment la direction, l’institut de méde- cine légale et la psychiatrie. La première réalisation concrète sur ce pôle Saint-Jacques sera sans doute la bibliothèque d’ag- glomération qui regroupera la bibliothèque municipale actuel- lement installée rue de la Biblio-

devrait être signée d’ici la fin de l’année et si tout va bien, la vente définitive dans un an à un an et demi. Le pari est gagné” se félicite Chantal Carroger, la directrice générale du C.H.U. Minjoz. “Après des années de dis- cussion et de préparation, c’est sans doute un des projets les plus complexes que nous ayons eu à mener. Nous avons beaucoup d’ambition pour ce site qui le

thèque et lamédiathèque Pierre- Bayle. “Nous espérons y voir éga- lement de l’habitat de prestige qui pourra financer de l’habitat social, ainsi qu’unemaisonmédi- cale et un centre des congrès dans lequel il serait intelligent de pré- voir une salle adaptée aux répé- titions de musique et aux concerts” ajoute M. Fousseret. “Le projet de bibliothèque est déjà lancé, 5 équipes d’architectes travaillent déjà sur le sujet” observe Dominique Schauss, élu bisontin en charge du dossier Saint-Jacques. Coût de ce seul projet à la charge de Besançon Métropole : 50 millions d’euros. “Pour le reste, le projet coûtera plus de 200 millions d’euros à l’aménageur” avance M. Fous- seret. Dans l’opération d’aménage- ment, plusieurs bâtiments dis-

paraîtront du paysage, notam- ment l’ancienne maternité “La mère et l’enfant” et “peut-être le pavillon Bersot qui a été ciblé comme éventuellement démolis- sable.” Les Bisontins ne devront pas être pressés pour bénéficier de

ces nouveaux aménagements. Le déménagement des derniers services du C.H.U. n’est pas prévu avant “fin 2024” estime la directrice. Et la réalisation de la bibliothèque “en 2024-2025” ajoutent les élus bisontins. ■ J.-F.H.

L’esplanade entre le site Saint-Jacques et l’Arsenal pourrait ressembler un jour à cela.

L’ÉVÉNEMENT

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LA VÉRITÉ SUR LA SITUATION BISONTINE CANICULE, SÉCHERESSE, POLLUTION…

l Environnement Après un été caniculaire “La pollution ne cesse de diminuer” Mieux informés et sensibilisés aux questions environnementales, les citoyens redoutent une hausse constante de la pollution. Mais à en croire les spécialistes locaux, c’est tout le contraire ! Plusieurs pics de chaleur ont émaillé l’été dans le Grand Besançon. Si la météo a fait la joie des baigneurs, il n’en est pas de même pour la nature qui a particulièrement souffert des conditions climatiques. Bilan.

Anaïs Detournay est responsable du service études à A.T.M.O. Bourgogne- Franche- Comté.

L es réseaux sociaux, encore eux… En plein épisode de canicule fin juin, c’est sous la pres- sion citoyenne que le service hygiène-santé s’est finalement résolu à poser des panneaux “Alerte pollution” à l’entrée de Besançon. Sauf que…Besançon n’était pas en alerte pollution ozone malgré l’arrêté préfectoral qui, puisqu’il est préfectoral, cou- vrait tout le Doubs. Mais cette alerte-pollution ne concernait dans les faits queMontbéliard… C’était aussi aumoment où Paris était en alerte ozone que les observateurs se sont agités, alors qu’à Besançon, “nous n’avions jamais dépassé les 140 mg/m 3 jusqu’au 27 juin. L’alerte est déclenchée à partir de 180. Et le vrai seuil d’alerte est à 240 mg. Ce qui s’est passé fin juin, c’est

sentes l’été. Si les particules et autres toxiques sont en baisse, ce n’est pas le cas des pollens dont les taux sont mesurés grâce à un capteur situé sur le toit du Conseil départemental rue Charles-Nodier à Besançon. “Depuis début juin, nous avons été en alerte pollen pendant qua- tre semaines. La présence de pol- lens est directement liée au climat et il est clair que sans pluie, les pollens ne sont pas dispersés.” L’été dernier, une alerte à l’ozone avait été déclenchée en août à Besançon. Cet été, le taux d’ozone a souvent dépassé les 120 mg, sans jamais atteindre les 240. Si aucune alerte spécifique n’est déclenchée, l’excès d’ozone est néanmoins nocif à la végétation. C’est ce gaz qui cause des micro- lésions sur les feuilles des arbres,

fait baisser les rendements agri- coles et cause des dégâts sur la santé des arbres en forêt. À l’échelle de la région Bour- gogne-Franche-Comté, Besançon ne compte donc pas parmi les sites les plus touchés par les dif- férentes pollutions de l’air. “Le secteur de Belfort-Montbéliard avec les Vosges d’un côté, le Lomont de l’autre et l’autoroute qui traverse l’agglomération est concerné par les particules. Le secteur de Dijon, plus pollué que Besançon est surtout touché par le dioxyde d’azote.” Ces deux secteurs urbains, contrairement à Besançon, sont concernés par des plans de pro- tection de l’atmosphère. Besan- çon, en ce domaine, fait donc mieux que Dijon. Chiffres à l’ap- pui ! n J.-F.H.

provoquer des réactions chez certaines personnes sensibles : yeux qui piquent, ou problèmes respiratoires. Selon les spécialistes régionaux de la surveillance de la qualité de l’air, l’air ambiant n’est pas plus pollué qu’avant, au contraire. “La pollution ne cesse de diminuer” affirme même Anaïs Detournay. “Les relevés sont constamment orientés à la baisse, on atteint un palier bas.

niveau a baissé de moitié depuis les années quatre-vingt-dix” , grâce notamment aux filtres à particules installés sur les moteurs et les appareils de chauf- fage.Mieux : les dioxines furanes, ces résidus d’hydrocarbures qui s’échappent notamment des fours d’incinération des ordures ménagères sont “à des niveaux 100 fois inférieurs à ce qu’ils étaient en 1976” affirmeA.T.M.O. “Tous ces taux ont été réduits, mais cela ne signifie pas qu’il n’y en a plus. Et il faut continuer à les réduire aumaximum” tem- père Anaïs Detournay. La source principale de présence des particules fines, c’est le chauf- fage domestique. D’où ces alertes plus fréquentes l’hiver. “Le trafic routier ne participe qu’à 20 % de l’émission de particules.” Les particules sont donc moins pré-

une procédure d’information et de recommandations à destina- tion des personnes les plus fra- giles. Le 28 juin, nous sommes passés en procédure d’alerte sur persistance de l’épisode de pol- lution, alerte qui a été maintenue tout au long du week-end, et levé le lundi 1 er juillet.” observeAnaïs Detournay, responsable du ser- vice études à A.T.M.O. Bour- gogne-Franche-Comté. Cette pro- cédure d’information et de recommandations s’est reproduite une deuxième fois au cours de l’été, le 24 juillet avec la deuxième vague de canicule. Dès le 25 juil- let, nous sommes passés en pro- cédure d’alerte sur persistance de l’épisode de pollution, alerte qui a été maintenue le 26, et levée le 27 suite à la survenue de vio- lents orages.” L’ozone, qui est formé par l’action du soleil, peut

On constate de plus en plus d’in- quiétudes de la population, et c’est légitime, mais les niveaux de pollu- tion sont au plus bas” insiste-t-elle. Un seul exemple avec les particules “fines”, “leur

“Les niveaux de particules ont baissé de moitié.”

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l Incinération Le (vieux) four ne pose plus de souci Le préfet a demandé le 7 mars dernier une fermeture d’urgence du four datant de 1976, anticipée par le Sybert, après la découverte de taux sept fois supérieurs à la mesure entre juillet 2018 et janvier 2019. D’importants travaux ont été menés. partenaires, dont ici la Ville de Besançon, lamétropole, le Département et la Région, et pour la dernière partie les industriels à travers la taxe grands pollueurs. “Des partenariats scientifiques et transfron- taliers viennent compléter nos ressources en finançant des études complémentaires à leur demande” note la direction d’A.T.M.O. L’agence de surveillance emploie 28 personnes à l’échelle de la grande région. n Les relais officiels de l’État À l’intérieur, la température de l’air doit y est constante. Le bourdonnement de la clima- tisation y est donc continu. Car les appareils de mesure ne sup- porteraient pas les changements de température trop brusques. Nous sommes sur de la Prévoyance à Besan- çon, non loin du lycée Jules-Haag, site Montjoux. Sur ce petit terrain, un cube blanc de la taille d’une petite remorque A.T.M.O. Bourgogne-Franche-Comté est ce qu’on appelle uneA.A.S.Q.A., ou association agréée de surveillance de la qualité de l’air. À son origine constituée par des citoyens soucieux de la qualité de l’air, elle a obtenu dès 1996 avec la loi L.A.U.R.E. un agrément ministériel. Les associations agréées comme A.T.M.O. Bourgogne-Franche-Comté sont désormais financées en partie par l’État, en partie par les collectivités locales de camion dans lequel des appareils de mesures bourrés d’électronique relè- vent 24 heures sur 24 des données chif- frées sur la pollution de l’air, capté sur le toit de l’équipement. David Besan- cenez, un des techniciens du réseau A.T.M.O., est chargé de la maintenance de l’équipement. Sur le territoire de la ville, une autre station de ce type est installée, rue Mégevand. Une troisième station est l Mesures Trois stations de mesure Les vigies de la qualité de l’air Plusieurs stations de mesures fonctionnent en continu pour évaluer la qualité de l’air sur le Grand Besançon. Il y en a deux à Besançon, une troisième à Montfaucon.

David Besancenez, un des techniciens de station pour A.T.M.O. Bourgogne- Franche- Comté.

Internet d’A.T.M.O. (www.atmo-bfc.org). Les données remontent toutes les 15 minutes auprès d’un serveur du labo- ratoire d’A.T.M.O. “Cela nous permet de gérer les éventuelles alertes pollution en temps réel” note David Besancenez. En complément de ces stations fixes, A.T.M.O. dispose de quatre laboratoires “mobiles”, des remorques équipées de capteurs qui permettent d’effectuer des campagnes ponctuelles de mesures sur le reste du territoire. “Cela nous permet de confirmer qu’on est sur les mêmes taux que l’on habite à Planoise, à Chalezeule, rue de Dole ou à Mon- trapon. Les niveaux y sont équivalents” rassure Anaïs Detournay. n J.-F.H.

installée dans le Grand Besançon, sur la commune de Montfaucon, chargée, elle, de mesurer plus particulièrement les taux d’ozone dans l’air. L’association agréée dispose également d’un labo- ratoire d’analyses rue de l’Orangerie, quartier de Saint-Ferjeux. “L’objectif de ces stations est de mesurer la qualité de l’air que respirent les Bisontins à longueur d’année” résume le techni- cien. Plusieurs petites “cheminées” posée sur le toit de la station captent l’air ambiant dont l’analyse sera décortiquée en fonction des polluants recherchés. “Nous mesurons les particules, les P.M. 10 fines et les P.M. 2,5 très fines, ainsi que l’oxyde d’azote, et l’ozone.” La station de mesure située sur Mége-

vand, face au centre diocésain, est ce qu’on appelle une station-trafic servant à “mesurer le niveau de pollution sur un axe de trafic assez élevé.” Bordée de hauts immeubles, cette artère est une

des plus passantes de Besançon. Elle a la par- ticularité, avec ce phé- nomène dit des rues- canyons, de présenter les niveaux d’oxydes d’azote parmi les plus élevés de Besançon. Chaque jour, les données des stations et les indices de qualité de l’air de Besançon et de son agglomération sont consultables sur le site

La rue Mégevand, la plus touchée

par les oxydes d’azote.

Où en sont les rejets de dioxine à Besançon ?

Par mesure de précaution, l’un des fours a été arrêté : des analyses en semi-continu n’étaient pas bonnes alors que celles en continu l’étaient.

L es questionnements concer- nant l’impact sur la santé des fumées émises par les inciné- rateurs d’ordures ménagères ne sont pas récents. Celui de Besançon qui brûle 47 000 tonnes de déchets par an grâce à deux fours, dont un d’an- cienne génération, n’a pas échappé à cette réflexion. Dès 2000, le professeur Jean-François Viel (aujourd’hui au C.H.R.U. de Rennes) avait constaté une augmentation de la fréquence des certains cancers dans les deux cantons voisins de l’usine d’incinération. Ensuite, l’équipe du professeur Chris- tophe Roux avait démontré l’évolution de la qualité du sperme chez des hommes sains, vivant à proximité de l’incinérateur bisontin. L’étude avait fait apparaître de manière scientifique que la production de spermatozoïdes des patients exposés aux fumées de l’incinérateur, dans un périmètre de quelques kilomètres dessiné par les

vents dominants, a amplement réagi aux dioxines contenues dans l’atmo- sphère avant la mise en service du nouveau système d’incinération, moins polluant dès 2002. En clair, après 2002 et grâce four moins polluant, les résul- tats sur la santé étaient bien meil- leurs. En janvier dernier, le four de 43 ans a donné des sueurs froides au Sybert, propriétaire de l’unité de valorisation. Les cartouches de mesures en semi-

travaux d’une durée de six semaines ont été menés sur le four de 1976 alors que d’autres sont en cours sur celui de 2002. “Nous sommes au-dessous de toutes les normes de rejets, martèle Catherine Thiébaut. Nous conduisons une étude pour savoir si les dioxines présentes sont bien les nôtres. Ce n’est pas sûr.” Les nouvelles normes plus restrictives d’ici 2021 sur les émissions de Nox (oxyde d’azote) n’inquiètent pas le Sybert. Au contraire : “Nous étions déjà en dessous des seuils. Nous nous améliorons encore avec ces travaux” conclut la présidente. Le four de 1976 est reparti pour quelques années. n E.Ch.

Le préfet a tout de même ordonné le 7 mars une “mesure d’urgence avec fer- meture sous 24 heures du four de 1976.” Durant la fermeture, les déchets ont été acheminés vers d’autres centres de la région. Les experts ont émis l’hypo- thèse suivante : “La pollution de la ligne de prélèvement pourrait être due aux difficultés de fonctionnement du four rencontrées entre août et octo- bre 2018.” Des analyses complémen- taires ont été demandées. Depuis, tout semble être rentré dans l’ordre : “Nous avions prévu d’importants travaux sur ce four qui avait été arrêté en février, avant que le préfet nous le demande” corrige la présidente. Ces importants

a pas eu de rejets à l’extérieur, affirme Catherine Thiébaut, présidente du Sybert. Ces analyses en semi-continu n’ont au plan réglementaire, qu’un statut indicatif. Les analyses qui sont réalisées régulièrement dans le lait des exploitations agricoles voisines de l’in- cinérateur sont bonnes.” C’est exact, il n’y a pas eu de rejets extérieurs : les fumées sortant de l’usine sont épurées grâce à des injections de bicarbonate de sodium (pour les acides) et du char- bon actif (pour les dioxines). Les pous- sières sont captées par le biais d’un électrofiltre puis d’un filtre à manches. 99,9 % des polluants sont filtrés et rete- nus.

continu (A.M.E.S.A.) ont en effet enregistré 8 valeurs supérieures à 0,1 ng/Nm 3 (mesure évaluant les dioxines) dont 6 entre le 9 juillet et le 6 décem- bre puis une autre en jan- vier 2019 sans que l’ex- ploitant n’arrive à expliquer ce dépasse- ment. La population a-t- elle été touchée ? “Il n’y

Le préfet ordonne la fermeture sous 24 heures.

ÉVÉNEMENT L’ÉVÉNEMENT

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l Environnement Des milliers d’arbres déjà abattus “La forêt telle qu’on la connaît, ne sera plus la même dans 30 ans”

frênes souffrant de chalarose, une maladie très virulente causée par un champignon d’origine asiatique. Lemassif boisé bisontin, qui se compose surtout de feuillus, se voit durement impacté depuis la dernière sécheresse de 2018 (l’une des années les plus chaudes jamais enregistrées en France), et la chaleur de cet été 2019 n’arrange rien. “On vit clairement une crise sani- taire” , résume Guillaume Favand, qui porte un regard inquiet sur l’avenir. “Cette succession de sécheresse est fac- teur de stress hydrique pour les arbres.

L’absence de précipitations régulières pose problème, car on n’a pas tant d’eau que cela dans nos sols.” Certaines essences comme le hêtre se montrent en outre assez fragiles, “avec des parasites de faiblesse qui viennent se greffer” dès qu’une partie est sèche. “Ce sont des arbres qui régulent mal leur transpiration à l’inverse des espèces méditerranéennes, avec un enracine- ment plutôt traçant.” De la même façon, plus le peuplement est vieillissant, plus il se montre vul- nérable. Partout, on voit ainsi des arbres devenir secs et bruns, avec des risques éventuels pour les usagers dans les zones les plus fréquentées. Du secteur bisontin jusqu’à Venise, les dépérissements se font importants, mais moins encore qu’autour de Baume-les-Dames. “On constate que les zones où il y a à la fois des peuple- ments de hêtre et de chêne s’en sortent mieux.” Cette diversification fait partie des pistes de réflexion pour demain. “Avec le réchauffement climatique, on sait que la forêt qu’on connaît aujourd’hui, ne sera plus la même dans 30 ans. Il faut essayer de favoriser le développe- ment d’essences locales comme le chêne sessile, et de diversifier les peuplements.” Se pose toutefois le problème du coût des nouvelles plantations ou des inter- ventions dans les milieux pour favoriser l’ensemencement naturel des espèces

La sécheresse impacte lourdement les paysages forestiers. À Besançon comme ailleurs, on constate un dépérissement des arbres, qui amène à plusieurs coupes sanitaires.

L ors de notre passage en forêt de Chailluz, accompagnés par Guillaume Favand, responsa- ble territorial de l’O.N.F., il ne nous a pas fallu faire beaucoup de mètres pour tomber sur les premiers arbres malades. À quelques pas des Petites baraques, des hêtres se trouvent

ainsi marqués à la bombe dans l’attente de leur prochain abattage. Cette essence est l’une des plus touchées par la séche- resse en Franche-Comté, avec les sapins. Mais elles ne sont pas les seules : les épicéas faisant les frais des attaques de scolytes, qui pullulent avec ces vagues de chaleur répétées, et les

présentes (alisiers, érables, tilleuls...). La priorité est donnée dans la gestion de crise à la surveillance et la sécuri- sation, avec des coupes sanitaires pour éviter que des branches mortes ne tom- bent, ainsi que l’exploitation des arbres atteints avant qu’ils ne soient trop dépréciés. “Des générations de forestiers ont travaillé dessus et on doit aujourd’hui les récolter prématuré- ment” , se désole Guillaume Favand. Tout l’enjeu consiste aujourd’hui à inverser la tendance et à préserver les arbres sains. n S.G. Certains arbres, fragilisés et asséchés, montrent des taches noires ou des failles dans leur écorce.

Guillaume Favand devant un chargement, suite à des coupes nécessaires pour préserver les arbres sains.

l Environnement Sous haute surveillance L’ambroisie aux portes du Grand Besançon La lutte contre cette plante envahissante se poursuit sur le territoire, où le risque allergique est à nouveau au plus haut. Son pollen se disséminant d’août à septembre.

jusqu’ici, la question n’en est pas moins “prise au sérieux.” La plante, qui pose des problèmes agronomiques liés à son exten- sion dans les cultures, se montre aussi à enjeu vis-à-vis de la santé publique. D’autant qu’elle pro- gresse rapidement avec la pré- sence d’un front de colonisation depuis le Jura (qui a vu lui-même la plante arriver de Saône-et- Loire et de l’Ain). En 2018, ce département voisin concentrait 68,8 % des communes de Franche-Comté touchées d’après la F.R.E.D.O.N. Franche-Comté, chargée de coordonner la lutte régionale. Des décrets préfectoraux ont été pris dans l’ensemble des dépar- tements (celui du Doubs qui remontait à 2014, vient d’être réactualisé). Ils amènent diffé- rents types d’actions : du chan- tier d’arrachage au recensement des foyers… en fonction du niveau d’infestation et du type de milieux (sols agricoles, bords de route, terrains privés...). Sur les dernières cartographies, on a pu observer une présence dans le Grand Besançon, “sans que l’ambroisie y soit vraiment implantée. Ici, c’est lié à des chan- tiers et des déplacements de terre”, note Marc Vuillemenot du Conservatoire botanique national de Franche-Comté. “On a pu en voir sur les accotements dans le secteur des Montboucons,

Marc Vuillemenot rappelle que les activités humaines favorisent la propagation de l’ambroisie.

N ez qui coulent, yeux qui piquent, gorge irritée… Ces symp- tômes, les personnes sensibles aux pollens les connaissent bien ! Elles devront malheureusement encore faire avec, durant ce mois de septem- bre, tout juste sorties de la période de pollinisation des gra- minées. La faute à l’ambroisie qui prolonge la période des aller- gies. Son pollen, à l’origine de fortes réactions, “engendre rhi- nites, conjonctivites, trachéites, eczémas… et même dans 50 % des cas de l’asthme” , remarque le docteur Jean-Marc Rame, coor- dinateur du Réseau d’allergolo- gie de Franche-Comté. “Le pro- blème est qu’il va toucher les allergiques actuels mais aussi recruter de nouveaux aller- giques.” Dans les zones infestées par l’ambroisie, 6 à 12 % de la popu- lation sont concernés (jusqu’à 20 % pour les plus exposées). Si le Doubs est peu concerné

ritoire, mais on peine encore ici et là à mobiliser. “On se croit à tort épargné ici, alors qu’il y a un repérage insuffisant. Sans signalement, on ne voit pas le problème. Tout l’enjeu consiste à intervenir au plus tôt pour contenir sa dispersion. On mise pour cela sur une action collé- giale (collectivités, particuliers, agriculteurs, chefs de chantier… )” , indique Nezha Leftah-Marie, responsable de l’unité santé environnement du Doubs à l’Agence régionale de santé, qui rappelle qu’une plateforme de signalement a été créée il y a deux ans (www.signalement- ambroisie.fr). n S.G.

sur le quartier Saint-Claude, dans les terre-pleins à Château- farine et aux bords de la R.N. 83 vers Larnod ou de l’A 36 vers Chemaudin” Des signalements ont aussi été faits par le passé sur Vaire-Arcier et Thoraise. “Les premières taches ont été trouvées à Besançon durant les travaux du tramway” , explique Guy Longeard du service des espaces verts. “Depuis, la Ville assure une veille constante.” 69 communes seraient concernées dans le Doubs avec une appa- rition progressive en altitude sur le premier plateau (Mami- rolle, Étalans…). Une centaine de référents communaux ont été désignés pour animer le ter-

L’ambroisie colonise surtout les abords de route (R.N. 83, A 36) dans l’agglomération, et apparaît de façon isolée dans les zones commerciales et d’activités de Besançon.

10 DOSSIER BESANÇON

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POLÉMIQUE

Sur fond de conflit de voisinage Une casse peut-elle s’installer dans une zone naturelle ?

C’est la question que pose un riverain du quartier des Torcols en conflit avec le propriétaire d’une casse automobile qui prévoit de déménager son activité. Le riverain mécontent avait entamé une grève de la faim.

Pompiers Dans le cadre de sa politique de recrutement de sapeurs-pompiers volontaires, le Service départemental d’incendie et de secours du Doubs souhaite renforcer les effectifs du Service de Santé et de Secours Médical (S.S.S.M.) et recrute donc des médecins et des infirmiers. Vous êtes médecin ou infirmier ? Vous avez envie de diversifier votre activité professionnelle ? Vous pouvez rejoindre l’équipe du S.S.S.M. Contact : Médecin-cheffe Laure- Estelle Piller au 03 81 85 36 21 ou au 06 74 75 77 48. Routes Le Département du Doubs a lancé le 15 juillet la restauration du pont entre Sauvagney et Chambornay-lès-Pin qui permet de franchir l’Ognon constituant la limite entre le Doubs et la Haute-Saône sur le R.D. 205. Objectifs : supprimer la limitation de tonnage existante, élargir la voie unique à 3,5 m et sécuriser le franchissement des piétons hors chaussée. Montant de l’opération : 455 000 euros. La route est totalement fermée jusqu’au 31 décembre. Mise en place d’une déviation via Émagny. Installée depuis plusieurs décen- nies chemin de Valentin, l’en- treprise Auto Pièces 25000 a prévu de déménager une partie de ses activités à quelques cen- taines de mètres de là, chemin des Champs, en lieu et place d’une ancienne usinemécanique. Or, la révision du plan local d’ur- banisme de Besançon a récem- ment prévu de classer ces ter- rains situés entre le chemin de Valentin et la rocade menant à Valentin en zone naturelle. Plu- EN BREF L a préfecture est saisie de ce dossier que Georges Scalabrino, un habitant du quartier des Torcols à Besançon est bien décidé à mener à son terme. Cette ques- tion est même devenue publique à l’occasion d’un des débats orga- nisés par le maire de Besançon dans les quartiers en juin der- nier. Ce dernier, interpellé par le riverain mécontent, s’est engagé à faire la lumière sur ce dossier. De quoi s’agit-il préci- sément ?

Le terrain en question était jusqu’ici classé en zone à urbaniser, la révision du P.L.U. le classe en zone naturelle.

sieurs élus locaux se sont rendus sur place à la demande de M. Scalabrino (qui est par ailleurs en procès avec ces voisins suite à un conflit de propriété). Jacques Grosperrin, Éric Alauzet, Anne Vignot,Anthony Poulin, Ludovic Fagaut ainsi que plusieurs asso- ciations de défense de l’environ- nement (F.N.E., C.P.E.P.E.S.C.) ont fait le déplacement pour constater la réalité des faits que dément le propriétaire incriminé. “M. Scalabrino a déjà perdu plu-

sieurs procès contre nous, il souhaite sans doute se venger. Concernant ce site du chemin des Champs, nous pré- voyons d’en faire juste une zone de démontage des véhi- cules, sur 100 m 2 à peine. Le classement ou non en zone naturelle ne change rien” justifie Franck Petitjean, le gérant

d’Auto Pièces 25000. Mais M. Scalabrino ne décolère pas. “La Ville nous oblige à réa- liser pour notre domicile une mini-station de traitement des eaux usées qui va nous coûter plus de 15 000 euros et on laisse faire n’importe quoi à d’autres ? On ne va pas me faire croire qu’une activité de démontage de carcasses de voitures n’est pas polluante ! Je dénonce une injus- tice” martèle le riverain qui affirme par ailleurs que la société

en question “n’a toujours pas d’agrément préfectoral.” Pour médiatiser son opposition, Georges Scalabrino avait entamé une grève de la faim le 19 août. La préfecture du Doubs a déjà diligenté plusieurs enquêtes sur l’activité de ce garage également spécialisé dans la vente de véhi- cules d’occasion et de pièces déta- chées. Il avait été mis en demeure une première fois en 2013 de respecter la législation des casses automobiles et un

inspecteur de l’environnement avait réalisé le 16 novembre 2017 une nouvelle inspection du site. Le propriétaire des lieux avait été invité notamment à procéder à l’évacuation des déchets et des véhicules hors d’usage. Depuis l’an denier, la préfecture du Doubs n’a donné aucune nouvelle. “Le fond de l’affaire, c’est que M. Petitjean va déménager pour ensuite pouvoir vendre son ter- rain chemin de Valentin et réa-

liser une opération immobilière” laisse entendre M. Scalabrino. “Ce sera certainement mis en vente confirmeM. Petitjean,mais ce terrain ne m’appartient pas personnellement.” Des propriétaires d’un autre ter- rain situé chemin des Champs avaient acquis une parcelle il y a quelques années pour y construire une maison. Mais le classement en zone naturelle les y en empêche… ■ J.-F.H.

“Je dénonce une injustice” fulmine le riverain.

POLITIQUE Municipales 2020 Vers d’improbables alliances ? Des centristes avec une partie de L.R.E.M. pro Alexandra Cordier. Des Républicains qui ratissent large. Tout ce petit monde cherche à casser la dynamique Anne Vignot et isoler Éric Alauzet.

U ne nouvelle ère politique s’amorce àBesançon.Des discussions encore impen- sables il y a peu de temps se nouent dans le secret entre des personnes qui jusque-là s’op- posaient au conseil municipal. Alors que les programmes des candidats se dessinent,LesRépu- blicains - conduits par Jacques Grosperrin - discutent avec le centre gauche. Du côté du centre droit (Agir), Philippe Gonon et Catherine Comte-Deleuze se rapprochent fortement d’Alexandra Cordier et s’éloignent des mêmes Répu- blicains avec qui ils ont partagé l’oppositionavant de prendre leur distance il y a un an et demi.L’art dugrand écart ? “Il y aune crainte de voir des idées éloignées des nôtres, c’est-à-dire des extrêmes, de prendreune ville commeBesan- çon” dit Philippe Gonon. N’est- ce pas aussi unmoyen de bloquer des candidats qui montent ou qui font peur ? Il y ade cela. “Il appar- tient à la génération des quadras de prendre les choses enmain car il semble évident que le besoin de renouvellement des élus est une

nous donne largement au-dessus des autres, coupe Anne Vignot qui sort des journées d’été de son parti avec dynamisme. Nous avons balayé le scepticisme, cela libère la pensée politique.” Le 12 octobre,“L'Équipe”réunira au Kursaal à Besançon toutes les personnes qui le souhaitent autour de leur projet. ÉricAlauzet officiellement investi par le parti L.R.E.M. devait ren- contrer fin août Alexandra Cor- dier. Il sera question de pro- gramme. Suite au vote “serré” de la commission d’investiture du parti, la référente En Marche Doubs souhaite “qu’une part importante des idées et des per- sonnes du collectif Besançon Métropole 2020 se retrouvent dans le projet de L.R.E.M., dit-elle. Nous avons élaboré plus de 120 propositions avec et pour lesBison- tins. La clé de la réussite, c’est le rassemblement.Besançon restera dans le bon camp politique, à savoir celui du progrès, de l’hu- manisme,si nous savons rassem- bler au-delà de nos différences avec ÉricAlauzet ! Je pense aussi ànos partenaires du centre gauche

exigence forte : il serait juste de confier à une nouvelle classe, très rajeunie, le soin de penser et de construire son propre avenir” dit Philippe Gonon qui ne cache pas un rapprochement avecAlexan- dra Cordier (36 ans). Parmi les autres “quadras”, citons égale- ment Nicolas Bodin, investi par le Parti socialiste (48 ans), ou encore Laurent Croizier pour le MoDem(44 ans).Ludovic Fagaut (L.R. - 41 ans) sauf surprise, se range derrière son chef de file. AnneVignot (E.E.L.V.),confortée par les résultats des élections européennes, a vécu un été radieux grâce à un sondagemené par L.R.E.M. la donnant large- ment en têteau premier tour devant ÉricAlauzet à Besançon.

L’intergroupe a été le premier à compren- dre la nécessité à s’ouvrir aux autres et a lancé un “appel à l’union” signé par 400 Bisontins. “Ce n’est qu’un sondage, je garde les pieds sur terre et je reste modeste même s’il

“Je garde les pieds sur terre.”

Anne Vignot revigorée par un sondage estival qui la placerait en tête au premier tour.

Cette rentrée politique tient déjà ses promesses alors que laFrance Insoumise n’a pas encore dévoilé sa tactique. ■ E.Ch.

et du centre droit. Il y a beaucoup d’attente” conclutAlexandraCor- dier.Le député risque aussi d’être affaibli dans son propre camp suite à son vote contre le C.E.T.A.

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