Journal C'est à Dire 132 - Avril 2008

Du social oui, des hausses de salaires pas forcément Président du syndicat autonome de la ville de Pontarlier en 1968, Georges Fraschina s’est mobilisé pour apporter plus de transparence et de “dignité” dans la gestion du personnel municipal. Ville de Pontarlier D O S S I E R 19 Jacques Lagier, comme une impression de solitude

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C et ancien couvreur-zin- gueur aux ateliers muni- cipaux avait 33 ans à l’époque des événements. Élu à la tête du syndicat autonome, il ne cachait pas ses affinités avec la C.F.D.T. “C’était un secret de Polichinelle” sourit celui qui adhérait d’ailleurs à ce syndi- cat depuis 1964. “J’étais sur- tout attiré par l’esprit libertai- re qui animait la C.F.D.T.” La liberté et le souci de défendre la dignité humaine en général et de la condition ouvrière en par- ticulier.

Pontarlier en 1968, c’est une peti- te ville beaucoup plus indus- trielle qu’aujourd’hui où 58 % de la population active travaille dans le secteur secondaire. “On traversait une période écono- mique assez prospère sans avoir le sentiment que la base en tire un quelconque profit. 40 ans après, les choses ne semblent avoir guère évolué.” Georges Fraschina partageait évidemment les revendications de la C.F.D.T. qui consistaient à mettre à jour les injustices les plus criantes. “Le syndicat pré-

conisait par exemple que les aug- mentations ne soient plus attri- buées au pourcentage mais de façon uniforme.” Un point de vue partagé par la C.G.T. Outre les conditions de travail, les requêtes portaient aussi sur la recon- naissance des sections syndi- cales dans les entreprises. “Quand je suis entré à la ville en 1960, les délégués du person- nel étaient nommés par le mai- re même s’il existait un simu- lacre d’élection. Et ces délégués étaient renouvelés ou reconduits à chaque scrutin municipal.” Les agents municipaux n’ont pas été les premiers à se mobiliser, ni les plus acharnés à poursuivre la grève. “Après avoir fait une Assemblée générale, on a débrayé environ 3 ou 4 jours en occupant les locaux” , poursuit ce syndi- caliste dans l’âme. Il explique les réticences du personnel muni- cipal à s’engager davantage par cette sacro-sainte sécurité de l’emploi que d’aucuns considé- raient comme un certain privi- lège. “On avait bien d’autres rai- sons d’être solidaires du mou- vement : les bas salaires, le manque de considération vis- à-vis des éboueurs, cantonniers, agents des pompes funèbres. On était encore soumis à un systè- me de notation archaïque. On voulait et réclamait que l’avancement se fasse de façon équitable pour tout le monde.”

Maire de Pontarlier de 1965 à 1971, Jacques Lagier reste partagé sur les événements de 1968 dans sa ville. “Cʼest une période déjà assez lointaine. En tant que maire, je lʼai vécu tout en conservant dʼexcellentes relations avec le per- sonnel communal qui était grévis- te. Les élus avaient la possibilité dʼaccéder librement dans la mairie quand elle était occupée. On fonc- tionnait en bonne courtoisie. On nʼavait pas attendu mai 1968 pour établir un dialogue correct et cour- tois avec les employés municipaux.” Les relations avec les adminis- trés pontissaliens semblaient donc bon enfant. Vis-à-vis des instances gouvernementales, la municipalité fonctionnait plutôt à lʼautonomie. “On ressentait une certaine solitu- de. Nous, élus, avons dû nous débrouiller de façon assez solitaire vis-à-vis de la sous-préfecture.” Sur le fond de lʼaffaire, lʼancien mai- re reconnaît que les revendications émises ne correspondaient pas du tout à son mode de pensée. “Je ne suis pas convaincu que cela ait changé beaucoup de choses. mai 1968 était plus à mon sens le fait dʼune minorité qui ne repré- sentait pas la majorité silencieuse.”

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Parmi les revendications spéci- fiques, le syndicat autonome de la ville demandait la création d’un comité des œuvres sociales, ce qui n’avait rien d’une obliga- tion à l’époque. Le personnel devra patienter jusqu’en 1977 et l’arrivée d’une municipalité de gauche pour voir cette requê- te aboutir. “Entre-temps, on a quand même obtenu l’autorisation de créer en 1971 une section C.F.D.T. qui est tou- jours en place et doit encore être

majoritaire” , glisse-t-il en pas- sant. La Ville a finalement mis un certain temps pour réagir sur les avancées sociales. Un aspect dont se félicite néanmoins Georges Fraschina qui, même s’il n’a plus les éléments de com- paraison en main, n’a pas vrai- ment eu l’impression d’avoir obtenu des augmentations de salaires importantes après Mai 68. F.C.

40 ans après, Georges Fraschina évoque les événements non sans une certaine émotion.

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