Journal C'est à Dire 132 - Avril 2008

L A P A G E D U F R O N T A L I E R

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Statut Frontalier ou résident : avantages, inconvénients On considère le premier statut plus avantageux. Mais cette affirmation est loin d’être aussi évidente dans certaines situations. Comparaison.

V incent Véry et Michel Mathia partagent pas mal de points communs. Le premier est originaire deVillers-le-Lac,le second d’Alsace. Ces jeunes trentenaires sortent de la même école d’ingénieur et plus précisément de l’Institut National des SciencesAppliquées (I.N.S.A.) de Strasbourg où ils ont suivi pendant trois ans une filiè- re en mécatronique. Vocable un peu barbare pour désigner une formation en trois volets : méca- nique, électronique et informa- tique. “Pendant mon stage de fin d’étude, j’ai eu l’opportunité de contacter, par connaissance inter- posée, une entreprise du Val de Travers, Étel, qui m’a proposé un poste d’ingénieur de recherche avant même d’avoir obtenu mon diplôme” , explique Vincent Véry, embauché en août 2000 dans cette société très en pointe dans le domaine des semi-conduc- teurs. Suite à une extension en 2001, Étel recrute de nouveaux ingé- nieurs. Vincent passe l’info à plusieurs copains de promotion. Michel Mathia, engagé alors dans la préparation d’une thè- se, envoie sa candidature. Il décroche lui aussi une place d’ingénieur de recherche en mars 2001. “Du coup, j’ai arrê-

Des changements d’emploi ou d’orientation assez logiques. On peut même considérer qu’ils font preuve d’une certaine stabilité au regard de la plupart de leurs collègues de promotion qui res- tent généralement deux ou trois ans au même endroit. “Au départ, je pensais venir ici quatre ou cinq ans et aujourd’hui je n’envisage plus de repartir” , pour- suit Michel qui s’est déjà posé la question de s’installer en Fran- ce, sans trouver l’alternative qui lui garantisse le même confort de vie. “Dans ma tête, je suis toujours

té mes études pour venir tra- vailler en Suisse” , explique l’intéressé qui contrairement à son collègue choisit également de vivre en Suisse. Il loue un appartement à Cou- vet, commune distante de quelques kilomètres de Môtiers où est implanté Étel. “Je suis arrivé avant la mise en place du second volet des bilatérales. À l’époque, c’était presque plus faci- le d’être résident que frontalier.” Célibataire, sans attache fami- liale dans le Haut-Doubs, Michel privilégie finalement la proxi- mité du lieu de travail. Vincent

Guère de différences entre Vincent le frontalier et Michel le résident qui ont privilégié l’un et l’autre le statut qui correspondait le mieux à leur choix de vie.

adopte quant à lui le mode de vie des fronta- liers. Il effectue quoti- diennement l’aller-retour entre Morteau et le Val de Travers, trajet qui pré- sente l’appréciable avan-

un Français qui vit et tra- vaille en Suisse” , dit-il en précisant qu’il n’a jamais songé à changer de nationalité. Question salaire, l’un et l’autre reconnaissent qu’ils ne

Michel fait rarement plus de 100 km par semaine.

un ingénieur célibataire fron- talier ou résident paie sensi- blement les mêmes impôts sur le revenu, en France pour le pre- mier, en Suisse pour le second. “En gros, l’équivalent de deux à trois mois de salaire.” À confort égal, les loyers sont pratiquement moins chers à Cou- vet qu’à Morteau. Le fronta- lier a souvent intérêt à devenir propriétaire, encouragé en cela par des prêts en devises à des taux toujours attractifs. Ce qui est loin d’être le cas en Suisse où l’accession à la propriété relè- ve encore de l’exceptionnel. Tous trajets confondus, Michel fait rarement plus de 100 km

par semaine contre le triple pour Vincent. Sur le plan de la cou- verture maladie, large avanta- ge au frontalier. Le résident est obligatoirement soumis à un sys- tème de remboursement pri- vé. “C’est le gros coût, reconnaît Michel. On doit souvent faire avec des franchises très élevées qui vous obligent à régler la plu- part des dépenses de santé cou- rantes, sauf à opter pour des for- mules au prix exorbitant.” Au final, aucun des deux statuts ne semble l’emporter, avantages et inconvénients s’équilibrent, la différence relève plutôt d’un choix de vie. F.C. Deuil Quʼavons-nous hérité des générations qui nous ont pré- cédés ? Les non-dits, les secrets de famille, les deuils non aboutis, etc. créent des suppositions, des peurs et des interprétations erronées. Les transmissions transgénéra- tionnelles ne sont pas dites. Ce sont des regrets, des choses tues, cachées, parfois interdites de pensée et qui tra- versent les descendants sans être digérées. Tout ce qui nʼest pas exprimé sera imaginé avec parfois bien des malentendus. À notre tour, si nous nʼy pre- nons pas garde, que risquons- nous de transmettre à nos enfants ? Pour répondre à ces questions, lʼassociation J.A.L.M.A.L.V. Haut-Doubs organise une conférence : “Le deuil transgénérationnel”, ani- mée par Rosette Poletti (psy- chothérapeute et conféren- cière). À Villers-le-Lac (salle des fêtes) mardi 6 mai à 20 heures. Entrée et participation libres. Rens. 03 81 67 17 13. Gospel Concert de la chorale “Gos- pel-Crescendo” de Maîche samedi 17 mai à lʼéglise Saint- Léger, aux Terres-de-Chaux (canton de Saint-Hippolyte). Informations sur le site de la chorale : www.chorale-gospel-crescen- do.info En bref…

vers n’est pas forcément une région très attractive. Les entre- prises font donc des efforts pour retenir leur personnel.” On ne les sent pas trop stressés par leur situation respective. Adepte du triathlon, Vincent profite largement des infra- structures sportives du Val de Travers. Après le travail ou pen- dant la pause de midi, il pra- tique volontiers le footing, fré- quente la piscine. Grand voya- geur, Michel programme sans souci ses futurs périples. “La seule question, c’est de savoir où aller” , sourit-il. On peut diffi- cilement les plaindre. En poursuivant le comparatif,

tage d’éviter le Col-des-Roches. “Comme je passe par le Gardot, les conditions de circulation sont parfois difficiles en hiver. En 7 ans, je suis arrivé une seule fois en retard au boulot” , relativise celui qui vient tout juste de chan- ger d’employeur, en continuant néanmoins à travailler dans le Val de Travers. Michel est toujours chez Étel où il exerce maintenant en tant qu’ingénieur développement.

sont pas à plaindre. “À l’embauche, on gagne 30 à 40 % de plus qu’un jeune ingénieur en France. L’écart s’estompe après un certain nombre d’années” , observe Michel. Frontalier ou résident, ils béné- ficient également de conditions de travail relativement avan- tageuses par rapport à leurs col- lègues exerçant dans les grandes métropoles françaises. “Sur le plan géographique, le Val de Tra-

Affaire La Ville de La Chaux-de-Fonds rend un tableau à une famille juive Accrochée au musée des beaux-arts de La Chaux-de- Fonds, une toile que le régime nazi avait spolié à une famille juive française vient d’être rendue aux héritiers.

S uite à une demande de res- titution d’un tableau que la Ville de LaChaux-de-Fonds possède et dont aurait été spo- liée une famille juive, en France en 1943, le Conseil communal est entré en matière. Le droit suisse ne fait certes aucune obligation à laVille de rendre le tableau.Mais les autorités ont estimé qu’elles avaientundevoirmoral à le rendre, pour autant notamment que la spoliation soit avérée et que ceux qui réclament l’œuvre soient bien les héritiers des personnes lésées. Une récente émission télévisée de France 2 sur la probléma- tique des œuvres d’art spoliées durant la dernière guerre mon- diale par le Commissariat fran- çais aux affaires juives a fait état, entre autres sujets, d’une demande adressée auMusée des beaux-arts (MBA) de La Chaux- de-Fonds. Le Conseil commu- nal, par le directeur des Affaires culturelles Jean-Pierre Veya, confirme que la Ville a effecti- vement reçu en 2006 une demande pour la restitution d’un tableau dont aurait été spoliée une famille juive en 1943 et qui appartient maintenant à la Vil- le. Cette demande, pour laquelle la Ville n’a plus eu de nouvelles pendant plusieurs mois, a cepen- dant fait déjà l’objet de nom- breuses recherches. L’enquête est encore en cours. Il se pour- rait effectivement que le tableau La Vallée de la Stour, de John

Constable, exposé au MBA, ait appartenu à une personne jui- ve, décédée en 1942. Il semble très probable qu’il faisait par- tie du lot d’une vente aux enchères organisée par le Com- missariat aux affaires juives à Nice en 1943. Il a ensuite pas- sé successivement entre les mains de plusieurs propriétaires avant d’aboutir entre celles des personnes qui en ont fait don, quelques dizaines d’années plus tard, à la Ville de La Chaux-de- Fonds. En avril 2008, le Conseil com- munal a informé le demandeur, qui déclare agir au nom des héri- tiers de la personne spoliée, que dans le cas où la spoliation serait avérée, et moyennant quelques autres garanties, une procédu- re serait mise en place pour res- tituer l’œuvre. Le Conseil com- munal entend respecter le devoir moral qu’il s’impose, mais il veut également prendre toute pré- caution nécessaire pour ne pas contribuer à des abus qui iraient finalement à fin contraire. Dans ses démarches, laVille s’est notamment entourée des conseils du Département fédéral de l’intérieur par son service spé- cialisé dans le transfert des biens culturels. Elle a également pris contact avec la Commission fran- çaise d’indemnisation des vic- times de spoliations, commission des services du Premier ministre français.

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