Journal C'est à Dire 132 - Avril 2008

L E P O R T R A I T

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Elle oublie le pire pour continuer à vivre C’était un jour d’hiver, en fin d’après-midi, dans le Haut-Doubs. Constance a été violée alors qu’elle était adolescente. Le crime a été commis il y a plus de vingt ans. Pendant tout ce temps, elle s’est tue. Violence

L e décor est celui d’un bar mortuacien en milieu d’après-midi. En poussant la porte du café, Constance avoue qu’il y a encore deux mois, elle n’aurait jamais eu le courage de pénétrer dans ce genre d’établissement. Ces choses simples pour la plupart d’entre nous sont pour elle une petite vic- toire. C’est le signe qu’elle reprend goût à la vie après plus de vingt années de souffrance. Constance a 39 ans. C’est un prénom d’emprunt, c’est aussi une “qua- lité que j’ai depuis toujours” sou- rit-elle. Pour raconter son his- Elle a été violée quand elle était adolescente par un proche de sa famille. “J’étais la proie idéale et ce type un minable.” Le crime s’est produit dans le Haut-Doubs, en hiver, en fin d’après-midi. “Ça a été très violent, très sanglant. Pour survivre à cela, je n’avais pas d’autre choix que celui d’oublier.” Après avoir pris un bain et mis toutes ses affaires dans un sac-poubelle, “le silence s’est installé.” Constance s’est tue. La cruauté des actes a provoqué chez elle une amnésie consécu- tive à la violence du choc. Depuis, la jeune fille a vécu com- toire, elle a choisi de dis- simuler sa véritable identité derrière ce “joli nom” afin de préserver ce qui lui reste d’intimité après avoir vécu “l’horreur.”

me s’il ne s’était rien passé. Jamais elle n’a porté plainte devant les autorités publiques. Elle n’a parlé de son calvaire à personne ni même à une amie. “J’ai tout fait pour qu’on ne remarque rien. J’ai toujours agi pour me montrer parfaite. J’ai été très exigeante avec moi-même.” Des résultats scolaires corrects, une vie sociale - presque - nor- male, Constance s’est constitué une carapace pour éviter d’avoir à affronter un jour les questions de son entourage qui auraient pu la contraindre à la confiden- ce. “J’ai fait en sorte de réussir tailleur, elle a l’allure d’un cadre commercial. Les apparences sont trompeuses. Le mal-être de Constance est sous-jacent. Jusque-là, elle n’était pourtant pas capable d’en définir la cau- se précise du fait de son état amnésique. La bulle qu’elle s’était constituée pour tenir bon et avancer avec pugnacité pendant toutes ces années s’est craquelée lors du décès d’un de ses proches il y a deux ans. “Tous ces souvenirs que j’avais enfouis au fond de moi- même ont ressurgi avec la même violence qu’à l’époque des faits.” Alors pour la première fois en 20 ma vie professionnelle et de ne dépendre de per- sonne.” Elle a tenu son rôle. Coquette, pompon- née, des longs cheveux peignés, vêtue d’un

ans, elle s’est décidée à aller en parler à un psychothérapeute. “Ça a été très dur de faire le pas car on se dit que toute manière les gens ne comprendront pas. Mais au moins aujourd’hui, je sais pourquoi je vais mal.” Petit à petit, Constance chemi- ne et se libère de son fardeau. Toutefois la plaie ne s’est pas refermée avec le temps. Le viol a frappé son existence. La bar- barie dont elle a été victime l’a poussée dans une cellule dont les barreaux sont ceux de la honte et de la culpabilité. “Pendant toutes ces années, je suis sortie de moins en moins. J’évite encore de me confronter aux autres et en particulier aux hommes. Je n’arrive pas à faire confiance. Je me suis fermée à tout. J’avais l’impression jusque-là que je ne méritais rien. Je ne prends jamais de vacances, je ne me mets jamais en maillot de bain. Mon agres- seur a vécu l’impunité et moi la prison.” Constance retrouve doucement le plaisir de la vie depuis qu’elle est en thérapie. “J’ai le goût de désirs basiques comme acheter des vêtements, aller au restau- rant, prendre soin de moi, j’apprends tout cela.” Elle se sentirait prête aujour- d’hui à entreprendre une action en justice contre son agresseur. Mais il est trop tard. Il y a pres- cription. “Je commence seule- ment à parler. Quand j’ai pris

“J’ai réalisé que j’allais devoir me taire.”

Constance souhaite par son témoignage que les femmes qui sont dans son cas ne se résignent pas.

son parcours et inviter les femmes victimes d’un viol à ne pas attendre pour entreprendre des démarches comme elle-même a attendu. Le temps ne résout rien, au contraire. “J’ai 39 ans et je me dis que je n’aurais peut- être jamais la chance d’être mère. Cette échéance me fait prendre

conscience que porter plainte serait inutile, j’ai réalisé que j’allais devoir me taire. Toutes les filles qui sont dans mon cas n’auront jamais droit à la jus- tice. J’avais envie de rétablir cet équilibre.” Constance a spontanément choi- si nos colonnes pour raconter

conscience du temps qui s’est écoulé. Il s’est passé plus de 20 ans depuis les événements. Tout s’est figé à ce moment-là.” Constance apprend à faire le deuil de ces injustices pour espé- rer pouvoir un jour tourner la page. T.C.

Publi-information

Gilles et Dominique Pourchet poursuivent l’aventure familiale qui a débuté dans le Haut-Doubs. Ils confortent l’image de Tissdécor comme une enseigne incontournable dans la décoration intérieure. Tissdécor fête ses 40 ans !

C’ est un endroit qui résume tout l’univers du tissu. Ici, cette matière noble se décline dans tous les styles, du moderne au classique, avec ou sans motifs, colo- rés ou plus sobres. Bienvenue chez Tissdécor ! L’entreprise de la rue Pergaud fête cette année ses quarante ans d’activité à Besançon. Une affaire de famille qui depuis trois générations se passionne pour les tissus travaillés avec soin pour en faire des rideaux, des tentures murales ou pour habiller un fauteuil. On peut y découvrir également toute la gamme de produits Designers Guild : tissus, canapés et fauteuils, peintures et un très bon choix de papiers peints. L’aventure a débuté dans le Haut-Doubs. “Mes grands-parents fabriquaient déjà des rideaux à Morteau” note Dominique Pourchet, qui a suivi des études artistiques à Strasbourg, et qui gère aujourd’hui le maga-

sin aux côtés de son frère Gilles. Ils succèdent à leurs parents Jean-Marie et Ma-Jo Pourchet qui ont créé Tissdécor en 1968 à Besançon. L’enseigne se trouvait alors rue de Belfort, avant de déménager aux Tilleroyes pour s’installer enfin rue Pergaud. Pendant toutes ces années, la société familiale s’est tissée une solide réputation tant dans le conseil à la clientèle que dans la réalisation de projets. Son savoir-faire rayonne au-delà des limites de la capitale régionale, puisqu’elle a décoré des hôtels à Courchevel, aux Arcs, Paris ou en Corse. Tissdécor évolue et suit les tendances en proposant une très belle séllection de papiers peints, peintures, stores, moquettes, tapis, ... C’est sans doute le secret de sa pérennité. L’entreprise emploie un tapissier qui est spécialisé dans le revêtement des fauteuils et des canapés. Chez Tissdécor, le beau tissu est

Les tissus sont traités. En tenture murale, leurs qualités décoratives, phoniques et

un peu comme un vêtement, il doit être créatif pour habiller de façon originale un intérieur. Le magasin ne ferme la porte à aucun client. Elle s’adapte à toutes les demandes et à tous les budgets. À chaque projet, aussi modeste soit-il, il est pos- sible de trouver une décoration originale et personnalisée. Aujourd’hui, Tissdécor a ouvert son champ d’activité, elle a ouvert un espace peinture Farow & Ball. Elle commer- cialise également du béton ciré Mercadier qui peut être appli- qué facilement par les parti- culiers bricoleurs. Cette enseigne défend son image de référence dans la décoration intérieure et il n’y a pas de rai son que ça change.

isolantes ne sont plus à démontrer.

Tissdécor commercialise aussi des produits finis comme des coussins, des tapis, des rideaux ou des plaids.

magasin Client-Roi

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