Journal C'est à Dire 168 - Juillet 2011

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D O S S I E R

Morteau

Les origines italiennes résonnent toujours chez les Obertino Étonnante saga que celle de la famille Obertino : ces chaudronniers iti- nérants originaires des Alpes italiennes ont migré sur les routes avant de s’installer définitivement dans le Haut-Doubs.

“T ous ceux qui ont com- mencé à partir étaient ceux qui avaient faim chez eux” note avec justesse Syl- viane Obertino. L’histoire d’une émigration débute souvent ain- si. La famille Obertino n’a pas échappé à cette règle immuable qui a toujours poussé à partir

ceux qui ne pouvaient pas vivre dignement chez eux. La famille Obertino était ins- tallée dans la vallée alpine de l’Orco (Piémont italien), riche en cuivre. On vivait chichement de maigres récoltes et c’est le travail des métaux qui faisait le reste dans ces rudes paysages.

Comme d’autres familles de l’Orco, les ancêtres Obertino ont commencé à partir sur les routes en tant que chaudronniers, fran- chissant le Saint-Bernard chaque été et parcourant les villes à la manière des colporteurs. “Dans la vallée de l’Orco, on travaille le cuivre depuis des millénaires : où on était fondeur de cloches, où on était chaudonnier ou enco- re étameur. Notre famille a com- mencé à parcourir les routes dès la fin du XVIII ème siècle et s’est installée d’abord dans le Valais dès 1830. En France, ils sont arri- vés vers 1900. Ils étaient sai- sonniers, fondaient les cloches sur les places des villages et repartaient l’hiver dans leur val- lée italienne” rappelle Sylviane Obertino, descendante de cet- te famille de fondeurs de cloches et co-gérante avec son frère Yves de la fonderie mortuacienne. Le premier “pied-à-terre” fixe des Obertino en France a été installer définitivement. À côté de Marcelle, Jean-Marie, le fils, écoute les paroles de sa maman et replonge, d’un coup, dans l’histoire familiale. Aujourd’hui à la retraite, Jean-Marie Spi- nelli a été responsable du salon de coiffure situé rue Mont-Miroir à Maîche jusqu’en 2006 et dit n’avoir eu jamais de problème d’intégration dû à son nom. Son grand-père est venu du Tessin. Lui se sent Français mais n’oublie pas ses racines. Même chose pour sa maman qui se sou- vient de nombreuses anecdotes : “Lors de la première guerre mon- diale, les gendarmes français sont venus chercher mon papa pour le faire prisonnier à Salo- nique” relate Marcelle qui rap-

Sylvaine et Yves Obertino, actuels gérants de la fonderie Obertino à Morteau, entourent leur père Gilbert.

Labergement-Sainte-Marie où une fonderie existe toujours. C’est là que la famille Obertino installe son atelier dans l’ancienne fromagerie du villa- ge. Après la guerre de 14-18, les cousins des Obertino de Laber- gement, également originaires de la vallée alpine, reprennent l’ancienne fonderie Bournez de Morteau, puis s’installent en haut de la rue de la Louhière. C’est Jean Obertino, le grand- père de Sylviane et d’Yves, qui crée officiellement la fonderie mortuacienne en 1931. Le flam-

beau sera repris par Gilbert (pre- mière génération des Obertino nés en France) qui fera prospé- rer l’affaire notamment à l’export, puis par Yves et Syl- viane en 1988. Né Italien, Gil- bert sera mobilisé pour la secon- de guerre mondiale alors qu’il venait jute d’être naturalisé fran- çais, et ironie de l’histoire, “j’ai été mobilisé à la frontière ita- lienne…” se souvient Gilbert. Aujourd’hui, chez les Obertino, malgré le poids de l’histoire, on se sent avant tout Français. Défi- nitivement installée dans le

Haut-Doubs, la famille n’en oublie pas pour autant ses ori- gines. Sylviane par exemple retourne régulièrement chez ses cousins de la vallée de l’Orco, elle a même appris la langue de Dante.Avec les affaires, c’est aus- si un retour aux sources qu’a opéré la famille Obertino : “Nous vendons des cloches en Italie, y compris dans notre région d’origine” sourit Sylviane, Mor- tuacienne de cœur, mais toujours Italienne dans les gènes.

Première installation définitive de la famille Obertino en France, à Labergement-Sainte-Marie au début du XX ème siècle.

J.-F.H.

Spinelli, la cinquième génération Alerte nonagénaire, Marcelle Spinelli, 90 ans, évoque ses origines italiennes. En 1870, son grand-père est venu creuser le tunnel du Col-des-Roche.s Confidences de cette Maîchoise. Maîche

pelle que son père a quitté le domicile familial avec une cais- se à outil pour démarrer dans la vie. Et sa mère avec une chai- se en bois. Des retours en Italie, les Spi- nelli en font peu. “Mais lorsque nous sommes là-bas, on ne se sent pas dépaysé” constate Jean- Marie Spinelli dont le petit- fils se prénomme “Enzo”. Chez les Spinelli, la cinquième géné- ration poursuit la tradition ita- lienne… Jolie épopée. E.Ch. Marcelle Spinelli et son fils Jean-Marie ressortent les souvenirs de famille. Leur origine italienne dans le Doubs remonte à 1870.

D e ses origines italiennes, Marcelle Spinelli a gar- dé la recette de la polen- ta faite par sa maman. Ce plat, elle le concocte - encore - à ses petits-enfants et arrière-petits-

est arrivé le premier dans la région. C’était en 1870” se remé- more-t-elle. “Je ne l’ai jamais connu (N.D.L.R. : Jacques Ruf- fino) car il est mort à 55 ans, mais je sais qu’il était venu pour creuser le Col-des-Roches. Il s’est installé aux Bas- sots, au-dessus de Villers- le-Lac. Cet endroit : on l’appelait la petite Ita- lie car tous les immigrés italiens se trouvaient là.” La famille a ensuite “migré” vers le plateau de Maîche pour s’y

enfants, ravis de trou- ver les saveurs de l’Italie dans leur assiette. “Peut- être en ferais-je ce dimanche” dit cette

Fait prisonnier par les Français.

“super-mamie” dynamique et bien apprêtée. Sa mémoire est intacte, tout comme sa repar- tie : “C’est mon grand-père qui

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