La Presse Bisontine 217 - Février 2020

La Presse Bisontine n°217 - Février 2020

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l Parti socialiste

Hégémonique autrefois, désormais au second rang

Ce devait être lui le maire Nicolas Bodin en veut à Jean-Louis Fousseret d’avoir précipité la chute du P.-S. Fidèle à son parti, homme de dossier, il doit - comme tous les socialistes - se contenter du second rang.

M ême ses adversaires lui recon- naissent ses qualités humaines et ses connais- sances des dossiers. Des qua- lités qui ne feront pourtant pas de Nicolas Bodin (48 ans) le prochain maire de Besançon, lui qui fut pourtant pressenti comme un potentiel dauphin. C’était avant que Jean-Louis Fousseret ne bascule “En Marche”. Ex-premier secrétaire du Parti socialiste, ex-direc- teur de la campagne de J.-L.F. en 2014, adjoint en charge de l’urbanisme, le quadra pose un regard sur l’état de son parti et l’union au sein de la liste Besançon par nature. La Presse Bisontine : En voulez-vous à Jean- Louis Fousseret de vous avoir abandonné, d’avoir abandonné le parti à Besançon ? Nicolas Bodin : Je lui en veux profondé- ment, très profondément. Politique- ment, j’étais l’un des plus proches. S’il y avait eu un successeur, ça aurait pu être moi. L.P.B. : Où avez-vous pêché ? N.B. : Peut-être suis-je passé pour l’in- tellectuel de la bande. L.P.B. : Vous auriez souhaité une autre trans- mission de flambeau ? N.B. : Oui. Le maire a respecté sa parole et son engagement auprès des Bison- tins. Je lui reconnais ce mérite intel- lectuel : 400 de ses propositions ont été tenues et c’est pour cette raison que la majorité a tenu.

Sorlin, Sébastien Coudry, Alfred Mbongo, Raphaël Krucien. L.P.B. : Il a fallu dire non à des adjoints comme Patrick Bontemps, Thierry Morton, Michel Loyat… N.B. : Oui et chacun à des arguments pour défendre son bilan. Mon regret est que certains ne vont pas nous sou- tenir. L.P.B. :Voir d’anciens P.-S. ou verts partis à En Marche vous gêne-t-il ? N.B. : Je ne m’explique comment des élus comme Éric Alauzet ou Frédéric Barbier peuvent rester à En Marche alors que ce gouvernement fait une politique de droite. L.P.B. : Cette alliance avec les Verts coule-t- elle de source ? Pourquoi pas La France Insou- mise ? N.B. : A Besançon, les Verts sont à gauche ! C’est la raison pour laquelle il y a un accord. La France Insoumise est radicale. Nous sommes la gauche unie. L.P.B. : Confirmez-vous que certaines réunions du dimanche après-midi entre le P.-S., lesVerts, le P.C.F., Génération(s),A Gauche Citoyens, ont été animées ? Est-il difficile de trouver des points de convergence sur des dossiers sen- sibles ? N.B. : Lorsque vous êtes 5 autour d’une table, c’est forcément plus long à prendre une décision d’autant que chacun a des connaissances des dossiers différentes.

L.P.B. : Pourtant, personne ne semble vouloir assumer ce bilan… N.B. : C’est étonnant. Il ne lègue cet héri- tage à personne car tous les candidats veulent se positionner dans la rupture. L.P.B. : Les socialistes à Besançon doivent dés- ormais apprendre à se contenter des miettes. Quelle est votre analyse ? N.B. : C’est une révolution intellectuelle pour notre parti que je tente d’expliquer à mes camarades. Quand le maire est socialiste depuis 70 ans, c’est normal que nous ayons des réflexes. L.P.B. :Vous êtes bien placé en étant le numéro 2 de la liste Besançon par nature portée parAnne Vignot. Cela a été dur à négocier ? N.B. : Non. Le P.-S. la souhaitait, il l’a obtenue. C’est même Christophe Lime (P.C.F.) qui a proposé que je sois deuxième.

“C’est une révolution intellectuelle pour nous.”

L.P.B. : Vous aurez néan- moins peu d’élus socialistes à vos côtés.Vous faites des déçus car beaucoup se sen- tent écartés. N.B. : Nous passons de 20 conseillers munici- paux à 11. Nous avons voulu 25 % de nou- veaux. Repartent avec nous Abdel Ghezali, CarineMichel,Yannick Pouget, Marie Zéhaf, Sylvie Wanlin. Les nouveaux sont Juliette

Nicolas Bodin, chef de file du P.-S. pour ces municipales.

Les socialistes apportent les plus grosses délégations. Nous sommes d’accord sur le sujet des Vaîtes (le revoir différem- ment), d’accord de ne pas armer la Police municipale, de la gratuité des transports jusqu’à 26 ans et sur une tarification sociale. L.P.B. : Laissez-vous entendre que les autres ne connaissent pas les dossiers ?

N.B. : Non. On leur rappelle certaines réalités. Dans la période actuelle de restrictions budgétaires, on explique que telle décision impose tel choix. L.P.B. : Allez-vous discuter du nom du futur président de la communauté urbaine en cas de victoire ? N.B. : Non, il n’en est pas question. n Propos recueillis par E.Ch.

l P.C.F.

Christophe Lime “Un rassemblement inédit en France”

L’ union de la gauche ne sera jamais totale à Besançon. C’est une illusion. Plusieurs réunions préparatoires ont bien eu lieu avec les membres de la France Insoumise (voir en page 9) mais “ils nous ont répondu qu’il était hors de ques- tion de s’entendre si Vignot, Lime et Bize sont sur la liste. À partir de là, le dialogue n’était même plus possible” déplore Christophe Lime, chef de file du P.C.F. bison- tin et troisième pilier de la liste Besançon par nature. L’union de la gauche rassem- blera donc les Verts, le P.-S., le P.C.F., les radicaux de gauche, l’associationÀ gauche citoyens, Cap 21 et Génération.s. “Un beau rassemblement, inédit en France” insiste Christophe Lime. “Et qui plaît beaucoup” ajoute- t-il avant même d’avoir eu connaissance du sondage de nos confrères de la presse écrite et radiophonique plaçant cette liste loin devant les autres dans les intentions de vote. “Les électeurs

Malgré l’absence des Insoumis, du N.P.A. ou encore de Lutte ouvrière, le communiste Christophe Lime estime que Besançon est “une des rares villes de France” à avoir réussi l’union de la gauche.

Lime. S’il assume lui aussi l’héritage Fousseret au regard du bilan des actions menées par l’actuelle majorité, il nuance concernant la méthode. “Notre méthode sera sans doute différente de celle de Jean-Louis Fousseret si nous l’emportons. Sans doute plus ouverte, plus à l’écoute et donc forcément, ça prend plus de temps” , allusion à peine dissi- mulée aux interminables débats qui animent les débats prépa- ratoires entre les membres de la liste. En fin tacticien, Christophe Lime sait aussi que si la liste Besançon par nature veut avoir une chance de l’emporter, un seul impératif s’impose au soir du premier tour : arriver large- ment en tête. “Il faut être en tête au premier tour pour être en tête au second.” Il ajoute : “Entre les deux tours, je m’attends à toutes les trahisons, mais les trahisons ne viendront pas de notre camp” promet-il. n J.-F.H.

les électeurs de le suivre à nou- veau. “Je crois que personne ne peut dire que je n’ai pas mis en application ce que je disais au cours des derniers mandats.” Le candidat communiste est per- suadé que “Besançon reste une ville de gauche. Les Bisontins sont attachés à des valeurs de justice sociale, de préservation du climat. Et c’est bien nous qui portons ces valeurs-là.” Il sait sans doute aussi que nombre des anciens électeurs de la gauche sont passés pour certains dans le camp du Rassemblement national, pour d’autres dans celui de l’abstention. Il sait aussi que le fragile équilibre qui tient cette liste d’union peut à tout moment vaciller. “Bien sûr qu’on a des divergences de points de vue sur certains sujets comme les mobilités ou l’urbanisme, ou encore l’exercice de la démocratie, mais globalement on partage les mêmes valeurs et on fait tous un pas vers l’autre pour trouver le meilleur consensus possible sur tous ces sujets” ajoute Christophe

de gauche étaient perdus jusqu’ici. Avec cette liste, on crée un espoir à gauche, ils se disent désormais qu’on peut peut-être gagner” poursuit l’adjoint au maire. La tête de liste, selon l’élu com- muniste, n’a jamais été contes- tée. “Anne Vignot, c’est elle la patronne. En ce moment, elle apprend à trancher” dit-il. Le P.-S. est en berne et le P.C. n’est pas la meilleure étiquette pour gagner, Christophe Lime en est conscient. Il assume. “Je n’ai aucune frustration. Je me trouve d’ailleurs de mieux en mieux

dans ce parti qui a su se débarrasser de certaines pos- tures trop radi- cales.” Lui compte sur sa longue expé- rience d’adjoint au maire, notamment spé- cialiste de l’eau, pour convaincre

“Anne Vignot, c’est elle la patronne.”

Christophe Lime n’aurait pas pu être tête de liste à cause de son étiquette communiste.

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