Journal C'est à dire 209 - Avril 2015

P L A T E A U D E M A Î C H E

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Politique “La vie publique, c’est toute ma vie” Christine Bouquin est désormais installée dans le fauteuil de présidente du Conseil départe- mental du Doubs après le basculement politique du 29 mars dernier. Elle évoque son parcours et ses projets pour le département.

dépenses. C’est comme ça aus- si que l’on pourra investir. Càd : Reviendrez-vous sur certains dossiers de la majo- rité précédente ? C.B. : Il n’y a pas de raison de supprimer ce qui marche. Des dossiers comme la voie verte, non, nous ne reviendrons pas dessus. Les investissements à Métabief, qui avaient été initiés par Claude Girard d’ailleurs, nous approuvons aussi. Le salon Les Mots Doubs, même chose : c’est le genre de manifestations, également marque de fabrique de Claude Girard, qui permet de faire rayonner le Doubs au- delà de ses frontières. Càd : On se souvient de cer- tains grands projets de votre mentor Claude Girard com- me l’idée d’un téléphérique entre Malbuisson et le Mont d’Or, finalement abandonné. Avez-vous en tête de tels grands projets pour faire rayonner ce département ? C.B. : Joker… Oui, il y a des idées. Et sans doute y aura-t- il des surprises par rapport à des dossiers où on ne nous attend pas forcément… Càd : Plus aucune place pour la vie privée et les loisirs ? C.B. : Je vais essayer de m’accorder un petit espace de vie, mais ça n’a jamais été ma priorité. Je pense plutôt aux autres, je suis comme ça… belle harmonie de la nouvelle majorité départementale est sur- venu avec la démission dʼAlain Marguet, le conseiller départe- mental du canton dʼOrnans, de son poste de 11 ème vice-prési- dent, “pour des raisons per- sonnelles” avance-t-il. Consé- quence de cette démission : cʼest Serge Cagnon, le conseiller départemental du canton de Maîche qui récupère la prési- dence de la commission des infrastructures, celle qui gère les routes, un dossier pourtant cher à Alain Marguet. Premiers couacs dans la majorité ? Q uelques jours après les élections, un premier grain de sable dans la

C’ est àdire : On vous avait quitté effon- drée suite à votre échec aux sénato- riales en septembre dernier. Vous aviez même laissé entendre que vous laisseriez tomber la politique et sixmois plus tard, vous êtes portée à la présidente du Doubs. Qu’est- ce qui vous a incité à repar- tir au combat ? Christine Bouquin : Ce qui m’a remotivée pour dépasser cette déception, c’est tout sim- plement de me retrouver au milieu des miens, de mes proches, des gens du Haut-Doubs et de l’action publique. Je me suis rapidement dit : “Tu ne peux pas arrêter comme ça” et les plus jeunes m’ont dit “Il faut que tu continues.” Et en prenant cet- te place aujourd’hui, je me rends compte plus que jamais que la vie publique, c’est toute ma vie. Depuis le début du mois, ce sen- timent se confirme à 100 %. Càd : Oubliés donc les griefs et rancœurs contre Jacques Grosperrin, Jean-François Longeot ou d’autres ? C.B. : Il n’y a chez moi aucune rancœur, aucune rancune. Cet- te élection s’est déroulée dans la plus parfaite sérénité. Je suis tellement satisfaite de rassem- bler l’ensemble de l’union de la droite et centre, avec toutes ces personnes issues également de la société civile. Quant à Jacques Grosperrin, tout va très bien entre nous. Càd : Pensez-vous réintégrer l’U.M.P. que vous aviez quit- tée en 2008 ? C.B. : Pas du tout. Je reste divers droite et en étant à la tête d’une équipe d’union de la droite, ce serait plutôt ambigu et malve- nu de retourner dans un par- ti. C’est très bien ainsi. Càd : Est-on préparé psy- chologiquement à entrer dans

cette fonction de président de Département ? C.B. : Je m’étais préparée à la victoire, comme à la défaite. J’ai appris cela avec l’expérience. Et une fois que vous êtes élu, c’est un grand moment d’émotion, je ne m’en suis pas cachée, et je mesure aujourd’hui la respon- sabilité qui est la mienne. Je suis élue au Département depuis 2001 mais le fait d’être à la tête de cette assemblée, ça change tout. Une chose est sûre néan- moins : ma personnalité ne chan- gera pas ! Càd : À quoi avez-vous occu- pé vos premiers jours de pré- sidente ? C.B. : Dès la prise de fonction, on entre dans un tourbillon. J’ai commencé par un acte plus que symbolique le lendemain de mon élection à la présidence en allant mencer, je mets un point d’honneur à rencontrer tous les services du Conseil départe- mental car je compte sur la qua- lité des agents, à tous les niveaux. Cela me semble indis- pensable que j’aille à la rencontre de tout le monde, 2 400 per- sonnes travaillent dans cette collectivité. Il y a certes le pro- jet politique que nous allons appliquer, mais il y a aussi, et c’est tout aussi important, l’administration tout entière sur qui je compte pour faire des pro- positions, à tous les échelons. Càd : Vous avez lâché toutes vos autres responsabilités d’élue et de cadre dans le pri- vé pour vous consacrer à votre mandat départemen- tal. Pourquoi ? C.B. : Pour réussir dans ce man- dat-là, il est nécessaire d’y consa- crer tout son temps. Je ne veux pas me précipiter, nous avons au cimetière de Pin sur la tombe de Claude Girard. Ensuite, les choses s’enchaînent très vite. Pour com-

Christine Bouquin, première femme de l’histoire à s’installer dans le fauteuil de la présidence du Département du Doubs, à la place de son mentor Claude Girard.

six ans pour réussir. Lâcher mon poste de maire de Charquemont a été difficile, j’ai commencé là- bas en tant que conseillère en 1989. Même chose dans mon entreprise : quand j’ai badgé pour la dernière fois, il y a eu un gros pincement au cœur. Pour autant, je n’abandonne pas ma commune puisque je reste au conseil. J’y ai depuis peu une maison, qui sera mon havre de paix pour le week-end. Càd : Vous emmenez dans vos bagages votre direc- teur des services de Charquemont Daniel Benazeraf qui devient votre directeur de cabinet ici. Pour- quoi ce choix ? C.B. : C’est mon homme de confiance, il fait partie de ma garde rapprochée, il travaille avec moi depuis vingt ans. Avec lui, je pourrai travailler serei- nement. Ici, j’ai besoin de com- pétence et d’amitié. Càd : Quels changements allez-vous imprimer par rap- port à votre prédécesseur Claude Jeannerot ? C.B. : Je souhaite notamment que le Département ait beau- coup plus de relations avec les autres collectivités, communes et communautés de communes. C’est indispensable surtout dans le contexte de fusion prochai- ne des Régions. Je compte aus- si faire les choses autrement, plus simplement. L’idée n’est pas de mettre un coup de pied dans la fourmilière de ce qui est en place mais après une pério-

de d’observation, nous tra- vaillerons différemment. Càd : Sur le plan du projet politique, quelle sera la méthode Bouquin ? C.B. : Le budget 2015 préparé par nos prédécesseurs étant voté, nous nous tournons déjà vers la préparation des priorités pour 2016 et c’est là que nous mar- querons notre empreinte. J’ai demandé à l’ensemble des direc- teurs de services de faire un état des lieux précis des actions déjà engagées et de leur coût. Quand on reprend les clés d’une mai- son, on se doit de faire un état des lieux. Il est nécessaire d’évaluer les politiques menées afin de voir ce qu’il faut éven- tuellement réorienter. On a la chance d’avoir six ans pour mener notre action. Càd : Et vos dossiers priori- taires ? C.B. : Nous allons relancer une vraie programmation pluri- annuelle sur les infrastructures routières. Ce sera un des objec-

les routes feront l’objet d’une commission à part entière. L’autre grande priorité relève des solidarités naturellement. Par exemple au bénéfice des per- sonnes âgées, nous mettrons en place des structures intermé- diaires aux maisons de retrai- te, genre co-locations ou mai- sons multi-générationnelles pour que les personnes âgées puis- sent rester au cœur de leur quar- tier, de leur village. Càd : La parité et le fait qu’une femme soit à la tête du Département, qu’est-ce que ça peut changer ? C.B. : L’approche des femmes n’est pas tout à fait la même. D’abord, c’est hélas un a priori, on doit faire ses preuves beau- coup plus que les hommes. L’œil féminin est peut-être plus aver- ti, plus pragmatique. La subti- lité va jouer aussi (rires). Mais ça fait tellement de bien de voir cette nouvelle assemblée fémi- nisée, rajeunie, souriante, venant d’horizons professionnels si dif- férents !

“Nous avons six ans pour réussir.”

tifs principaux de ce mandat. On commen- ce par engager un état des lieux complet sur la R.D. 461 (route des Microtechniques), la

“Des surprises là où on ne nous attend pas.”

Càd : Comment conci- lier vos projets avec les contraintes bud- gétaires actuelles ? C.B. : Si nous voulons

R.D. 437 (transversale entre le Haut-Doubs et le Haut-Jura), la R.N. 57 route d’État et la par- tie bisontine bien sûr. Natu- rellement il faudra faire des choix, mais on mettra les prio- rités là où on doit les mettre, objectivement. Les routes seront une priorité, mais pas au détri- ment du reste. Un symbole fort :

aboutir à des résultats satis- faisants, il faudra être très vigi- lant et faire des économies. Ne pas avoir peur de dire, après une analyse fine, que certains postes ne seront peut-être pas renou- velés, qu’il faudra faire des éco- nomies d’échelle par rapport aux achats, aller encore plus loin dans le souci de limiter les

Propos recueillis par J.-F.H.

FOIRE DE MONTLEBON & BROCANTE Jeudi 1 er mai 2015 SYNDICAT DES COMMERCANTS DESMARCHÉSDE FRANCE DU GRAND BESANÇON BP 26332 - 25017 BESANÇON Tél.: 07 81 44 03 28 - semf.grandbesançon@gmail.com

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