Journal C'est à dire 223 - Août 2016

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Mr. DAMARO GRAND VOYANT MÉDIUM

Évolution

Les services statistiques de Franche-Comté et des cantons de Berne, Jura, Neuchâtel et Vaud ont collaboré à la réalisation d’un atlas présentant l’évolution démographique et éco- nomique dans l’Arc jurassien depuis 30 ans. Présentation. Arc jurassien franco-suisse, la croissance tout en nuances

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C e document d’une trentaine de pages célèbre à sa maniè- re 30 ans de coopé- ration frontalière, initiée en 1985 avec la mise en place de la Conférence Trans- jurassienne. Le dispositif s’est ensuite renforcé à partir de 2005 suite à la création de l’Obser- vatoire Statistique Transfron- talier de l’Arc jurassien qui s’im- pose aujourd’hui comme l’outil

nombreux même si l’apport migratoire en Suisse joue en faveur d’un rajeunissement pour la Suisse. L’Arc jurassien concentre 1,1 million d’emplois de plus en plus concentrés dans le tertiaire (70 %) même si l’agriculture et l’industrie continuent de peser sur l’économie. Difficile aussi d’évoquer l’Arc jurassien sans analyser l’évolution du travail et ses conséquences. “On recen- sait 32 000 frontaliers en 2011. Ce phénomène est beaucoup monté en puissance au cours de la dernière décennie. 6 % des emplois dans l’Arc jurassien sont occupés par des frontaliers” , complète Marie-Laure Monteil. Diffusé à partir du 7 septembre, l’atlas sera également consul- table en ligne sur le site de l’O.S.T.A.J. et de l’I.N.S.E.E. n

différents domaines traités jus- qu’à présent par l’Observatoi- re sur le périmètre de l’Arc jurassien : population, emploi, travail frontalier… L’Arc jurassien tel qu’il a été étudié dans cet atlas s’étend sur 22 000 km 2 , le long d’une frontière de 230 km allant du Rhin au Rhône. Il regroupe les départements de Franche-Com- té et les cantons de Berne, Jura, Neuchâtel et Vaud. “Cela repré-

de référence au ser- vice des acteurs des territoires français et suisses. “Cet atlas représente la syn- thèse des travaux. Il comprend de nom-

sente une population de 2,4 millions d’ha- bitants avec une plus forte densité côté suisse. Les logiques de peuple- ment ne sont pas les

Les frontaliers représentent 6 % des emplois dans l’Arc jurassien.

mêmes de part et d’autre de la frontière. On constate que les villes suisses sont plus attrac- tives et gagnent en population contrairement aux villes franc- comtoises.” Les pyramides des âges sont assez semblables avec, bien sûr, une classe des 40-65 ans toujours prédominante et des jeunes relativement peu

breuses cartes et tableaux com- mentés avec une mise en pers- pective sur le long terme et les inflexions les plus récentes” , note Marie-Laure Monteil, chef de service études et diffusion à l’I.N.S.E.E. Bourgogne-Franche- Comté. Les données visent à présenter les évolutions les plus récentes du territoire dans les

Carte de l’évolution de la densité de population depuis 30 ans dans l’Arc jurassien.

Interview “La bande frontalière à cheval entre l’économie productive et résidentielle” Les cartes et tableaux mettent en évidence des logiques de développement parfois très différentes de part et d’autre de la frontière. Explications avec Patrick Rérat, professeur de géographie à l’Université de Lausanne.

Zoom Dix ans de coopération statistique transfrontalière Fournisseur de données au service des déci- deurs, des chercheurs, de la presse, l’O.S.T.A.J. s’impose comme un élément incontournable de la coopération.

C’ est à dire : Peut-on considérer l’Arc jurassien comme un territoire particulièrement dynamique au vu des éléments présentés dans cet atlas ? Patrick Rérat : Ce document propose un diagnostic territo- rial autour de différentes thé- matiques comme la population, l’emploi…D’un point de vue glo- bal, on observe deux territoires en croissance démographique. C’est positif, même si on se situe néanmoins sous les moyennes nationales de chaque pays. Càd : Cette croissance est-elle identique de chaque côté de la frontière ? P.R. : Non. Si on zoome, on constate de grandes différences En Suisse, le développement géographique se concentre dans l’arc lémanique et autour de villes comme Lausanne, Yver- don, Neuchâtel. Ces villes rega- gnent elles aussi des habitants depuis une quinzaine d’années. On ne retrouve pas ce phéno- mène de réurbanisation en Fran- ce où les villes continuent à perdre de la population.

Càd : Comment expliquer cet- te différence ? P.R. : Les causes de la crois- sance ne sont pas les mêmes. La partie française de l’Arc juras- sien gagne des habitants avec le solde naturel alors qu’en Suis- se, le moteur de la croissance repose sur le solde migratoire. Parmi les nouveaux arrivants, de nombreux migrants euro- péens, bien qualifiés s’installent en ville. Reste à savoir main- tenant si cette croissance cita- dine va perdurer ? Très peu d’ob- servateurs suisses avaient ima- giné dans les années quatre- vingt-dix une reprise de la crois- sance démographique dans les villes. Càd : Le Français est-il plus porté que le Suisse sur l’ob- jectif de devenir propriétai- re d’une maison, ce qui irait aussi dans le sens de la péri- urbanisation ? P.R. : Ce n’est pas vraiment une question de culture. Les enquêtes montrent que le Suisse a tout autant envie d’être propriétai- re sauf que l’accès à la proprié- té y est plus complexe et oné- reux. Reste à savoir maintenant

L a mise en place en 2005 de cet observatoire statis- tique transfrontalier répon- dait à l’absence de références statistiques fiables sur l’Arc juras- sien. “On travaille sur différents volets : démographie, marché du travail, économie, touris- me, logement. Avec le temps, on a aussi évolué sur de nou- velles thématiques comme les

périodes de 5 ans en France alors qu’en Suisse on reste sur des comptages annuels. L’O.S.T.A.J. dispose aujourd’hui d’un site Internet connu et recon- nu qui accueille 4 000 visiteurs par jour. “On a mis en ligne un atlas cartographique interactif qui permet à l’utilisateur de sélec- tionner ses propres critères pour générer des cartes personna- lisées.” universités, administrations. Toutes ces activités mobilisent l’équivalent de deux emplois à temps plein. “L’atlas qui vient de sortir marque un peu la fin d’une époque car on va devoir s’adapter au redécoupage régio- nal français avec une Bour- gogne-Franche-Comté plus vas- te que toute la Suisse.” n L’O.S.T.A.J. propose également des ser- vices d’analyse à la carte à la demande de diverses collectivités,

“Les villes suisses gagnent de la population, ce qui les distingue des villes françaises”, constate Patrick Rérat, professeur de géogra- phie à l’Université de Lausanne.

salaires, l’agriculture, l’économie résiden- tielle. C’est une notion française qui cherche à mesurer les retom- bées des activités

La Bourgogne- Franche-Comté est plus vaste que toute la Suisse.

si cette croissance citadine va perdurer. Les politiques d’amé- nagement en France favorisent aussi davantage la périurba- nisation. Càd : La situation est iden- tique sur la bande fronta- lière ? P.R. : Non, pas tout à fait. On peut d’ailleurs parler de péri- urbanisation transfrontalière avec des villes comme Morteau, Villers-le-Lac qui se dévelop- pent car elles sont à proximité des bassins d’emplois suisses. On observe une vraie spéciali- sation sur la bande frontalière

entre les deux territoires. Côté suisse, une spécialisation dans l’économie productive avec la présence des entreprises tour- nées vers l'exportation. Côté France, on est sur une écono- mie davantage résidentielle ou présentielle basée sur le travail pendulaire avec la création d’em- plois de service liés à la popu- lation résidente. Cette spéciali- sation originale engendre de la mobilité mais les infrastructures existantes ne sont pas dimen- sionnées pour absorber ces flux ponctuels et massifs. D’où les bouchons récurrents. n Propos recueillis par F.C.

économiques qui profitent aux acteurs locaux” , explique Gérard Geiser, directeur de l’O.S.T.A.J. La coopération statistique n’a pas toujours été une partie de plaisir. Il a fallu harmoniser les nomenclatures de part et d’autre de la frontière. Illustration avec les recensements de population où l’on fonctionne sur des