SANTE MAGAZINE 520

santé Mise au point

EST-ON MIEUX SOIGNÉ AUJOURD’HUI ? Longtemps banalisés, les symptômes d’une maladie de Lyme sont davantage pris au sérieux. Mais l’existence d’une forme chronique suscite toujours la controverse, ce qui ne facilite pas la vie des patients. Sylvie Dellus MALADIE DE LYME

E n juin 2018, la Haute autorité de santé (HAS) a publié des recommandations de bonnes pratiques sur la maladie de Lyme. Ce document sert, en principe, de référence. Mais une partie de la communauté médicale (Académie de médecine, Société de pathologie infectieuse de langue française, Collège national des généralistes enseignants...) s’en est désolidarisée. Ces sociétés savantes butent sur ce que la HAS appelle le “syndrome persistant polymorphe après une possible piqûre de tique” (SPPT), une entité qu’elles estiment insuffisamment étayée sur le plan scientifique. Cette forme chronique de la maladie suscite d’intenses batailles d’experts, propres à semer la confusion dans le grand public. Exemple troublant, le Conseil de l’ordre des médecins de l’Ain a, en septembre 2018, incité les praticiens à ne pas appliquer les recommandations officielles. La HAS a déploré une initiative pouvant entraîner “une perte de chance” pour les patients. Soucieuse de clarifier le débat, la Haute autorité de santé s’est engagée à réunir tous

La prise en charge des formes simples Les recommandations de la HAS ont balisé la prise en charge des patients présentant un érythème migrant, cette tache rouge caractéristique qui apparaît dans 95 % des cas de Lyme. « Comment faire le diagnostic, quel traitement donner et sur quelle durée ? Sur ce point, les recommandations sont claires », dit le Pr Yves Hansmann. Des centres-experts vont voir le jour Leur création est prévue dans le document de la HAS. La Direction générale de la santé a lancé un appel à candidatures fin 2018. Le rôle de ces cinq “centres de référence des maladies vectorielles à tiques” sera de traiter les cas complexes et de piloter des protocoles de recherche. Ils doivent être labellisés d’ici fin juin. CE QUI COINCE ENCORE La forme chronique très contestée « La situation s’est durcie et les malades sont moins bien lotis. Les centres hospitaliers ne veulent pas entendre parler de Lyme

les six mois des médecins et des associations de patients pour faire le point sur les connaissances scientifiques. La deuxième réunion de ce groupe devait se tenir fin janvier. « Notre objectif, c’est de continuer à dialoguer et d’arriver à un consensus, dans l’intérêt du patient », assure Estelle Lavie, cheffe de projet au sein de la Direction de l’amélioration de la qualité et de la sécurité des soins. En attendant, les médecins et les patients se heurtent encore à de nombreuses difficultés. CE QUI A PROGRESSÉ L’écoute des malades Il y a eu indéniablement une prise de conscience. Le message de vigilance vis-à-vis des piqûres de tiques est bien passé dans le grand public, mais aussi chez les médecins qui portent aujourd'hui plus d'attention aux patients évoquant, en consultation, une maladie de Lyme. Les associations ont participé à l’élaboration des recommandations de bonnes pratiques et continuent à le faire. « Nous avons plus de poids, nous avons gagné en crédibilité », se réjouit Agnès Gaubert, présidente de France Lyme.

NOS EXPERTS

Pr Yves Hansmann chef du service des maladies infectieuses, CHRU de Strasbourg

Pr Christian Perronne chef du service des maladies infectieuses, hôpital Raymond Poincaré, Garches

GARO / PHANIE

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SANTÉ MAGAZINE I avril 2019

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