Détours en France spécial Route du Rhum

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La caractéristique essentielle des Ultim 32/23 réside dans leurs foils et plans porteurs.

Yvan Zedda / Sea&Co

DES PERFORMANCES EXCEPTIONNELLES

foils sont donc des ailerons coudés cou lissant à travers les flotteurs du trima ran (sur les IMOCA 60, ils remplacent les dérives). Sous l’effet de la vitesse du bateau, ils soulèvent ce dernier. La surface de frottement entre l’eau et la carène – qui freine le bateau – s’en trou vant diminuée, une accélaration s’ensuit immédiatement. À cette paire de foils qui fait décoller le trimaran, s’ajoutent quatre ailerons qui lui permettent, littéralement, de voler sur l’eau. Ces ailerons horizontaux sont situés aux extrémités de la dérive et du safran de la coque centrale, et à l’extré mité des safrans de flotteurs. C’est sur

ces quatre petits plans porteurs que le bateau vole en rase-vagues. COMMENT CELA TIENT-IL ? La seule réponse simple qu’on puisse apporter tient en quatre mots : miracle de la technologie. Une technologie dans laquelle des matériaux légers, rigides et résistants permettent de construire des appendices aux profils élaborés. Quant aux résultats : tenir des vitesses de 40 nœuds (près de 75 km/h) en solitaire ne relève plus de la science-fiction. En revanche, ce type de navigation devient du pilotage et les risques de chavirage sont encore loin d’être dépassés.

Les trimarans Ultim 32/23 mesurent entre 24 mètres minimum et 32 mètres maximum de long, pour une largeur maximumde 23mètres, le tirant d’air ne pouvant pas dépasser 120 % de la lon gueur de coque la plus grande trouvée sur le bateau. Ainsi, la tête de mât de Banque Populaire IX , skippé par Armel Le Cléac’h, culmine à 38 mètres, ce qui lui permet de porter 610 mètres carrés de voilure aux allures de près, et 890 par vent portant. Outre un poids qui ne dépasse pas 15 tonnes grâce à l’usage de matériaux de haute technologie (car bone, kevlar, normex…), des perfor mances extraordinaires sont obtenues à la faveur des appendices qui sortent le trimaran de l’eau. Dès lors, celui-ci ne flotte plus : il vole. COMMENT EST-CE POSSIBLE ? Pour comprendre le principe du foil, en voiture, sortez la main et tenez-la à l’horizontale : vous sentez uniquement la résistance du vent. Inclinez-la légère ment, l’avant de la main vers le haut : tout votre bras est emporté à la verticale! Les

PARADOXES TECHNOLOGIQUES

Si l’on peut s’enthousiasmer devant ces traversées ultrarapides effectuées par la seule force du vent et des muscles du skipper, il ne faudrait pas pour autant conclure à un bilan carbone nul. Qu’il s’agisse du pilote automatique, des instruments de mesure et de navigation, des liaisons radio, de l’ordinateur, du dessalinisateur d’eau de mer, de l’éclairage… les voiliers modernes consomment une énergie électrique que seul un moteur à explosion peut fournir! Ils en dépendent même totalement puisqu’un concurrent en panne électrique se trouve très vite à court d’eau douce!

Détours en France / Numéro spécial / LA ROUTE DU RHUM

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