Journal C'est à dire 233 - Juin 2017
V A L D E M O R T E A U
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Halte aux coupes à blanc en forêt Environnement Ce traitement brutal tend à s’amplifier sur le Haut-Doubs. Un phénomène qui inquiète les défenseurs d’une sylvicul- ture plus harmonieuse et tout aussi rentable dans le temps.
Droit de préférence des propriétaires forestiers voisins E n cas de vente d'une pro- priété classée au cadastre en nature de bois et d’une superficie tota- le inférieure à 4 hectares, les propriétaires d’une parcelle boisée contiguë bénéficient d’un droit de préférence. La propriété visée doit s’entendre de l’ensemble des parcelles vendues, qu’elles forment un bloc d’un seul tenant ou qu’elles soient disjointes. Sous peine de voir la vente annulée, le vendeur est tenu de leur noti- fier le prix et les conditions de la cession projetée, par lettre recommandée avec demande d’avis de réception, ou par remise contre récépissé. Si le nombre de notifications est égal ou supérieur à 10, le ven- deur a la possibilité de s’exo- nérer de ces notifications indi- viduelles pour procéder par voie d’affichage en mairie durant un mois et de publi- cation d’un avis dans un jour- nal d’annonces légales. Lorsque plusieurs propriétaires de par- celles contiguës exercent leur droit de préférence, le vendeur choisit librement celui auquel il souhaite céder son bien. n
Cela concerne des propriétés classées au cadastre en nature de bois et d’une superficie tota- le inférieure à 4 hectares. “Cet- te procédure de mise en vente est assez complexe. Trop parfois aux yeux de certains propriétaires qui trouvent plus facile de fai- re une coupe rase pour aboutir finalement au même profit en s’affranchissant des complica- tions administratives” , explique Michaël Gouttefarde, conseiller foncier forestier à la S.A.F.E.R. Bourgogne-Franche-Comté. Tous les vendeurs ne sont pas prêts à céder leurs biens à leurs voisins. “Ils ne sont pas les seuls responsables car on peut aussi mettre en cause l’honnêteté de certains acheteurs qui pressent
I l suffit de sillonner les routes du Haut-Doubs pour constater la multiplication de ces coupes rases qui non seulement défigurent souvent le cadre paysager mais témoi- gnent aussi d’une certaine for- me d’égoïsme motivée par l’ap- pât du gain immédiat plutôt que d’aller dans le sens de l’intérêt général. C’est du moins le sen- timent des partisans de la forêt jardinée où l’on privilégie la diversité des essences et la régé- nération naturelle. “On consta- te que ces coupes rases concer-
nent de plus en plus souvent des jeunes peuplements. C’est un non- sens économique, environne- mental et surtout une perte pour la collectivité” , explique ce fores- tier qui connaît son affaire. S’il comprend qu’un propriétaire puisse avoir besoin d’argent rapi- dement, il l’encourage volontiers à vendre sa parcelle avec le bois sur pied, sachant qu’il en tirera sensiblement le même profit. Pour lutter contre le morcelle- ment forestier, la législation a défini un droit de préférence aux propriétaires forestiers voisins.
Les parcelles voisines subissent les conséquences de la coupe à blanc avec des tiges plus sensibles aux coups de vent.
à environ 20 euros par m 3 alors qu’un arbre plus imposant et de bonne conformité peut se vendre deux à trois fois plus cher en bois d’œuvre.” Le danger d’une coupe à blanc réside également dans les consé- quences infligées aux parcelles voisines qui se retrouvent d’un seul coup exposées aux coups de vent. Le traitement jardiné n’est
le propriétaire de vendre sa par- celle car elle risque de faire l’ob- jet d’une attaque de scolytes qui pourrait fortement en dépré- cier sa valeur.” Les uns et les autres oublient alors vite que la forêt, c’est l’école de la patience et qu’on peut tout à fait conci- lier production et environne- ment. “En optant pour une cou- pe brutale, on dit parfois qu’il
pas sans contrainte. Plus de vigilance, des sacri- fices, le souci de valori- ser le minoritaire. “La rentabilité s’inscrit plus durablement dans le
coupe son blé en herbe. Il va aussi se mettre dans des frais de reboisement qu’il aurait pu éviter avec une approche plus sage.” Ce forestier adepte d’un
Très décriée mais tou- jours d’ac- tualité, la coupe rase est considé- rée par ses détracteurs comme une aberration écologique, sylvicole et économique.
“Il coupe son blé en herbe.”
traitement sylvicole plus quali- tatif avec éclaircies régulières, conservation des plus belles tiges, régénération naturelle, ne voit aucun intérêt de couper des rési- neux faisant moins de 25 cm de diamètre. “À ce stade-là, il sera vendu comme bois de trituration
temps. Elle n’est pas que finan- cière mais écologique. Les coupes à blancs se justifient parfois dans des conditions très particulières notamment lors d’attaque de bos- tryches importantes et avérées où il n’y a plus grand-chose à espérer.” n
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