SANTE MAGAZINE 520

ÊTRE ATTENTIF À L’AUTRE

ET À CE QU’IL DIT POUR

PACIFIER LES ÉCHANGES 4 Évaluer ce qui se joue

6 Écouter avec attention Faire silence, être à l’écoute, et reformuler pour être sûr d’avoir compris pacifiera les échanges. L’autre sentira que vous ne cherchez pas à tout prix à l’éduquer, mais que vous vous intéressez à ce qu’il vit sans a priori . L’exercice consiste à mettre de côté ce qui se passe pour soi (indignation, gêne, dépit...), à engager son interlocuteur à parler, à lui faire préciser sa pensée et ses émotions. Les phrases type préconisées sont les suivantes : “Quand tu dis (entends, vois, te souviens) que... est-ce que tu ressens...”, “Parce que tu as besoin...”, “Est-ce que c’est ça ?”, “Est-ce que tu voudrais que... ?” « Ce n’est pas le moment de parler de soi, de donner des conseils, ni de s’apitoyer, alerte Françoise Keller. La qualité d’une présence suffit. »

5 Relever les mots blessants Tout le monde n’a pas les mêmes références culturelles, et des termes employés par l’un peuvent choquer l’autre. « Il faut relever le vocabulaire dégradant, tel le mot “meuf”, sexiste et irrévérencieux, et prendre du recul avec le jeune sans dramatiser, en lui demandant pourquoi il l’emploie. Puis, cherchez ensemble des synonymes acceptables : femme, copine, amie... », dit Johanna Henrion-Latché, experte en sciences de l’éducation. Vous doutez de l’agression verbale ? Si votre corps réagit, se contracte, se hérisse, ou si vous bégayez ou restez sans voix, c’est que vous êtes heurté. Pas question d’ignorer l’attaque ou l’incivilité, mais restez courtois afin de ramener l’autre à son humanité (et la vôtre), et soyez rationnel puisque les faits sont passés.

Derrière la violence verbale exprimée par soi (ou l’autre), il y a des besoins non satisfaits. Besoin d’être rassuré, reconnu, aimé, écouté, réconforté, soutenu... Ceci vous permettra de mieux comprendre vos réactions et celles des autres. « Votre enfant quitte la table avant la fin du repas ? Il refuse d’y revenir en hurlant ? Vous extrapolez qu’il n’aime pas le plat, et vous l’apostrophez, illustre Françoise Keller. Avant de saisir que ce repas de famille était trop long pour lui et qu’il avait besoin de bouger. » Veillez à bien mener votre introspection, un besoin s’exprime en termes positifs et n’implique ni une autre personne ni une action concrète. En clair, “J’ai besoin de...” et non pas “J’ai besoin que tu...” De même, dites “Je” et non pas “Tu”, ou un “Vous” accusateur. Dans le cas d’un voisin bruyant, expliquez “Le soir, je rentre fatigué, j’ai besoin de calme et j’ai été gêné par la musique” et non pas “J’ai besoin que vous vous calmiez !”

WESTEND61 / GETTYIMAGES

124 SANTÉ MAGAZINE I avril 2019

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