La Presse Bisontine 217 - Février 2020

34 DOSSIER ÉCONOMIE

La Presse Bisontine n°217 - Février 2020

Quand des meilleurs ouvriers de France décident de prendre la route La rue n’appartient pas qu’aux burgers et aux pizzas ! Avec “VagaBon”, Romuald Fassenet, Marc Janin et Vincent Ballot revisitent le concept de la restauration mobile, en version haut de gamme. Une formule qui fait recette. GASTRONOMIE Un “good”-truck

lées, mais pas de cuisine tradi- tionnelle française.” C’est ainsi que l’idée d’intégrer l’expertise de meilleurs ouvriers de France (M.O.F.) à ce milieu du street- food lui est venue. Une brève présentation de son concept suffira à convaincre le chef étoilé Romuald Fassenet, le fromager de Champagnole Marc Janin et le torréfacteur de Marnay Vincent Ballot, trois M.O.F. du cru. “Ils ont eu un moment de silence, ce qui m’a d’abord inquiété” , se souvient Nicolas Bouveret, “mais c’était parce qu’ils réfléchissaient déjà à l’après.” Par goût du défi et de l’innova- tion, les voilà donc lancés dans l’aventure de ce “camion cuisine”, un peu à contre-pied des codes classiques de la restauration itinérante. “On a immédiatement décidé de ne faire que de l’évé- nementiel.” Les réservations d’entreprises représentent le gros de leur activité, devant les événements publics et “les par- ticuliers qui font appel à ce ser- vice pour un anniversaire, un lendemain de mariage…” Opé- rationnel depuis la mi-novem- bre, leur “good”-truck amené à se déplacer sur le Grand Besan- çon, et dans toute la Région comme à l’extérieur, a déjà réa- lisé une dizaine de prestations.

P our un cocktail, des ani- mations culinaires ou encore une soirée pri- vée…Leur camion se voit de plus en plus sollicité, avec un carnet de commandes déjà bien rempli en 2020. Présent à la prochaine percée duVin jaune où il servira des mets raffinés

comme un velouté de butternut ou une poularde aux morilles, le “VagaBon” a également été retenu pour participer auNordic festival à Annecy en août et pourrait se stationner à la Saint- Valentin dans un musée pari- sien. “Comme tout le monde, j’ai

constaté que les food-trucks géné- raient beaucoup d’intérêt mais aussi de déceptions sur les files d’attente et le débit de service, entre autres” , explique Nicolas Bouveret, consultant en com- munication à l’origine du projet. “On y trouve aussi toutes sortes de propositions culinaires déca-

Leur camion ne sort que pour des événements privés (prestations traiteur) ou publics.

L’exigence M.O.F. se retrouve jusque dans la qualité de service avec la possibilité donnée de réserver son menu, choisir l’heure de retrait et payer en ligne “pour éviter les temps d’at- tente sur des événements comme la Percée.” Une attention parti-

nuel Chamouton qui met le tout en musique une fois sur place dans le camion, pour lequel un investissement de départ de 100 000 euros a été consenti. Les deux autres M.O.F. fournis- sent de leur côté des produits d’exception comme “de très vieux comtés que Marc Janin est le seul à proposer.” D’autres M.O.F. se sont déjà dits intéressés pour entrer dans la boucle et être représentants sur les événements hors région. L’avenir pourrait aussi passer par l’acquisition de nouveaux camions et la déclinaison du concept en version sédentaire (sorte de “fast-good”). n S.G.

culière a aussi été portée sur le condi- tionnement, fabri- qué en France. La confection des plats elle-même se fait à l’extérieur du camion, dans la cuisine du château du Mont-Joly à Sampans, par Romuald Fassenet et son équipe. C’est le jeune chef indé- pendant Emma-

Des plats étoilés à emporter.

www.vagabon-mof.fr

Les associés proposent une restauration mobile haut de gamme (photos S.A.S. VagaBon).

INNOVATION Domaine des lubrifiants Pourquoi Airbus, la Chine, Alstom, s’intéressent-ils à elle ?

Née à Besançon en 2016, partie à Dole depuis, Afuludine met au point des lubrifiants non huileux et respectueux de l’environnement. Portée par des chercheurs bisontins, la découverte est aujourd’hui commercialisée.

L e Grand Besançon n’a pu lui proposer un espace où s’éman- ciper,Afuludine a migré à Dole où la Communauté urbaine lui a mis 1 000 m 2 de bâtiments à dispo- sition. C’est pourtant à Besançon que Fabrice Lallemand, enseignant-cher- cheur à l’I.U.T. de Besançon-Vesoul, Xavier Poizard (Institut F.E.M.T.O.- S.T.) et Jean-Marie Melot (Utinam) ont mis au point une technique révo- lutionnaire dans le monde des lubri- fiants. La particularité de cette tech- nique est de lubrifier, dégripper et protéger des pièces mécaniques sans corps graisseux (donc sec). Inutile de déplorer le départ de cette start-up dont la presse nationale parle : “Nous avons trouvé à Dole le terrain fertile pour nous développer” dit simplement Fabrice Lallemand qui a travaillé il y a quelques années sur les crisse- ments du tram, problème qu’il a résolu mais qui n’a pas été choisi par le

Grand Besançon. Afuludine née à l’incubateur de Franche-Comté est désormais une aventure industrielle puisque des firmes commeAirbus,Alstom, Brandt, la Chine, des pays du nord de l’Europe ou encore l’équipe cycliste Groupama- F.D.J. travaillent ou projettent de col- laborer avec elle. Pourquoi ce choix ?

La recherche et développement est réalisée par d’anciens universitaires bisontins.

à Afuludine d’obtenir le prix Potier (prix national en chimie), le prix de l’environnement (2016), le prix Éco- Efficacité, le concours européen en 2018. Quatre ans après sa création, la start- up a levé l’an dernier 1,2 million d’eu- ros auprès de trois investisseurs francs-comtois : le Crédit Agricole, la Banque Populaire, Zébu développe- ment. Elle emploie 15 personnes dont un bon nombre sont d’anciens élèves ou ingénieurs de l’Université. Dispo- nibles pour les professionnels de l’in- dustrie mais aussi les artisans, les produits le sont également pour les

particuliers dans les grandes surfaces de bricolage. “Les industriels viennent vers nous grâce au bouche-à-oreille” indique Fabrice Lallemand. En novembre dernier, la société a intégré l’accélérateur de start-up Airbus à Toulouse. Des commerciaux devraient être recrutés : “Nous devons désormais prendre une direction et savoir si l’on augmente notre force commerciale dans les mois à venir.” La firme recherche d’ailleurs un électrotech- nicien pour développer ses systèmes de pulvérisation. Afuludine est un as de la glisse écolo. n E.Ch.

Parce que l’invention des Bisontins permet de ne plus utiliser d’huile (issue du pétrole ou du végétal) pour créer, lubri- fier, entretenir des pièces. Leur secret : de l’eau, de l’alcool issu de la produc- tion de betterave, et le travail des molécules. Qui dit absence d’huile, dit absence de produits dégraissants et absence d’eau pour nettoyer. Cette invention a permis

“Pour l’instant,

le bouche- à-oreille.”

Fabrice Lallemand, dirigeant et co-fondateur de Afuludine.

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