La Presse Bisontine 217 - Février 2020

La Presse Bisontine n°217 - Février 2020 25

l Planoise

80 % de logements sociaux

Les habitants crient leur ras-le-bol Plus de 200 personnes se sont réunies place Cassin à l’appel du conseil citoyen de Planoise le 15 janvier dernier. Problème : les familles des dealers n’étaient sans doute pas présentes.

“L e vivre ensemble, c’est un beau concept, mais vivre avec, c’est encore plus compliqué” lance cette riveraine, sous-entendu vivre avec la peur, les trafics et ce sentiment d’in- sécurité qui, à écouter les “anciens” habitants, est un phénomène très récent ici. “Pendant qu’on est ici place Cassin, les dealers sont en ce moment même square Van Gogh” en sourit presque cet habitant venu manifester son soutien. “On ne va pas baisser les bras à cause de quelques crétins qui nous pourrissent la vie” s’indigne cet autre habitant de Planoise. La cause de tous les maux, à écouter ces personnes désemparées, c’est d’abord la politique du logement menée

depuis des décennies par la Ville de Besançon. “Il y a aujourd’hui 80 % de logements sociaux à Planoise. Quand je me suis installé ici il y a 46 ans, il y avait beaucoup plus de logements

Ils veulent vivre sans peur à Planoise.

conventionnels et donc une vraie mixité entre des familles des classes moyennes et des familles moins aisées. Tout cela est fini” ajoute un autre participant au rassemblement du 15 janvier. Un autre poursuit : “Quand on est arrivé à Planoise en 1968, nous étions dans notre immeuble quatre familles d’ouvriers. Le

“On a fait de la mixité sociale par le bas.”

Beaucoup d’élus (dont la quasi-totalité des candidats aux prochaines muni- cipales), beaucoup d’anciens habitants, très peu de diversité d’origines. À part l’association des Cambodgiens de Franche-Comté venue exprimer elle aussi son souhait “d’améliorer le vivre ensemble sur ce quartier.” Les autres communautés ainsi que les jeunes ont brillé par leur absence. n J.-F.H.

reste, c’étaient des cadres, des policiers, des fonctionnaires. Ma mère a appris le français grâce à nos voisins. C’était aux Époisses. Le quartier est mécon- naissable.” Lucien, autre ancien de Planoise a son explication : “À une époque, beaucoup de gendarmes habi- taient ici, avant qu’on leur construise des logements à Trépillot. Le car de la gendarmerie venait les déposer tous les soirs et il y avait même une gen-

darmerie aux Époisses. Personne ne bronchait. Le problème, dans les rues de Dijon, de Picardie, de Franche-Comté, c’est qu’on a relogé tous les gens des Clairs-Soleils et de Montrapon au moment où ces quartiers ont été réha- bilités. On a fait de la mixité sociale par le bas, en ramenant les gens qui avaient les plus grosses difficultés.” Problème : la mixité tant réclamée était peu présente ce jour-là à Cassin.

l Zoom Le conseil citoyen de Planoise à la manœuvre

Adrien Vitte, le directeur d’In- termarché-Cassin rassure : “Il n’est pas question pour nous de quitter Planoise. Nous rouvrirons le plus vite possible et nous repartirons de plus belle.” Monique Choux et le conseil citoyen de Planoise étaient à l’initiative de ce rassemblement.

H abituellement chargé de mettre en place des animations sur le quar- tier, le conseil citoyen animé par Monique Choux a initié ce rassemblement d’abord en sou- tien aux commerçants qui ont vu leur outil de travail touché par l’incendie criminel du 31 décembre, Intermarché notamment, et également pour que les habitants viennent libé- rer leur parole. “On réclame d’abord la reconstruction et la réouverture le plus rapidement possible d’Intermarché et des commerces de la galerie. Nous souhaitons aussi lamise en place d’une navette gratuite hebdo- madaire pour que les habitants de Planoise puissent aller faire leurs courses dans un autre Intermarché. Et nous voulions aussi donner la parole aux habi- tants afin qu’ils s’expriment librement au micro, mais aussi dans un cahier de doléances que

Deux cents personnes environ sont venues en soutien.

nous avons remis au maire de Besançon. Ce rassemblement était là pour signifier que la parole était ouverte à tous. Notre idée aussi est d’inciter les diffé- rentes communautés de Planoise à mieux communiquer sur les animations qu’elles proposent tout au long de l’année et nous nous proposons d’être le relais de leurs initiatives afin que l’in-

formation circule mieux dans le quartier. Il y a un autre mes- sage que nous avons souhaité faire passer : que les élus pren- nent enfin la vraie mesure de nos difficultés et de notre réelle souffrance. Il ne faut pas qu’ils imaginent seuls l’avenir de ce quartier. Il faut le faire avec ses habitants” ajoute Monique Choux. n

“Il faudra que les élus du prochain

mandat se mettent au boulot !” lance cet homme.

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