La Presse Bisontine 217 - Février 2020

LE PORTRAIT

39 La Presse Bisontine n°217 - Février 2020

BESANÇON

Un pilier de la municipalité sous Jean Minjoz

André Régani, l’homme qui avait révolutionné le centre-ville Ancien adjoint sous l’ère Jean Minjoz, c’est lui qui est à l’origine de la piétonnisation du centre-ville de Besançon et du développement du réseau de transport en commun. Quarante-cinq ans plus tard, André Régani estime que Besançon a perdu son avance en la matière. Souvenirs.

À 92 ans, André Régani a une mémoire infail- lible. Il lui faut peu de temps pour retrouver toute sa pugnacité, celle qu’il avait déjà dû employer à l’époque pour convaincre ses pairs, au temps où la bagnole était reine en ville et où on ne se préoccupait pas des questions de mobilité, si présentes aujourd’hui dans les débats. L’an- cien adjoint de Jean Minjoz, entre 1965 et 1977, n’a rien perdu non plus de sa classe ni de sa prestance, malgré le poids des années. Dans son appartement du quar- tier des Chaprais,André Régani conserve dans son bureau une partie de l’histoire de la ville.

Car la piétonnisation du centre- ville ainsi que le développement du réseau de bus, c’est à lui qu’on les doit. Quand son plan de cir- culation a été adopté en 1974, Besançon était alors pionnière en la matière, citée en exemple à l’échelle nationale. Pourtant, le plan Régani n’a pas été simple à mettre en place, il a fallu d’abord surmonter une ava- lanche de contestations venues de tout bord. L’ancien élu raconte : “J’ai découvert les ques- tions de mobilité quand j’ai fait mon armée, j’étais affecté dans un régiment du train. Quand je suis rentré à Besançon, j’ai conti- nué àm’intéresser à ces questions. Il a ensuite fallu convaincre, et d’abord Jean Minjoz.”

tas d’autres choses qui n’inté- ressaient personne. Et parmi ces domaines peu convoités, il y avait aussi les transports. Il ne savait pas que c’était un de mes domaines de prédilection” se sou- vient M. Régani, l’enfant de Bat- tant passé par les rangs de la Jeunesse ouvrière chrétienne. L’élu bisontin a donc pris à bras- le-corps cette délégation en com- mençant par réétudier complè- tement le réseau de bus alors balbutiant. “ En 1965, les bus transportaient 6millions de voya- geurs par an. En 1971 à la fin du mandat, on était à 8,5 mil- lions. J’ai ensuite fait renégocier à laVille de Besançon le contrat pour qu’elle devienne propriétaire des bus et au cours de ce second mandat au cours duquel tout le réseau a été revu, la fréquentation a triplé,on est passé à 21millions de passagers !” C’est au cours de ce deuxième mandat (1971-1977), qui fut le dernier pour JeanMinjoz arrivé aux commandes en 1953, qu’An- dré Régani a déployé le deuxième volet de son plan de reconquête du centre-ville avec la piétonni- sation des rues de l’hyper-centre. Une révolution pour l’époque. Inspiré par ses visites à l’étran- ger, aux États-Unis et en Scan- dinavie notamment (Göteborg en Suède a été une source d’ins- piration pour lui),André Régani a su convaincre le conseil muni- cipal de la pertinence de rendre aux piétons le centre-ville et de le débarrasser de ses voitures. “Lors de ce deuxième mandat, je n’ai gardé que cette délégation

Le maire de l’époque, converti au socialisme, avait décidé d’élar- gir sa base électorale en s’alliant à d’autres formations, et notam- ment au M.R.P., un parti cen- triste auquel appartenait André Régani. Un peu méfiant, Jean Minjoz confie à André Régani

Avant André Régani, la Grande rue à Besançon, c’était ça…

transport mais que j’ai souhaité coupler avec la voirie et la cir- culation car ces thèmes me paraissaient indissociables. Je me souviens que le plan a été présenté au conseil le 26 janvier 1973 et les premières réalisations ont été faites l’année suivante.” Non sans mal. Les oppositions ont fusé de toutes parts : de ses amis du M.R.P., des commerçants du centre-ville, de la population.“Besançon avait été déclarée comme ville pilote en matière de circulation et le ministère cherchait une ville pour mener une telle expérience au bout. Nous avons bénéficié de fortes subventions, ce qui nous a finalement aidés à convaincre. Mais pendant des mois, j’en ai pris “plein la gueule”, mais je n’ai pas lâché” se remémore le nonagénaire. Le nouveau plan de circulation et la piétonnisation sera inau- guré en 1975. Quarante-cinq ans plus tard, qu’en reste-t-il ? “Pas grand-chose” déplore aujourd’hui André Régani.“Robert Schwint, le successeur de JeanMinjoz en 1977 a jugé qu’on en avait déjà assez fait pour les transports et la circulation. C’est sans doute sa principale erreur de jugement” estime M. Régani avec le recul. “Quand on a dix ans d’avance comme c’était le cas pour Besan-

çon, il était nécessaire de revoir les choses tous les ans pour gar- der ces dix ans d’avance. Hélas, ça n’a pas été fait ainsi” ajoute avec lucidité l’ancien élu qui reconnaît au maire actuel Jean- Louis Fousseret d’avoir “su relan- cer la dynamique avec le tram- way.Mais on n’a pas pu rattraper les trente ans de retard que nous avions pris.” Sous ses deuxmandats d’adjoint, André Régani avait même conçu l’évolution de son plan de circu- lation avec le creusement du tunnel sous la Citadelle que Robert Schwint finira par réa- liser quinze ans plus tard. Mais entre-temps, les subventions de l’État s’étaient envolées… “Le problème, c’est qu’on a laissé partir les gens habiter de plus en plus en loin de Besançon et qu’il faut désormais les desservir avec du transport en commun. On a pris les choses à l’envers” déplore André Régani qui suit toujours avec un œil gourmand, cinquante ans après, les soubre- sauts de la vie politique locale. Il juge les débats actuels qui opposent les candidats en lice pour mars prochain “beaucoup trop démagogiques. Je n’ai pas encore vu le bon candidat…” sou- pire-t-il sans jamais se départir de son air bienveillant. n J.-F.H.

après la victoire aux municipales de 1965 quelques délégations peu enthousias- mantes de prime abord, et dont personne ne vou- lait s’occuper. “Il y avait notam- ment les pompes funèbres, les marchés et un

Il juge les débats actuels “beaucoup trop déma- gogiques.”

André Régani regarde avec circonspection la situation politique

actuelle de Besançon.

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