Journal C'est à Dire 168 - Juillet 2011

É C O N O M I E

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Frontaliers, c’est le moment d’investir Franc suisse au plus haut, taux de prêt en devises attractifs, jamais les conditions pro- posées aux frontaliers soucieux d’investir n’avaient été aussi favorables. Éclairages avec Stéphanie Poyard, conseillère Habitat au Crédit Agricole à Morteau et Pontarlier. Banque

C’ est à dire : Com- ment se répercute l’envolée du franc suisse sur les salaires des travailleurs fron- taliers ? Stéphanie Poyard : Cela repré- sente une hausse de 25 % du pouvoir d’achat entre 2008 et 2010. Un frontalier payé 4 000 francs suisses a vu son salaire de base progresser de 2 453 euros à 3 636 euros. Cela ferait presque oublier la crise de 2008-2009 d’autant plus qu’on est pratiquement reparti sur une situation de plein-emploi depuis 2010. Càd : Les frontaliers inves- tissent-ils différemment ? S.P. : Pas vraiment non. Aujour- d’hui plus qu’hier, l’objectif prin- cipal des frontaliers reste le pro- jet immobilier. Le gain de pou- voir d’achat leur permet de concevoir des maisons plus éla- borées. Entre 2010 et 2011, on enregistre 35 % d’activité sup- plémentaire sur l’immobilier. Après l’habitat, les frontaliers investissent prioritairement dans l’automobile. L’épargne de précaution vient en troisième position et ce volet n’a pas pro- gressé de 25 %. Nous ne pou- vons donc qu’inciter nos clients à se constituer un capital en pré- vision de conditions moins favo-

rables. Càd : Cette soudaine embel- lie sur l’immobilier se justi- fie-t-elle uniquement par le renchérissement du franc suisse face à l’euro ? S.P. : Non. D’autres facteurs interviennent. Les frontaliers ont maintenant accès aux prêts à taux zéro. Le climat de confian- ce qui règne dans les entreprises suisses, dans l’horlogerie notam- ment, encourage les frontaliers

une durée maximale de six mois. On reste aussi prudent dans l’évaluation de sa capacité de remboursement. Pour effectuer le calcul du taux d’endettement, on ne se base pas sur un taux de change à 1,1 mais à 1,3. On prend ainsi une marge de pré- caution car personne aujour- d’hui n’est capable de prévoir l’évolution des taux. Càd : Qu’en est-il des taux de crédit en devises ? S.P. : On a des taux qui évoluent de façon intéressante. Actuel- lement, le taux de prêt en devises avoi- sine 0.95 % contre 4,20 % pour les prêts fixes en euros. On parle bien sûr de prêts non capés. Le taux de “libor” (indice de référence) a varié dans un écart de 4 points depuis 10 ans. Il n’a jamais été aussi bas. Càd : Tout joue donc en faveur des frontaliers ? S.P. : A la seule exception de la revente anticipée du bien.Actuel- lement, si l’on prend en compte l’évolution du taux de change, le capital à rembourser serait supérieur au montant de l’emprunt initial. C’est le seul risque en sachant qu’il peut aus- si évoluer dans l’autre sens. Propos recueillis par F.C.

à investir. On observe aussi une baisse importante de l’investissement loca- tif mais ce constat est global et ne s’applique pas seulement aux frontaliers.

“35 % d’activité supplémentaire sur l’immobilier.”

Càd : Comment réagissent les frontaliers face à l’évolution du taux de change ? S.P. : On note toujours une for- te demande pour le blocage du taux de change sur leur salai- re. Ce contrat garantit le taux de change en sachant qu’il s’agit d’un ordre irrévocable. Bien sûr, l’opération est à double tran- chant et contrairement à ce que beaucoup pensent, la banque n’a rien à y gagner. On conseille aux clients frontaliers de ne pas blo- quer le taux de change sur la totalité du salaire (en prévision de projets à court terme) et sur

“Les taux de prêts en devises n’ont jamais été aussi attractifs”, confie Stéphanie Poyard, conseillère habitat au Crédit Agricole. Taux de change franc suisse /franc français (euro)

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