Détours en France spécial Route du Rhum

33

Pel-1971/ iStock

Entret ien

«A 40 ans, la Route du Rhum est une course unique qui perdure et s’impose dans le monde de la voile. Avec la très belle 10 e édition 2014, l’équipe municipale s’est impliquée plus que jamais dans l’accompagnement de l’événement, qui a vu se presser 2 millions de spectateurs entre Cancale et le Cap Fréhel. Un engouement confirmé par le record d’inscriptions cette année : pas moins de 123 bateaux entreront en lice le 4 novembre. La clé du succès réside sans doute dans les images fortes de bagarres mémorables, d’arrivées sur le fil, de records improbables. En filigrane, les records d’Alain Bourgnon et Florence Arthaud sont dans toutes les mémoires. Mais la course, c’est aussi Saint-Malo. Lieu magique avec ses bassins, ses remparts et ses côtes sauvages, notre ville corsaire désormais très courtisée, a accueilli le passage de courses prestigieuses comme l’OSTAR et la Volvo Ocean Race. En hommage aux 10 vainqueurs de la course qui nous ont fait vibrer, le boulevard de la Route du Rhum a été inauguré le 28 septembre 2018, exposant à leurs admirateurs les empreintes des mains de nos héros modernes.»

la réputation de Saint-Malo, elle n’a pas autant contribué à la fortune des arma teurs que le grand négoce. Pour prendre la mesure de la réus site malouine, il faut monter au som met du donjon, accessible depuis le Musée historique aménagé dans le château. La vue sur les alignements de cheminées géantes des hôtels d’ar mateurs ne laisse pas d’impressionner. Toutefois, la vérité historique oblige à préciser que le Saint-Malo qu’on voit aujourd’hui a été, en très grande partie, reconstitué après la dernière guerre : les combats pour la libération de la ville avaient en effet quasiment détruit tout l’intra-muros. Du château, on passe sur les remparts. À la sor tie du musée, il faut longer le château sur la droite pour atteindre la porte Saint-Thomas où un escalier donne accès aux chemins de ronde. En sui vant ceux-ci, on admire, côté terre, la partie la plus authentique de la ville, car elle échappa au désastre de 1944. Côté mer, le panorama sur la rade de Saint-Malo paraît rien moins que gran diose, le plus beau point de vue étant sans contexte la terrasse de la tour Bidouane.

C’est ainsi qu’en juillet 1713, le Grand Dauphin revient à Saint-Malo au terme d’un tour du monde époustouflant. Ayant échangé, au Chili et au Pérou, des marchandises françaises contre de l’or et de l’argent, il a ensuite traversé le Pacifique pour accoster en Chine. Il y a négocié les métaux précieux contre des porcelaines, de l’ivoire, des épices, des soieries, avant de revenir au pays via le cap de Bonne-Espérance. Nombre de navires reprendront la même route, faisant de Saint-Malo le premier port de France. Si de telles expéditions rap portent gros, elles exigent des cam pagnes longues qui font attendre le retour sur investissement pendant plusieurs années. C’est pourquoi les armateurs avisés s’assurent un flux de trésorerie en envoyant chaque été des morutiers à Terre-Neuve. En effet, comme la morue salée se conserve indéfiniment, elle constitue l’aliment idéal pour respecter le «maigre» du vendredi dans les pays où on ne trouve pas de poisson. C’est le plus énorme des marchés! De plus, les équipages de terre-neuvas constituent une réserve de marins aguerris chaque fois qu’un conflit permet d’armer des bâtiments corsaires. Mais la guerre de course a beau avoir fait

Claude Renoult, maire de Saint-Malo

Détours en France / Numéro spécial / LA ROUTE DU RHUM

Made with FlippingBook Online newsletter