Journal C'est à Dire 132 - Avril 2008

D O S S I E R

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Une forte mobilisation des profs et des lycéens Enseignement La révolte initiée à la Sorbonne s’est vite pro- pagée au nouveau lycée de la rue du Doubs qui ne s’appelait pas encore Xavier Marmier. Une ambiance aussi euphorique qu’utopiste.

L essouvenirssontaujourd’hui tropconfuspoursavoirquides ouvriers,desprofsoudes étu- diants furentàl’originedu mouvementdanslacitépontissalienne. “A priori, ce sont les enseignants qui ont réagi les premiers”, avan- ce Jacques Reichard professeur d’anglais alors adhérent au S.G.E.N., branche éducation de la C.F.D.T. Inauguré à la rentrée 1967, le lycée de la rue de Doubs allait connaître des débuts assez mouvementés, au grand désar- roi de son proviseur de l’époque selon Pierre Blondeau, signifiait son refus sans pour autant pou- voir s’opposer à la tendance géné- rale qui allait vite conduire à la fermeture de l’établissement sur décision du Rectorat. Cette poche de résistance ne res- tait pas pour autant inactive puis- qu’elle proposait déjà des cours de rattrapage aux élèves de ter- minale à la M.J.C. “On faisait de même dans les locaux des casernes Marguet.” L’emploi du temps durant la grève reprenait chaque jour le même scénario et asso- ciait réunions, assemblées géné- rales, défilé, avant le regroupe- ment en fin d’après-midi aux Casernes Marguet pour le grand meeting où les leaders syndicaux prenaient la parole pour faire le compte rendu de ce qui se pas- sait au niveau national. “On avait créé une intersyndicale qui ras- semblait syndicats généraux et enseignants. Les manifestations étaient encadrées et se déroulaient sans débordements.” promu à ce poste à un an de la retraite. Pour être franc, tous les ensei- gnants n’étaient pas favo- rables à la grève. Une minorité, quatre ou cinq

Pierre Blondeau comme Jacques Reichard se souviennent du bel enthousiasme qui animait lemou- vement. “Sous l’angle enseignant, on aspirait à abolir tous les sys- tèmes de classement, notations, tableaux d’honneur. On souhai- tait également améliorer les rela- tions entre les profs, les élèves et les parents” , explique Jacques Reichard. L’un et l’autre recon- naissent également que le très beau temps qui régnait en cemois de mai 1968 a aussi contribué au succès de la mobilisation. “On S’il parle d’euphorie et d’effervescence, l’ancien prof de lettres se souvient aussi des fric- tions internes qui commençaient à poindre entre les communistes et les maoïstes. Le lycée de Pon- tarlier fut l’un des derniers à reprendre les cours. “Comme par- tout, il a fallu céder au discours de De Gaulle, analyse Pierre Blon- deau. Mai 68 a apporté une ouver- ture considérable dans les rela- tions entre les enseignants et les élèves. Les foyers socio-éduca- tifs, les délégués de classe résul- tent de ces événements.” Avec quelques collègues, Jacques Reichard a tenté de mettre en place des groupes d’études sur l’école moderne. “L’initiative a vite été bloquée. On avait même pro- posé en terminale un cours sur l’histoire du syndicalisme qui était dispensé par Michel D’Houtaud, le jardinier du lycée également syndicaliste C.F.D.T.” avait projeté “Pierrot le fou” au ciné-club. La séance avait réuni 500 personnes. C’était du jamais vu” , s’emballe Pierre Blondeau.

L’un des derniers à reprendre les cours.

Les profs grévistes se retrouvaient tous les matins en A.G. pour se prononcer sur la reconduction du mouvement.

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Leader lycéen sous pression Témoignage Scolarisé en classe de première en 1967, Serge Filippini, qui vit aujourd’hui de sa plume, figurait parmi les éléments les plus actifs du mouvement lycéen. Souvenirs.

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Q uels que soient les époques et les régimes politiques, les contestataires doivent souvent faire avec des lendemains quidéchantent.Pontarliern’échappe en cela pas à la règle.Lesmeneurs du Comité d’Action Lycéenne (C.A.L.) l’ont vite appris à leurs dépens. “Comme ils avaient été repérés, ils s’exposaient forcément à une sanction. Du coup, ils ont

Bac avec mention. “Je suis tom- bé sur Arthur Rimbaud en fran- çais et j’ai eu une note mirifique en philo avec un sujet sur Karl Marx” , se souvient celui qui avait alors vécu ce redoublement com- me une vraie punition. Dès l’amorce du mouvement, Serge Filippini s’est impliqué immédiatement dans le débat. “Les gens ne se rencontraient

pratiquement tous redoublé” , s’insurge encore Pierre Blon- deau qui n’a toujours pas digéré cette espè- ce de loi du talion par- ticulièrement cynique.

jamais et tout d’un coup ils avaient la possibilité de se réunir, de discuter. La parole circulait. Le ciné-club était noir

La perversité du “combat”.

clair qu’il était difficile de construire quelque chose sur les bases de Mai 68” , reconnaît l’ancien admirateur du “Che”. Les temps changent, les idées aussi. Lycéenne. Un engagement qui lui a valu de redoubler sa classe de Première. Né à Pontarlier en 1950, Serge Filippini était le lea- der du Comité d’Action

de monde. On sentait bien que les gens en avaient marre du gaullisme.” Des événements proprement dits, Serge Filippini en garde un bon souvenir. Avec le recul des années, il est bien conscient de la perversité du “combat” dans lequel lui et tant d’autres s’étaient engagés. “Même si je ne regrette rien du tout. C’est

Serge Filippini fut du lot. “Pour me venger, j’ai décidé de passer le Bac en candidat libre en redou- blant ma classe de Première.” Élève déjà doué et passionné de littérature, le leader du C.A.L., en cela bien aidé par plusieurs professeurs comme Pierre Blon- deau, allait obtenir une super- be revanche en décrochant son

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