PEPS_26_BasseDef (2)

des fourmis 134 dans les jambes

On devine à peine le château de Quéribus,

tant il fait corps avec la crête calcaire dominant le village de Cucugnan.

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Perchéà700msurundesdoigtsdepierrequi hérissent l’arête méridionale des Corbières, le château s’admire depuis le sud. Cramponné au-dessus du col deMaury, face à la chaîne des Pyrénées et à l’imposant Canigou, son rôle de vigie s’impose. Il fut d’ailleurs gardien du royaume d’Aragon avant de veiller sur celui de France. Quand les forces capétiennes s’en em- parent, en1255, elles font tomber ledernier refugedescathares protégés par Chabert deBarbaira, le chevalier qui commande Quéribus… À l’approche du château, le vent gi e le visiteur et le plaque contre le rempart. L’ascension dévoile une impres- sionnante chicane taillée dans la roche et trois enceintes qui épousent la falaise. Le donjon étonne par l’apparat de sa grande salle voûtée à croisée d’ogives et sa baie à meneau cruciforme. David Maso pointe les angles du sommet : ils sont arrondis pour limiter l’impact des boulets de canon. « Au XV e siècle, lechâteauest adaptéaudéveloppement de l’artillerie à feu. Le donjon est abaissé et renforcé avec une chemise de plusieursmètres d’épaisseur. » Cela ne l’empêchera pas d’être la cible de tirs de canon sur son anc nord-est, comme en té - moignent encoredes tachesbrunes. Lieuexaltéoùsou ent la tramontaneet lasolitude, Quéribus fut probablement leposte avancé d’uneplace fortebienplus vaste, qui surpasse toutes les autres par son ampleur et la beauté de son site: le châteaudePeyrepertuse. Àseulement quelques kilomètresderrière la crête suddesCorbières, cette citadelle se confond avec l’a eurement rocheux de 300m de long sur lequel elle s’étire. Une odeur entêtante de buis accompagne lemarcheur jusqu’à sonsommet, sur unsentier qui contourne “l’éperon”: une pointe à l’est de l’enceinte qui Peyrepertuse, le cerbère de la vallée du Verdouble

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évoque l’étraved’unnavire. Le sondes cloches quimontedu village de Rou ac, au loin, solennise le moment… « Il s’agit  d’un château hautement stratégique » , relève David Maso. « Peyrepertuse commande à la vallée du Verdouble qui,  plus à l’ouest, rejoint la vallée de l’Aude et Carcassonne. » La forteresse sera dotée d’exceptionnelles défenses par le pouvoir capétien. Sur la crête, nous gravissons “l’escalier de Saint-Louis”, taillé dans une vire pour accéder à la partie la plus élevée du site, le donjon Sant-Jordi. Selon les comptes de 1250-1251, une centained’hommes sontmobilisés pour le construire, à 800m d’altitude. Le promontoire rocheux ser - vait de carrière: à voir lesmarques de taille dans la pierre, on dirait que le chantier s’est interrompuhier…Les registresnous apprennent aussi que la dizaine de soldats de Peyrepertuse disposaient d’une meute de féroces mâtins de Naples. « Ils  font état du ravitaillement en nourriture pour les hommes et pour les chiens depuis Carcassonne. » Une défense dissua- sive – ou inutile? – car Peyrepertuse ne fut jamais assiégé.