La Presse Pontissalienne 214 - Août 2017

LA PAGE DU FRONTALIER

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La Presse Pontissalienne n° 214 - Août 2017

Impossible d’imaginer que sous cette colline à Orbe, 597 personnes peuvent être abritées en cas de guerre atomique ou catastrophe nucléaire.

SÉCURITÉ La Suisse, ce pays où l’on se protège Le ciel peut leur tomber sur la tête Visite d’un abri de protection civile à Orbe, en Suisse. Les habitants de la Confédération ont l’obligation d’en construire un dès que leur habitation dépasse un certain nombre de pièces habitables. Entre Vallorbe et Grandson, 1 000 abris anti-atomiques sont répertoriés !

Le système de ventilation est équipé de filtres à charbon. L’abri peut vivre 14 jours en autarcie.

L es Français sont cham- pions en Europe de la construction de piscines. Les Suisses, eux, excel- lent dans la construc- tion d’abris antiatomiques, ren- dus obligatoires depuis la guerre froide. Chacun ses priorités ! En tout cas, nos voisins ne plai- santent pas avec la sécurité. “Un pays a besoin de défendre et pro- téger sa population” lâche d’em- blée Claude Rutishauser, com- mandant de la protection civile Orbe-Grandson.À Orbe, le com- mandant nous a dévoilé un abri antiatomique situé dans la vil-

le, entre le stade de foot et le gymnase, en contrebas de la ligne Orbe-Chavornay. Il peut abriter 597 personnes ! Impossible à l’œil d’imaginer qu’en dessous de cette colline, sous les habitations, se cache une véritable petite ville qui peut vivre en totale autarcie durant 14 jours. “Pourquoi 14 jours ? Parce qu’après, le taux de radioactivité a fortement dimi- nué. On peut donc ressortir” explique le professionnel. Depuis la guerre froide, les Suisses se sont équipés d’abris qui peuvent aussi bien se trou-

EN BREF

Le commandant de la protection civile ouvre

Médiathèque La Médiathèque de Pontarlier va bénéficier de sa dernière phase de travaux. Après les secteurs audiovisuels et jeunesse en 2015, puis le secteur adulte en 2016, c’est au tour du hall, des paliers et des bureaux de la médiathèque de connaître des travaux de modernisation, qui nécessitent la public jusqu’au lundi 11 septembre inclus. Réouverture prévisionnelle : mardi fermeture de la Médiathèque au Lison tout l’été : des animations gratuites à la source du Lison tous les mercredis et samedis, un marché de producteurs chaque jour de la semaine, des visites guidées par des Ornanais chaque mardi soir, des expositions, conférences, concerts… à l’occasion du 500 ème anniversaire de la naissance de Granvelle, chaque mercredi des balades accompagnées et commentées, des expositions, des festivités, des événements sportifs, des concerts… Retrouvez l’intégralité des événements phares sur le lien suivant : http://doubs.koezio.co m//newsletter/public /id/1682 12 septembre à 13 h 30. Rens.: 03 81 38 81 37. Loue-Lison De nombreuses manifestations animent la destination Loue-

dans un village de moins de 1 000 habitants, alors vous devez construire un abri. Si vous êtes dans une commune de plus de 1 000 habitants, c’est à partir de 38 pièces que vous devez vous équiper” témoigne Claude Ruti- shauser. L’exemple ne vaut pas pour tous les cantons. Si un abri n’est pas construit par le pro- priétaire, il doit payer, argent qui ira dans les caisses de la protection civile vaudoise pour construire d’autres lieux de pro- tection. Tous les 7 ans, les équipements sont vérifiés : porte blindée, volet blindé, joints d’étanchéité, ven- tilation, lit, toilettes sèches… doivent être conformes. En cas d’occupation, les lits doivent être installés à 10 cm du mur…pour éviter la condensation. Les ani- maux sont interdits par mesu- re d’hygiène. Certains utilisent ces abris comme cave à vins. Le Suisse est du genre pré- voyant : outre les réserves en eau potable, en nourriture, il a derrière chaque porte blindée un système d’auto-libération. Si des blocs de béton venaient à bloquer la porte de sortie, une tige filetée actionnée par une clé délivre une force de 25 tonnes assurant l’ouverture. Ce qui fait dire au commandant que “même s’il y a des claustrophobes dans la population, ils rentreront dans l’abri en cas de grave crise.” Car l’instinct de survie est présent en chacun. Le ciel peut donc tomber sur la tête de nos voisins : ils sont pro- tégés. La Suisse, pays de l’em- mental, a mis dans ses trous du béton armé.Voilà sa recette pour se défendre. n E.Ch. la porte blindée, après le sas de sécurité, donnant accès à l’abri. Elle pèse plusieurs tonnes.

ver sous une simple habitation que sous le parking de Beau- lieu à Lausanne où 3 000 per- sonnes peuvent se protéger. Si l’impensable se produit - guer- re, catastrophe naturelle, attaque chimique… -, chaque personne résidant en Suisse dispose en théorie d’une place dans un abri. Et l’administration fédérale est précise : un Suisse ne devra pas marcher plus de 30 minutes depuis son domicile pour se mettre à couvert, 60 minutes dans les régions de montagne. “La France a la dissuasion nucléaire, la Suisse les moyens de se protéger” déclare un Hel- vète. D’ailleurs, une partie des habitants ont chez eux des com- primés d’iode à ingérer en cas

de catastrophe nucléaire. Pour les autres, des pastilles sont dis- tribuées par la protection civi- le. C’est ce que l’on appelle ici de la prévention. À écouter les ressortissants de la Confédéra-

tion, ça ne choque personne de devoir débourser des mil- liers de francs pour construire un abri qui ne servi- ra peut-être jamais. La loi est d’ailleurs assez claire en la matière. “Si vous construisez une maison de plus de 21 pièces dans le canton de Vaud,

Plus de 21 pièces, abri obligatoire.

Le dortoir.

Le système d’auto-libération permet après une

catastrophe d’ouvrir la porte blindée même si des blocs obstruent la porte.

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