SANTE MAGAZINE 520

localisent le plus souvent sur le haut du corps (dos, décolleté…) où la peau est plus épaisse ou autour des articulations, des zones mobiles où des tensions s’exercent. « Dès que l’on suspecte que la cicatrice ne se résorbe pas normalement, on consulte son médecin ou son dermatologue », dit le Dr Michaël Naouri, « ou le chirurgien qui vous a opéré », ajoute le Dr Sylvie Meaume, vice-présidente de la Société française et francophone des plaies et des cicatrisations. CE QU’IL FAUT FAIRE À LA MAISON Combiner pansement occlusif et compression La stratégie la plus répandue et qui a fait ses preuves sur des cicatrices récentes comme anciennes combine le traitement occlusif et la compression. On applique sur la cicatrice au moins 12 heures par jour et pendant deux à quatre mois, un pansement occlusif, en silicone médical ou hydrocolloïde. « Cela permet de mieux l’hydrater », explique le Dr Anne Le Pillouer Prost. « En parallèle, il est recommandé de porter des vêtements compressifs et élastiques le jour et la nuit, et ce, durant de long mois », complète le Dr Naouri. La pression mécanique exercée sur la peau limite la prolifération des cellules et leur “bourgeonnement”. Les pansements (Cerederm, Medipatch gel Z, Cica-care, Dermatix, Elastoplast réducteur de cicatrice, en cas de plaies ou brûlures) comme les vêtements compressifs sont remboursés s’ils sont prescrits par un médecin qui motive une demande exceptionnelle. « Sur le visage, la compression est effectuée grâce à des pansements siliconés, appli- qués 24 h sur 24, précise le Dr Meaume. Lorsque les cicatrices anormales concernent les oreilles, une situation assez fréquente à cause des piercings, la compression

reste possible grâce à des clips adaptés. » En complément, la spécialiste conseille un massage de la cicatrice à travers les pansements « pour casser la fibrose et la rendre plus souple ». À faire tous les jours, pendant quelques minutes. CE QUE PEUT FAIRE LE DERMATOLOGUE Pour contrer l’inflammation responsable du bourgeon- nement de la peau, l’injection de corticoïdes dans la cicatrice est envisagée quand les soins précédents ne suffisent pas. « En revanche, l’application d’une pommade aux corticoïdes est à éviter, car elle risque de provoquer une atrophie de la peau autour de la cicatrice », indique le Dr Naouri. Des injections de toxine botulique sont parfois proposées quand la cicatrice se situe sur le visage « afin d’immobiliser la zone car le mouvement stimule la formation d’excédent de peau », précise le Dr Le Pillouer Prost. Mais elles ne sont pas remboursées. Du laser Le dermatologue peut proposer aussi des séances de laser, associées au duo pansement- compression. « Les lasers vasculaires agissent sur la couleur et la hauteur des cicatrices, explique le Dr Le Pillouer Prost. Au début du traitement, la plaie Des injections de corticoïdes

peut devenir encore plus rouge. Puis, elle dégonfle et blanchit progressivement. » D’autres lasers (fractionnés type CO 2 , Erbium, Yag, ou pulsés non ablatifs) agissent sur la texture et la souplesse de la cicatrice qui peut être dure et contractée. Par exemple, l’association laser pulsé et injections de corticoïdes réduit le risque de récidives. « Si la plaie est très épaisse ou résistante, certains médecins utilisent les microtrous créés par le laser pour faire pénétrer de la cortisone administrée », poursuit le Dr Naouri. Le traitement n’est pas douloureux, mais désagréable : une sensation de coup d’élastique ou des micro-échauffements très brefs sont décrits. Il faut prévoir trois à quatre séances espacées d’un mois quel que soit le laser, pour un coût de 95 à 300 € la séance (selon la taille de la cicatrice à traiter), non remboursé. CE QUE PEUT FAIRE LE CHIRURGIEN Quand rien d’autre n’a fonctionné « Si le chirurgien retire uniquement la partie bombée de la cicatrice, il y a 90 % de récidive », souligne le Dr Le Pillouer Prost. Il faut une chirurgie particulière, qui cible le “sous-sol” de la cicatrice, et y associer les traitements précités : pansement, compression et massages, pour que la cicatrice soit à terme plus fine et linéaire.

INFO + En été Si le pansement utilisé pour l’occlusion ou la compression est transparent, on le change pour un pansement opaque ou on le recouvre d’un sparadrap micropore de couleur chair !

PEUT-ON LES PRÉVENIR ?

Quand on a eu des cicatrices qui bourgeonnent, il est préférable d’anticiper et d’appliquer le duo pansement- compression, et de masser la cicatrice dès le retrait des fils (4 jours pour le visage, 15 pour le corps).

Le chirurgien peut aussi utiliser au bloc opératoire, s’il en est équipé, un laser censé réduire l’inflammation et la croissance collagénique qui est responsable du développement de peau autour de la plaie.

MEDICAL Z

105 SANTÉ MAGAZINE I avril 2019

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