Détours en France spécial Route du Rhum

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DES DIMENSIONS QUI NOUS ÉCHAPPENT

En mer, faute d’éléments permettant d’apprécier la longueur des coques et la hauteur des mâts, le gigantisme des concurrents de la Route du Rhum passe inaperçu. Mais dans le port de Saint-Malo, la proximité des remparts et des hôtels d’armateurs, ainsi que le passage de l’écluse, donnent une toute autre vision. Ainsi, la tête de mât des Ultime se trouve à environ 40 mètres au-dessus de l’eau, soit un immeuble de 12 étages. On a souvent vu des skippers obligés d'escalader leur mât pour une réparation : déjà vertigineuse sur les eaux tranquilles du port, l’opération devient tout simplement effrayante s’il faut l’effectuer par mer agitée!

Yolaine Gautier - CDT35

Concernant le gréement, noter la posi tion du mât, très en arrière, et les deux tangons positionnés de part et d’autre de son pied, en travers du bateau : ce sont les outriggers, dont la fonction est d’écarter au maximum le haubanage, afin d’améliorer la tenue du mât. Sous voile, l’IMOCA 60 présente encore une silhouette particulière avec une grand voile étroite à sa base, dont la par tie haute n’adopte pas la forme d’une pointe de triangle : grâce à un système de lattes, elle est carrée et offre ainsi une surface efficace maximale en haut du mât, là où le vent est le moins per turbé, et partant, le plus propulsif. Les voiles d’avant sont des focs, de diverses surfaces et de coupes différentes, les uns prévus pour les allures de près (vent soufflant de l’avant) et les autres pour les allures portantes (vent soufflant sur l’arrière). Enfin, concernant le plan de pont, la partie avant du cockpit est pro tégée par une casquette qui prolonge le roof et protège l’équipage.

Au premier coup d’œil, l’IMOCA 60 apparaît comme un voilier pas comme les autres. Vu d’en haut, la largeur extrême de l’arrière donne un rapport de proportions qui ne va pas sans faire penser à un dériveur de haute perfor mance... mais long de 18 mètres. Non seulement le tirant d’eau est déme suré, mais le voile de quille s’allonge, étroit comme une lame de poignard, pour s’achever sur un bulbe en forme de fusée. Cette quille présente la par ticularité de pouvoir basculer latérale ment, afin de renforcer la capacité du lest à tenir le bateau droit. Et comme ce faisant, la quille perd de son efficacité en tant que plan anti-dérive, l’IMOCA est doté de deux dérives, une de chaque côté de la coque. Depuis le Vendée Globe de 2016, ces dérives ont été remplacées par des foils (voir le focus consacré aux Ultim 32/23, p. 11) . Le système de gou vernail se compose de deux safrans : quand ce type de bateau gîte sur un bord de près, seule la lame sous le vent se trouve dans l’eau! Il en va d’ailleurs de même pour les dérives.

L’IMOCA se reconnaît de loin, avec sa grand-voile étroite et carrée dans sa partie haute.

Th. Martinez/Sea&Co

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