Journal C'est à dire 223 - Août 2016

32

S O C I É T É

“L’avenir de l’école est aux regroupements” L’inspecteur d’académie du Doubs fait le point sur une rentrée marquée par quelques fermetures de classes, la création de postes et l’entrée en vigueur de la réforme du collège. Du lourd. Rentrée des classes

C’ est à dire : La démographie sco- laire baisse, mais vous avez annon- cé la création de postes. Com- ment l’expliquez-vous ? Jean-Marie Renault : En effet sur l’ensemble de l’académie, nous enregistrons une baisse d’environ 1 000 élèves essen- tiellement dans le premier degré. Le Doubs est en baisse égale- ment, mais moins que les trois autres départements de l’aca- démie. Pour le Doubs, la bais- se se situe entre 100 et 150 élèves, surtout en maternelle. Dans notre région, la population scolaire est en baisse alors que la population globale est en haus- se. On aurait dû, en appliquant la règle de la démographie, sup- primer une quarantaine de postes, mais en réalité on aura un solde positif de 5 postes. C’est le signe que la carte des moyens ne se limite pas à un pur critè- re démographique. C’est la consé- quence claire de la volonté du ministère d’impulser le renfor- cement des effectifs. Càd : Comment cette politique se traduit-elle dans les faits ici dans le Doubs ? J.-M.R. : Une première illus- tration de cette politique de créa- tion de postes, c’est la volonté d’accueillir plus d’enfants de

moins de trois ans à l’école, en repérant les secteurs géogra- phiques dans lesquels les familles sont peut-être en plus grande difficulté sociale ou linguistique. La scolarisation précoce a deux effets : elle permet de sociabili- ser l’enfant plus tôt et de le confronter à des réalités cultu- relles différentes. La deuxième raison est que les acquis de la maternelle sont favorables à l’ac- quisition des apprentissages sui- vants. J’ai donc mis deux postes nouveaux sur ces toutes petites sections et c’est sans lien avec la démographie, puisque c’est dans des secteurs pas forcément urbains, comme à Maîche par exemple. Càd : D’autres exemples ? J.-M.R. : Nous poursuivons le dispositif “Plus de maîtres que de classes”. L’idée étant de mettre dans certaines écoles plus d’en- seignants qu’il n’y a de classes afin que l’enseignant supplé- mentaire soit mis à la disposi- tion de l’école et de ses collègues pour aider les élèves en difficulté. Nous avions jusqu’à présent 14 postes concernés sur ce disposi- tif, nous en ajoutons 12 de plus. Encore un autre exemple avec le renforcement des R.A.S.E.D. (Réseaux d’aides spécialisées aux élèves en difficulté). Sur ce dis- positif, nous créons cette année

dans le Doubs 5 postes de maîtres spécialisés et 2 emplois de psy- chologues scolaires, soit 7 nou- veaux postes au service des R.A.S.E.D., ainsi que deux postes et demi dans le champ du han- dicap (dont la création d’une uni- té pour élèves autistes à Mont- lebon). Càd : Mais comme vous devez arriver à + 5 postes, il y a for- cément des fermetures de classes qui se confirment ? J.-M.R. : Bien sûr et là, c’est directement lié à la démogra- phie. Nous nous orientons vers l’ouverture d’une trentaine de classes et la suppression d’une cinquantaine. Dans quelques cas peu nombreux, quand on a deux classes dans une école, cela peut entraîner la fermeture d’une éco- le, comme c’est le cas au hameau du Chauffaud à Villers-le-Lac. Càd : Les fermetures au Chauffaud, ou encore à Four- net-Blancheroche ou à Nai- sey-les-Granges sont fermes et définitives ? J.-M.R. : Celles-là le sont. Au Chauffaud, deux parents d’élèves ont fait un recours en référé au tribunal administratif qui n’a pas abouti favorablement pour eux. Toutes les décisions devien- dront définitives dès le lende- main de la rentrée où sera pro-

cédé à un comptage des élèves.

Càd : On se dirige définiti- vement vers la fermeture des écoles de hameaux ? J.-M.R. : Il nous faut trouver le juste milieu entre d’une part le maintien dans chaque école d’un effectif suffisant et l’offre qualitative. Nous avons l’obli- gation de proposer un accom- pagnement de qualité avec un travail en équipe. On n’apprend pas dans les meilleures condi- tions au sein d’une toute petite école, on ne peut plus compa- rer les choses avec ce qu’elles étaient il y a quarante ans. Les enjeux d’aujourd’hui sont tout autres, ils sont notamment liés à l’accès au numérique, au très haut débit, à la dotation des écoles en tablettes, au travail en équipes. Il est illusoire de se dire qu’une école à une ou deux classes est suffisamment armée pour affronter les enjeux d’au- jourd’hui et de demain. De plus en plus d’élus sont d’ailleurs convaincus que ce qui compte, ce n’est pas que la commune ait son école au pied de sa mairie, mais que les enfants de la com- mune bénéficient d’une école de qualité, où qu’elle soit. Cela étant dit, je ne prône pas le regrou- pement systématique et à tout prix, il n’y a pas de dogme en la matière. Càd : Vous avez déjà plié sur certains dossiers, comme Cha- pelle-des-Bois notamment où les parents mettaient aussi en avant les très longs trajets ? J.-M.R. : Sur cette commune, j’ai finalement laissé les moyens par- ce que les effectifs d’élèves sont remontés. J’ai maintenu l’école et ce, même si le juge adminis- tratif nous avait donnés bon droit. C’est bien l’illustration qu’il n’y a pas de dogme et que nous fai- sons du cas par cas. Nulle part la mobilisation des parents ne crée d’enfants nouveaux. Ce sont les réalités du terrain qui dic- tent nos décisions. Sur un plan général, oui, l’avenir de l’école est aux regroupements, même s’il n’y a pas deux cas identiques. Càd : Pourquoi des classes à 30 ou 35 élèves étaient pos- sibles il y a trente ans et ne sont plus possibles aujour- d’hui ? J.-M.R. : Nous avons connu en effet des classes de 35 élèves mais dans ces classes, des élèves, la plupart, poursuivaient leurs études, contrairement à d’autres qui ne connaissaient pas cette chance. Il y a un facteur essen- tiel qui s’ajoute à la question du nombre d’enfants par classe, c’est la question de la qualité du ges- te de l’enseignant. C’est d’ailleurs bien pour cela que je plaide pour le travail en équipe. Càd : On a l’impression que l’Éducation nationale sou- haite mettre une tablette numérique entre les mains de tous les élèves, dès le plus jeune âge ? C’est un bien ? J.-M.R. : Le numérique, c’est que du plus, mais ce n’est pas la pana- cée pour autant. C’est un com-

Jean-Marie Renault est en poste depuis octobre 2013 à Besançon. Il entame sa quatrième année scolaire à la tête de l’inspection académique du Doubs.

plément précieux dans une palet- te d’outils pédagogiques nom- breux. Mais le numérique ne doit pas prendre toute la place, les élèves continueront à apprendre à écrire à la main, c’est évident. Càd : La députée Annie Gene- vard a créé une polémique autour de l’enseignement des langues étrangères en stig- matisant l’apprentissage de l’arabe par exemple. Qu’en est-il réellement ? J.-M.R. : Il s’agit de la question des E.L.C.O. (Enseignements des langues et cultures d’origine) qui est un plan national initié par le ministère afin d’intégrer pro- gressivement ces E.L.C.O. dans le personnel de l’Éducation natio- nale. Jusqu’ici, des langues étaient enseignées par des pro- fesseurs payés et envoyés par le pays d’origine, ce qui n’est pas souhaitable. On commence la mise en place de ces E.L.C.O. par le portugais et l’arabe marocain. L’idée est de faire en sorte que ces enseignements soient dis- pensés par des personnels pla- cés sous la tutelle de l’Éducation nationale. Il n’y a pas de polé- mique au sens où il y a une uni- té de vue sur le fait que l’Édu- cation nationale doit pouvoir maîtriser les contenus et la qua- lité des enseignements dans ce domaine. Mieux cadrer les choses était nécessaire. Càd : La réforme du collège s’applique à partir de cette rentrée scolaire. Que va-t-elle apporter concrètement ? On a beaucoup commenté la sup- pression des classes bi- langues. J.-M.R. : Cette réforme ne se limite pas du tout à la ques- tion des bi-langues qui a occul- té la réalité de cette réforme. L’essentiel de la réforme, c’est la volonté de mieux accompagner chaque élève. D’où le dévelop- pement par exemple de l’aide personnalisée jusqu’à la troi- sième. Et d’où la mise en place également d’enseignements pra- tiques interdisciplinaires. Là encore, on a entendu n’importe quoi. Il ne s’agira pas pour un professeur d’anglais de faire de la technologie. Chaque ensei- gnant continuera à s’occuper de sa propre discipline, mais il y aura convergence de disciplines sur un thème donné qui per- mettra à l’élève de voir que la vie n’est pas cloisonnée en tiroirs mais que les domaines se croi- sent et se confrontent. L’objectif est bien de permettre à tous les élèves de mieux apprendre. Le point de départ de cette réfor-

me a été l’enquête internatio- nale P.I.S.A. (Program for Inter- national Student Assessment) selon laquelle la France dispo- se des meilleurs élèves du mon- de mais qu’en même temps, l’écart grandit entre ceux qui réussissent de mieux en mieux et ceux qui ne réussissent pas et ceux-là réussissent de moins en moins. Cette réforme doit per- mettre à ceux qui sont en diffi- culté de rattraper leur retard, tout cela pour éviter le décro- chage qui est la gangrène de notre pays. Càd : Qu’en est-il alors des classes bi-langues ? J.-M.R. : Une des grandes avan- cées de la réforme est également que la deuxième langue vivan- te s’apprendra dès la cinquième et non pas la quatrième. Le corol- laire est la disparition des classes bi-langues en sixième, qui concer- naient 10 % des élèves. Valait-il mieux maintenir un système inégalitaire ou faire en sorte que 100 % des élèves apprennent dès la cinquième ? On relève ainsi le niveau d’exigence. Ensuite, la réforme a prévu quelques déro- gations parce que dans la socié- té d’aujourd’hui il est difficile de se passer de l’anglais. Donc pour les élèves qui n’ont pas fait anglais en primaire (mais de l’al- lemand), il n’est pas inintéres- sant de commencer l’anglais dès la sixième, ce sont les classes bi- langues dites de continuité. Sur les 44 collèges publics de ce département, on a fermé toutes les bi-langues et on a ouvert 18 bi-langues de continuité. On n’a pas maintenu certaines bi- langues, on en a créé à certains endroits. Càd : On a le sentiment que les établissements publics per- dent de leur attractivité au profit des écoles privées qui donnent une image de plus grande stabilité, moins de grèves, moins de profs absents… Est-ce la réalité ? J.-M.R. : L’enseignement privé a en effet une tendance à voir ses effectifs augmenter depuis quelques années. Cette tendan- ce s’est installée notamment à la mise en place de la réforme des rythmes scolaires à laquel- le le privé pouvait déroger. Ces effets sont aujourd’hui estom- pés. Quant à la question des rem- placements dans le public, elle est sans doute exagérée, même si les établissements privés ont certainement plus de souplesse. Je n’ai pas d’inquiétudes de ce point de vue-là. n Propos recueillis par J.-F.H.

r de

sons

abricant cteu

F

mai

ru

assif

n bois et de

const s t

is m

chale

e

b m aierv La en

… ois massif aison

· Du traditionn · En kit, hors d’ · Des maisons e

el au contemporain

, ou clé en main r eau - hors d’ai er n bois 100% sur mesu

PORTE

S OUVERTES échage assuré) oncine) al F le-Haut (V 10 h à 19 h e t 11 septembr

(Fl oncine- à F de Les 10 e

ww finn est com w Demandez la brochure sur notre site internet . - .

rue des Dolines 25500 Le Bélieu 6 et 7 03 81 67 90 30 - info@finn-est.com .Tél - ,

Made with FlippingBook Learn more on our blog