SANTE MAGAZINE 520

TÉMOIGNAGE

IRÈNE, 26 ANS, TOURS «Le traitement a bien fonctionné » « Cela faisait des années que j’avais mal au moment des règles. Et c’était de pire en pire ! Entre les médecins qui me disaient que c’était normal, ceux pour qui j’exagérais, et ceux qui me prescrivaient des antidouleurs qui ne me faisaient rien, je ne savais plus quoi faire. Et puis un jour, il y en a un qui m’a dit que je souffrais sûrement d’endométriose. J’ai fait des radios, des échographies et c’était bien ça. Je me suis dit : “Enfin, ça va s’arrêter !” J’ai pris un traitement pour supprimer les règles. C’était super. J’ai pu refaire l’amour et ça, mon copain aussi a aimé ! C’est, j’espère, la fin du cauchemar… »

Des traitements peuvent-ils y aider ? Dr Cohen-Solal : souvent, après la prise d’un traitement hormonal, les patientes souffrent moins de dyspareunies. Il en est de même après un traitement chirurgical : quatre mois après l’intervention, on note une amélioration significative du plaisir et une diminution de la douleur lors des rapports sexuels. Dr Mimoun : associer des séances d’hypnose peut aider à mieux gérer la douleur et à lutter contre la perte de désir. Mais ce n’est pas simple, et il vaut mieux le faire avec l’aide d’un coach. Comment en parler à son conjoint ? Dr Cohen-Solal : il faut parler de ses émotions, de son ressenti, et cela est souvent plus facile avec une tierce personne. Il faut oser dire qu’on a peur, peur de la douleur. Il faut savoir partager cette inquiétude pour qu’elle cesse d’être un problème. Ainsi, le

ou arriver à les adapter. La dyspareunie étant le symptôme majeur de l’endométriose, il faut savoir donner de la valeur à la sexualité hors pénétration, à travers les caresses, la stimulation de certaines zones érogènes. Savourer au maximum les préliminaires et partager ce plaisir avec l’autre. Lorsque la femme aura suffisamment repris confiance en elle et en son corps, elle pourra peut-être réessayer les pénétrations. Dr Mimoun : il faut déjà que ce soit des pratiques qui ne la gênent pas. Si certaines sont douloureuses, elle doit les réfuter pour commencer à lâcher prise et essayer de retrouver un certain plaisir. Au début, il sera certainement plus facile de trouver une position qui ne déplaît pas, surtout s’il y a des douleurs, plutôt qu’une position qui plaît. Mais cela lui permettra, petit à petit, de trouver la position adéquate pour elle.

couple pourra, à son rythme, trouver des solutions. Il est important que les hommes soient impliqués dans les consultations afin de leur expliquer les mécanismes de la maladie et leurs conséquences. Ils comprendront mieux pourquoi leur femme souffre et pourquoi elle refuse un rapport sexuel. On évitera ainsi de nombreuses séparations. Dr Mimoun : en parler à son conjoint n’est pas forcément la meilleure chose à faire. Avant de parler, il faut savoir vers où on veut aller, en avançant étape par étape. Le conjoint doit néanmoins comprendre que ce n’est pas lui qui est rejeté, mais que la maladie impose cette distance. La femme peut lui dire : « J’ai très envie d’être dans tes bras, que l’on puisse faire l’amour comme avant, mais la douleur est si forte qu’elle m’empêche de me laisser aller et de profiter du rapport. J’ai découvert des positions qui pourraient peut-être ne pas entraîner de douleurs. Il faudrait qu’on les essaye… »

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ROMAIN LASSER POUR SANTÉ MAGAZINE

87 SANTÉ MAGAZINE I avril 2019

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