La Presse Bisontine 217 - Février 2020

L’INTERVIEW DU MOIS

La Presse Bisontine n°217 - Février 2020

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POLITIQUE

Gabriel Baulieu, premier vice-président de G.B.M.

“La position de Jean-Louis Fousseret est incompréhensible !” Candidat à un sixième mandat dans sa commune de Serre-les-Sapins, Gabriel Baulieu est aussi le premier vice-président de Grand Besançon

Métropole (G.B.M.). Il se pose en gardien de la charte d’agglomération. Pour lui, il est incontestable que le futur président de G.B.M. soit automatiquement le maire de Besançon.

L a Presse Bisontine : Maire depuis 1989, confirmez-vous que vous sollicitez un sixième mandat, ce qui ferait de vous l’élu du Grand Besançon le plus “ancien” ? Gabriel Baulieu : Je confirme que nous travaillons, avec sept mem- bres de l’équipe sortante, à pré- senter une liste et un projet aux habitants de Serre-les-Sapins. La liste n’est pas encore bouclée, nous sommes confrontés aux mêmes difficultés que partout ailleurs, notamment du point de vue des candidatures fémi- nines, mais nous y arriverons. Et oui, je serai candidat à un nouveau mandat de maire. L.P.B. : Après trente ans de mandat, vous n’avez trouvé personne qui serait digne de vous succéder ? G.B. : Ce serait évidemment trop prétentieux d’avancer un tel argument. Mais c’est vrai que si on veut susciter une succes- sion, il faut d’abord dégager le terrain. Ce que je n’ai pas fait car il y a je pense chez moi une passion profonde pour la chose publique. Je n’ai d’ailleurs jamais aspiré à d’autres man- dats nationaux par exemple car j’ai envie de continuer à agir pour ma commune et pour l’in- tercommunalité. L.P.B. : Votre avis sur le jeunisme ou le dégagisme ? G.B. : Ayant été élu pour la pre- mière fois à 35 ans, je ne consi- dérais déjà pas à cette époque que nos aînés n’étaient plus capables de gérer correctement la commune. Je suis plutôt de ceux qui estiment que la sagesse s’acquiert avec l’expérience et l’âge. J’ai toujours considéré un mandat comme étant un C.D.D.

renouvelable. J’estime par ail- leurs que le dégagisme est une absurdité. À mes éventuels adversaires je rétorquerai comme disait l’autre “Ne vous inquiétez pas, je mourrai un jour !” L.P.B. :Ce serait votre sixième et dernier mandat ? G.B. : Je laisserai forcément la place un jour mais il ne faut jamais annoncer que ce sera le dernier mandat, certains s’en sont mordu les doigts ! (rires). Pour Serre-les-Sapins, il y a encore de vrais projets pour ce prochain mandat, qui tournent tous autour du bien vivre. Parmi les projets à mener, il y a la mise en route de notre nouvelle “mai- son du mieux vivre” qui sera un espace de vie, de formation, d’in- formation, d’animation, d’échanges de savoirs. Cet espace sera géré par Familles rurales. À partir de ce nouveau lieu de

Gabriel Baulieu, maire de Serre-les- Sapins et premier vice-président

de Grand Besançon Métropole.

le district. Avec ce rapport 40 % de la population contre 60 % des voix, c’est du donnant-donnant entre les communes de la péri- phérie et Besançon. Cette pré- éminence numéraire est contre- balancée par le fait que le président de G.B.M. est forcé- ment le maire de Besançon. L.P.B. : On peut aussi imaginer que le président de G.B.M. soit un autre élu bisontin que le maire ? G.B. : On courrait droit à la catas- trophe dans ce cas. Regardez ce qui se passe à la Métropole de Rennes où le président est en train de réintégrer la vie civile. Si on cassait la charte, un autre que le maire prendrait aussi le risque majeur de ne pas être élu président de G.B.M. Que devien- drait le territoire si les deux élus, maire et président, étaient

ce que ce système de gouver- nance - qui veut qu’en contre- partie du fait que les communes périphériques aient 60 % des voix à G.B.M. le maire de Besan- çon en soit le président - a porté une fois préjudice à ce territoire ? Jamais, au contraire ! C’est pour- quoi j’affirme que sur cette ques- tion, la position de Jean-Louis Fousseret est incompréhensible. Rien ne justifie sa démarche actuelle. L.P.B. : Elle vous affecte ? G.B. : Depuis 2001, nous avons toujours su collaborer tous les deux en bonne intelligence, tou- jours surmonté les divergences qui ont pu apparaître entre nous, et si les choses ont bien marché jusque-là, j’ai la prétention de dire que ce binôme y a été pour quelque chose. En 19 ans de col- laboration, il se crée forcément des liens d’estime, de considé- ration, voire d’affection. Le mot le plus juste qui me vient à l’es- prit en constatant sa position : “c’est à pleurer…” Pour moi, cette prise de position est inad- missible, irresponsable et per- sonnellement difficile à vivre, je l’avoue. Rien ne peut justifier sa démarche actuelle. L.P.B. : Pourquoi tenez-vous tant au respect de cette charte de gouver- nance ? G.B. : Parce qu’avec un président de G.B.M. qui ne serait pas le maire de Besançon, les choses ne tiendraient pas longtemps. En 1993, sans cette charte de gouvernance, on ne faisait pas

L.P.B. : Que le maire de Besançon s’ap- pelle Anne Vignot, Ludovic Fagaut ou Éric Alauzet, pour vous c’est la même chose ? G.B. : Nous devrons élire le maire de Besançon à la tête de G.B.M., ce n’est même pas discutable et c’est le principe que je défendrai toujours, je m’en fais le gardien du temple et ce, par-delà les sen- sibilités politiques. L.P.B. :Vous évoquez les réussites de l’agglomération, en occultant toutefois que Besançon a forcément perdu de son influence depuis qu’elle n’a plus son statut de capitale régionale. G.B. : G.B.M. est une instance où on se doit d’être le plus opéra- tionnel, rassembleur et efficace possible pour l’avenir. On peut en effet passer son temps à exprimer des regrets concernant cette fusion des Régions mais ça ne changera rien. Bien sûr que cette fusion a été préjudi- ciable à Besançon mais une fois qu’on a dit cela, on ne va pas passer son temps à larmoyer là- dessus. Il faut désormais avoir une vision claire de ce territoire. Quand en 2017 on s’est vus contraints de refuser des com- munes candidates à l’intégration dans l’agglomération, on ne peut pas dire que celle-ci ait été un repoussoir ! G.B.M. est plutôt un centre d’attraction. C’est aussi la raison pour laquelle il est nécessaire que la défense des intérêts de Besançon et de la communauté urbaine repose sur les mêmes épaules. n Propos recueillis par J.-F.H.

Jean-Louis Fousseret à la tête de l’ag- glomération en tant que vice-président de ce qui est devenu G.B.M. Si vous vous représentez pour un sixième mandat à Serre-les-Sapins, c’est sans doute aussi parce que vous comptez jouer un rôle majeur au sein de G.B.M. pour le mandat 2020-2026 ? G.B. : Je compte en effet jouer un rôle à G.B.M. Qu’il soit majeur ne dépendra pas de moi, mais de mes pairs. Je serai le candidat titulaire et si le sort électoral m’est favorable dans ma com- mune, je serai en effet délégué communautaire à G.B.M. Ensuite seulement j’entrerai dans le parcours de notre charte communautaire et serai le can- didat du secteur Ouest pour devenir vice-président. Puis il reviendra au président élu de nommer ses vice-présidents. Je pense avoir une forme de légi- timité pour la suite. L.P.B. : Le futur président de G.B.M. sera forcément le nouveau maire de Besançon ? G.B. : Il est indiscutable que le maire de Besançon soit le pré- sident de G.B.M., c’est écrit noir sur blanc dans la charte de gou- vernance (voir plus bas). L.P.B. : Certains, à l’image de la can- didate Alexandra Cordier, relayée par Jean-Louis Fousseret, semblent tou- tefois affirmer que ce principe n’est pas irrévocable. Pour vous, il l’est ? G.B. : Il est particulièrement regrettable de voir faillir des personnes qui ont été à la base de cette charte et qui aujourd’hui tiennent un autre discours. Est-

vie, nous aurons à proposer aux associations et clubs de la com- mune de devenir partenaires pour le faire vivre. Pour le reste, nous aurons à mener la fin du chantier de réno- vation de l’église et à mener d’au- tres projets comme la construction d’une salle de sport à vocation sport-santé. L.P.B. : Vous êtes aussi depuis 2001 le bras de droit de

“Rien ne peut justifier sa démarche actuelle.”

rivaux ? Ce n’est donc pas à mes yeux un enjeu politique mais c’est un enjeu de territoire. La poli- tique du Grand Besançon se décide au Grand Besançon. Je pense que la plu- part des élus, y compris du Grand Besançon, ont bien compris qu’à vouloir jouer avec cette charte, ils risquent de se brûler les doigts, et pas que les doigts.

“Nous devrons élire le maire de Besançon à la tête de G.B.M.”

Que dit la charte de gouvernance de G.B.M. ? A près l’élargissement du Grand Besançon à 68 communes en 2017, la charte de gouvernance a été remise à jour, 25 ans après sa première adoption en 1993 au moment de la création du district. Le fonctionnement du bureau de G.B.M., l’organe qui regroupe les vice-présidents et les conseillers communautaires délégués, n’a pas changé depuis. Ce bureau est composé à 60 % de représentants de la périphérie et à 40 % de représentants de la Ville de Besançon. Le président est le maire de Besançon. Le premier vice-président est un élu de la périphérie aux termes de l’accord politique que matérialise cette charte. Ce code de bon fonc- tionnement a été revalidé il y a quelques mois. n

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