Journal C'est à dire 233 - Juin 2017
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Belvoir, l’œuvre d’art Belvoir C’est l’un des rares monuments médiévaux de Franche-Comté parvenus jus- qu’à nous. Ce château doit tout à la famille Jouffroy, dont Pierre, le peintre, n’a pas compté les sacrifices pour rendre sa beauté à l’édifice où vécut Béatrix de Cusance réputée pour être la plus élégante femme de son temps.
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Marie-Christi- ne (à gauche), Christian et Anne-Marie Jouffroy
perpétuent l’immense
travail réalisé par leur père.
Le château de Belvoir au petit matin.
L a commune de Belvoir est une petite cité com- toise de caractère domi- nant le vallon de San- cey connue pour son château dont la première mention remonte au XII ème siècle et ses halles couvertes. Du caractère, la famille Jouffroy en a montré pour sauver de la déchéance ce lieu historique. C’est Pierre Jouffroy, peintre
montbéliardais, qui, en 1956, rachète une partie de l’édifice qui ressemblait davantage à un amas de pierre. C’est avec le financement d’une indemnité liée à un accident de moto qu’il se lance dans l’aventure ! Aujourd’hui, Anne-Marie, Chris- tine et Christian, ses trois enfants, ont repris le flambeau suite au décès de leur père (2000) et après l’avoir aidé en
rabotant par exemple une par une les poutrelles en chêne des plafonds ou remettant sur pied des murs en pierre. Un travail de forçat. Désormais, ils ouvrent la “Porterie”, grand mur d’en- ceinte percé par une porte voi- turière et une piétonne afin de guider les touristes. “La réno- vation a duré 45 ans ! Le plus dur a été fait même s’il faut sans cesse procéder à des travaux d’entretien. Mon père était peintre, ma mère commerçante : nous n’avions pas les moyens pour tout rénover. Heureusement que les visites (jusqu’à 30 000 il y a 30 ans, stabilisées à 9 000 aujourd’hui) nous ont permis de récolter des fonds. Nous avons bénéficié de dons comme du mobilier venu de la famille Peu- geot car il n’y avait plus rien lorsque mon père a repris le châ- teau” témoigne Christian, le fils. Ses deux sœurs vivent dans une partie du site huit mois de l’an- née et poursuivent l’œuvre de leur papa en l’ouvrant tous les jours l’été. En 1956, quand Pier- re Jouffroy arrive ici, le portail d’entrée était mutilé, le corps de logis transformé en ferme avait vu la salle d’honneur deve- nir une écurie et un grenier à
La salle de justice.
torien au XIX ème siècle. Est-ce que le château est encore habi- té par ces glorieux personnages ? Les deux sœurs répondent de concert : “Il n’y a que de gentils fantômes…” Béatrix de Cusance, femme rayonnante, a défrayé la chro- nique au XVII ème siècle en rai-
château. Un terrible coup. Dans cette mésaventure, la famille racheta à un cultivateur, pro- priétaire d’une partie de bâti- ment, les ruines fumantes. C’est le financement assuré par la vente d’une maison de cam- pagne au pied des Baux-de-Pro- vence qui finança ce rachat et la reconstruction !
foin. Aujourd’hui, elle a retrou- vé son lustre. En 1956, le donjon était utilisé comme une carrière de pierres. Les abords étaient envahis par la végétation. Le premier tra- vail consista à mettre hors d’eau et hors d’air tout ce qui était encore d’origine. La tour de Mad- ge-Fâ fut terminée en 1959, l’ar- senal en 1961. Lorsque les services des Monu- ments Historiques acceptent de protéger et d’inscrire à l’In- ventaire Supplémentaire l’en- semble des bâtiments, le travail à réaliser est donc immense. “En 1956, mon père a lancé une loterie pour financer la restau- ration” se souvient le fils qui connaît chaque anecdote du châ- teau. Il ne peut s’empêcher de nous montrer dans l’oratoire de la chapelle le cœur de Béatrix de Cusance (en plomb) et sa stè- le retrouvée à l’hôpital Saint- Jacques de Besançon par un his-
L’oratoire de la chapelle.
son d’une idylle amou- reuse avec le puissant Duc de Lorraine. Bel- voir était terre anti-fran- çaise. Le château mis en pièces par Louis XI lors de la première ten-
L’incendie a failli ravager le
Pour les Jouffroy, ce tra- vail est l’œuvre d’une vie. La salle d’armes est magnifique. Le salon de Béatrix, impec- cable. Les propriétaires
château en 1968.
tative de conquête française a échappé aux Français. Louis XIV ne l’a pas démoli car Anne de Lorraine en 1674 intercède auprès du roi de France. Seules les courtines furent abattues, les fossés comblés. Belvoir a pourtant bien failli disparaître le 22 avril 1968 : un terrible incendie détruisit la presque totalité de l’aile est du
sont heureux de faire partager “ce” lieu. Depuis peu, des mariages sont organisés dans la salle d’honneur. n E.Ch. Château de Belvoir, ouvert tous les jours l’été, entrée 6 euros www.chateau-belvoir.com
Une ancienne cuisine et le four à pain.
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