La Presse Bisontine 52 - Février 2005

UN QUARTI ER À L’HONNEUR

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R ELIGION

Un ministère d’exorciste…

Les Franciscains présents à La Chapelle-des-Buis depuis 1946

Dans son écrin de verdure face à la ville, la petite chapelle est, pour la communauté franciscaine, une invitation à la prière et à la paix. Loin de s’enfermer, chacun des membres de la communauté assure des activi- tés correspondant à leur vocation de religieux.

L es Franciscains sont issus d’un ordre catholique qui date du XIII ème siècle. Ils sont aujourd’hui 16 000 dans le monde et l’on compte 35 com-

delà, à participer aux oraisons, prières et vêpres dans la chapelle ainsi qu’à l’eucharistie dominicale dans la cryp- te du monument de la Libération. Quant à la vie en communauté, il arrive que ce ne soit pas toujours facile. “Le plus jeune des frères a 25 ans, le plus âgé 78. L’intergénéra- tionnel est très important et permet de nous rééquilibrer, estime Max de Wasseige. Nous avons tous des ori- gines sociales très diverses. Parmi les novices par exemple, l’un est un ancien polytechnicien et un autre était cadre dans une multinationa- le pour laquelle il a travaillé notam- ment en Asie. D’autres parmi nous sont issus de milieux beaucoup plus modestes. Dans la vie, ce sont par- fois des mondes qui s’ignorent. Pour nous, c’est à la fois une richesse et un véritable défi. Il y a parfois de légers affrontements de tempéra- ments. Si nous étions tous toujours d’accord, nous serions une secte ! Mais nous parlons beaucoup et notre grand souci du dialogue nous per- met de gérer les conflits qui peuvent exister. Nous n’avons pas de règle- ment, nous misons tout sur la confian-

nelles” (personnes fragilisées)… “Nous essayons de vivre dans l’es- prit de Saint-François d’Assise, avec simplicité et fraternité, explique Max de Wasseige, gardien de la commu- nauté. Nous passons beaucoup de temps ensemble, que ce soit à table, en prière ou en réunion. Et nous sommes aussi présents parmi les gens un peu en mar- ge ou fragilisés.” Les frères franciscains font trois vœux religieux : promesse de chas- teté, de pauvreté et d’obéissance. Ils vivent de ce que leur rapportent leurs différentes activités, et mettent en commun leurs faibles revenus. “Vivre en frère, aujourd’hui c’est un défi ! continue Battitt, frère franciscain. À travers notre façon de vivre, d’être, d’accueillir, nous conservons des valeurs simples telles que la cour- toisie, l’accueil, l’écoute. Nous ne revendiquons rien. Nous sommes pré- sents, simplement, humblement.” Très bien intégrés au sein du hameau de La Chapelle-des-Buis, les membres de la communauté organisent des repas avec le voisinage. Ils invitent toute la population bisontine, et au-

munautés en Fran- ce. La Chapelle- des-Buis abrite une communauté de frères mineurs franciscains depuis

“Vivre en frère, aujourd’hui c’est un défi.”

1946. Ils sont aujourd’hui 5 frères dont deux frères prêtres et accueillent 3 “novices”, des personnes qui ont pour projet de devenir franciscain. Depuis 1999, la fraternité de Besan- çon est en effet l’unique lieu de novi- ciat des deux provinces française et franco-belge. Contrairement aux moines qui restent cloîtrés, chacun des frères de la communauté exer- ce des activités sur Besançon, en rapport avec leur vocation de reli- gieux franciscain : accompagnement spirituel, visite de personnes en détention, ministère d’exorciste, ani- mation liturgique, catéchèse, mou- vement du Nid (prostitution), aumô- neries des scouts de France, animation de “rencontres frater-

La chapelle Notre-Dame des Buis fait partie de la vie historique et religieuse du diocèse de Besançon.

gion de façon très ouverte et rap- pellent à tous que leur porte est tou- jours ouverte. " En 1949, l’archevêque de la ville, Monseigneur Dubourg, inaugura la statue de Notre-Dame de la Libéra- tion, sur une esplanade 400 mètres plus haut. Dans une crypte sont ins- crits tous les noms des victimes civiles et militaires de 1940-1945. C’est là que se font les assemblées domini- cales et les rassemblements les plus importants.

ce que l’on peut s’accorder les uns aux autres.” Les Franciscains vivent leur reli- Notre-Dame des Buis : La chapelle appartient au diocèse de Besançon. Un ermitage en ce lieu est attesté dès le XIII ème siècle. L’actuel- le chapelle, vieille de plus de 100 ans en a remplacé une autre du XVIII ème siècle. Elle accueille les pèlerins indi- viduels, les promeneurs du dimanche et les petits groupes.

Un panorama complet E NVIRONNEMENT De par sa situation exceptionnelle, La Chapelle-des-Buis surplombe la vallée du Doubs et la côte de Morre, la ville de Besançon et sa cita- delle, et le plateau situé derrière Fontain. Aperçu de quelques-unes des plus belles vues de La Chapelle-des-Buis.

Brèves

! D’où vient le nom des Mercureaux ? Il existe aux environs de Besan- çon, à égale distance, des temples dédiés à Mercure. A l’emplace- ment de la Chapelle des Buis, il s’en trouvait un, sur l’antique voie de Vesontio (Besançon) à Abiolica (Pontarlier). Le lieu-dit en conserve la trace puisqu’il a pris le nom de « Mercureaux », dont la fameuse voie de contour- nement porte aujourd’hui aus- si le nom. ! U n m o n u m e n t construit au moment de la Libération Un monument de la libération est érigé à la Chapelle des Buis. La crypte et l’église, situées en dessous de ce monument, abri- tent une liste impressionnante de tous les morts de Franche- Comté. « C’est tout à fait emblé- matique de ce qui se passait à la libération où il y avait enco- re, en Franche-Comté et à Besançon, une forte implanta- tion chrétienne, catholique, avec des rassemblements de masse, qui ont perduré, explique Gas- ton Bordet, historien. C’est un lieu encore maintenant très fré- quenté. Tous les ans au 15 août, une messe solennelle est don- née dehors. Elle est souvent pré- sidée par l’archevêque et attire toujours beaucoup de monde ».

À La Chapelle-des-Buis, il est aussi possible de se promener sur l’ancienne voie gallo-romaine.

L’une des entrées de Besançon, côté Rivotte, avec les anciennes usines de la Rhodia sur la droite.

De la grotte Saint-Léonard, on surplombe la côte de Morre. Un point de vue intéressant aux heures de pointe.

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