Journal C'est à dire 209 - Avril 2015

V A L D E M O R T E A U

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Germain Tillion au Panthéon Hommage Le 27 mai, la grande dame fera son entrée au Panthéon aux côtés de Gene- viève De Gaulle, Pierre Brossolette et Jean Zay. Retour sur le parcours excep- tionnel de cette grande personnalité de son siècle dont la meilleure amie était Anise Postel-Vinay, née Girard, originaire du Bélieu.

C’ est par l’entremise d’Anise Postel-Vinay, originaire du Bélieu, que toutes les archives patiemment consti- tuées par Germaine Tillion, sa camarade de déportation à Ravensbrück, sont aujourd’hui précieusement conservées au musée de la résistance et de

la déportation de Besançon. Une mine d’information irrempla- çable sur la vie au camp, l’horreur nazie et la solidarité humaine. Cette dame originai- re du Bélieu, née Girard, est née en 1922, elle vit aujourd’hui à Paris. C’est elle qui a rassem- blé les archives patiemment constituées par son amie Ger-

maine. Résistante de la première heu- re, révulsée par la capitulation, Germaine Tillion sera arrêtée en août 1942 par la Gestapo pour activité de propagande. Emprisonnée à Fresnes puis à la Santé, elle sera ensuite déportée à Ravensbrück. C’est en prison qu’elle fera la connais-

Anise Postel-Vinay ici en compagnie de Germaine Tillion (photo association Germaine Tillion).

sance de celle qui deviendra une de ses meilleures amies, Ani- se Postel-Vinay. “Elles vont deve- nir amies en se parlant par les tuyaux du chauffage. Elles se verront pour la première fois sur le quai de la gare, en prenant le train pour Ravensbrück en octobre 1943. Elles y resteront

Tillion, ethnologue de forma- tion, se servira du camp com- me un terrain d’étude. Elle arri- ve même à y tenir des confé- rences, et plus incroyable enco- re, à y écrire une opérette, un pastiche d’Orphée aux enfers en forme de pied de nez à la bar- barie nazie. “Quelque chose d’unique dans la lit- térature concentra- tionnaire. L’original de l’opérette sera une des pièces de l’exposition au Musée de la résistance” ajoute l’historien. À sa sortie du camp, Germaine Tillion mettra un point d’honneur à rassembler toutes les notes qu’elle avait prises pendant son enfermement et retrouver la trace de toutes les

déportées du camp afin de constituer un témoignage le plus complet possible sur ces vies au camp. C’est cet inestimable fonds d’archives que Germaine Til- lion confiera à Anise Postel- Vinay qui le léguera au musée de Besançon en deux verse- ments successifs, en 1995 et en 2009. Ces deux expositions concomi- tantes donneront l’occasion aux Bisontins de découvrir le par- cours d’une femme extraordi- naire que la Nation reconnais- sante s’apprête à élever au Pan- théon des grands de ce mon- de. Germaine Tillion est décé- dée en 2008. Son amie Anise Postel-Vinay est toujours en vie. On espère sa présence à Besan- çon pour ces commémorations. J.-F.H.

jusqu’en avril 1945” décrit Vincent Briand, attaché de conserva- tion du patrimoine à la Citadelle de Besan- çon qui accueille deux

“Unique dans la littérature

concentra- tionnaire.”

expositions à partir du 26 mai : l’une qui retrace l’engagement de résistante de Germaine Til- lion, au Musée de la résistan- ce, et l’autre qui présente ses missions d’ethnologue, au Musée comtois. Forte et déterminée, Germaine

Vincent Briand, attaché de conservation à la Citadelle, a préparé les pièces qui seront exposées.

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