Journal C'est à dire 209 - Avril 2015

L E P O R T R A I T

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La Chenalotte

À l’école de Roxane Gaspari Roxane Gaspari prépare l’ouverture d’une école Montes- sori pour la rentrée 2016. Cette structure basée sur une méthode d’éducation alternative devrait voir le jour au hameau de Derrière-le-Mont à Montlebon.

S ans doute Roxane Gaspari a-t-elle tiré de son parcours scolaire des enseignements précieux qui ont forgé une vision différente du vaste mon- de de l’éducation. La jeune fille a suivi un cursus classique, collège à Villers-le- Lac, puis lycée à Morteau, et c’est en seconde qu’elle s’aperçoit que l’école tel- le qu’on lui a enseigné jusque-là, ce n’est pas fait pour elle. Elle décide alors, à pei- ne sortie de l’adolescence, de se lancer dans le grand bain de la vie. Elle sera tour à tour employée de commerce, ven-

te sœur, Chiara. C’est au moment où son fils alors scolarisé en maternelle rencontre de grosses difficultés à l’école que Roxane Gaspari s’intéresse à la méthode Montessori qui tire son nom de celle qui a inventé le concept il y a plus d’un siècle, la pédagogue ita- lienne Maria Montessori. La pédago- gie qu’elle a inventée, puis diffusée à travers le monde, est une méthode d’éducation dite ouverte, par rapport aux méthodes traditionnelles, qui repo- se sur l’éducation sensorielle de l’enfant.

portes à la rentrée 2016, avec un objec- tif d’une vingtaine d’élèves accueillis. “On y recevrait aussi des enfants autistes qui viendraient à mi-temps” précise la future directrice d’école qui poursui- vrait dans cette nouvelle structure son travail d’éducatrice. Si cette école voit le jour, ce serait après Besançon, Bel- fort et le Jura, la quatrième de ce type en Franche-Comté. Pleine d’enthousiasme, Roxane Gas- pari voit encore plus loin. Elle réflé- chit également au projet de créer sur le Val de Morteau “un lieu d’échanges et de partages intergénérationnel” qui permettrait aux personnes âgées de transmettre leur savoir aux jeunes générations. La jeune femme de 29 ans a trouvé sa voie et sa ligne de vie : la transmission des savoirs, en dehors des chemins habituels. J.-F.H. Roxane Gaspari veut démocratiser la méthode Montessori dans le Haut-Doubs.

à être autonome” résume Roxane Gas- pari qui a suivi une formation à la péda- gogie Montessori. Forte de ses nouvelles connaissances, elle a décidé d’éduquer elle-même ses enfants, sur la base de cette méthode et depuis un an, pour Tiziano et Chia- ra, c’est l’école à la maison. “En Fran- ce, l’école n’est pas obligatoire, c’est l’instruction qui l’est” nuance la maman à l’adresse de ceux qui pourraient s’étonner de cette déscolarisation. Depuis un an, la jeune maman assu- re que son aîné a “retrouvé le goût d’apprendre. Et depuis qu’on fait l’école à la maison, on n’a jamais rencontré autant d’autres enfants, de familles. On va dans les musées, on fait jouer et échanger nos enfants avec d’autres. Cette méthode permet une vraie proxi- mité et une relation qui n’existe pas forcément avec 30 enfants dans une classe” ajoute Roxane Gaspari. Bien sûr, ces méthodes alternatives ne sont

pas toujours du goût de la hiérarchie de l’Éducation nationale, quoique “les enseignants la perçoivent plutôt bien car ils constatent que cette méthode favorise l’autonomie des enfants.” Dans sa maison de La Chenalotte, Roxane Gaspari anime des ateliers Montes- sori auxquels participent, outre ses deux enfants, d’autres jeunes, dont un enfant autiste car “cette pédagogie s’adapte à tous les enfants, les surdoués, les autistes ou les porteurs d’autres handicaps.” Aujourd’hui, elle veut aller plus loin et démocratiser plus largement cette méthode en ouvrant une école label- lisée Montessori. Après plusieurs mois de démarches, elle a eu l’accord de la mairie de Montlebon pour prendre pos- session de l’ancienne école de Derriè- re-le-Mont dans laquelle cette struc- ture Montessori devrait ouvrir ses

deuse, puis travaillera dans l’horlogerie avant de s’apercevoir qu’il lui manquait quand même un vrai bagage culturel pour vivre une vie épa- nouie. À 26 ans, Roxane Gaspari décide alors de reprendre des

Dans la pédagogie Montes- sori, l’éducation est considé- rée comme une “aide à la vie” et l’enfant est acteur de son propre développement. Maria Montessori est convaincue que les forces du développe- ment sont incluses dans

Son fils Tiziano a retrouvé le goût d’apprendre.

études, par correspondance. “J’ai vou- lu passer mon Bac, c’était comme un défi que je me suis fixée raconte la jeu- ne femme. J’ai donc eu mon Bac litté- raire avant d’embrayer sur un B.T.S. en commerce international.” Parallè- lement à sa reprise d’étude, Roxane devient maman d’un petit Tiziano, sui- vi quelques années plus tard d’une peti-

l’enfant et que l’œuvre de l’éducation consiste à conserver leur spontanéité, et à éloigner tout ce qui pourrait les affaiblir et les empêcher de s’épanouir. Pour elle, il faut que l’enfant édifie lui- même sa personnalité et qu’il déve- loppe ses facultés motrices et intel- lectuelles. “Cette méthode respecte vrai- ment le rythme de l’enfant et lui apprend

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