Guide Le maire et la santé

TÉMOIGNAGE

TROIS QUESTIONS À PATRICK BOUET Président du Conseil national de l’Ordre des médecins

Comment la démographie médicale a-t-elle évolué au cours des dernières années ? Les travaux les plus récents ne font que confirmer ce que nous pressentions, à savoir que la médecine générale continue de reculer, et que certaines spécialités comme la médecine du travail, la psychiatrie, la pédiatrie ou la pédopsychiatrie, sont aujourd’hui sinistrées et ontmême disparu de certains territoires. C’est d’autant plus inquiétant que contrairement à une idée reçue, cela ne concerne pas seule- ment certains territoires ruraux oudes territoires urbains en zone sensible.Même à Paris, l’évolution de lamédecine générale est un vrai sujet de préoccupation. Quelles sont selon vous les mesures qui permettraient de répondre de façon satisfaisante à ces phénomènes de désertification médicale? Il faut tout d’abordencourager l’exercicemultisite,qui permet àunmédecindepar- tager son temps entre plusieurs lieux d’exercice. Cela peut contribuer à améliorer l’offre de soins dans les territoires où le manque de praticiens est le plus criant. Il faut d’autre part organiser les études de façon à permettre une professionnalisa- tion précoce des jeunes médecins dans ces territoires. Car si ces jeunes ne savent pas comment s’exerce la médecine ou la spécialité médicale qu’ils ont choisie en dehors du centre hospitalier où ils ont été formés, ils ne se dirigeront peut-être pas vers cette spécialité, et certainement pas vers le territoire où elle est attendue. Par- tout où l’on a permis à des étudiants d’être adjoints, collaborateurs de médecins en activité ou remplaçants, les taux d’installation dans les territoires sont sensible- ment meilleurs que dans ceux où rien de semblable n’a été entrepris. De quelles marges de manœuvre les collectivités disposent- elles pour répondre à ces différents défis ? Ces marges de manœuvre sont malheureusement aujourd’hui très insuffisantes. Les contrats locaux de santé * ont certes permis quelques avancées, mais on est en- core loin de ce que l’on serait en droit d’attendre d’une véritable démocratie sani- taire. Il nous paraît urgent que lesmédecins, professionnels de santé et collectivités soient intégrés dans des processus décisionnels qui aujourd’hui leur échappent.

* voir en seconde partie de ce guide

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