Journal C'est à Dire 161 - Décembre 2010

L A P A G E D U F R O N T A L I E R

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Environnement Déchets franco-suisses : du gagnant-gagnant La coopération transfrontalière existe. L’incinérateur de La Chaux-de-Fonds retraite les boues du Saugeais et de Morteau pour les transformer en électricité. Les Verrières en Suisse sont depuis le 1er décembre raccordées à la station d’épuration de Doubs.

P eu à peu, des barrières se bri- sent et des fossés administratifs que l’on pensait insurmontables

entre France et Suisse se comblent. Pre- nez l’exemple des ces cinq villages de la communauté de communes de Montbe-

noît et duVal de Morteau qui “profitent” de l’usine d’incinération de La Chaux- de-Fonds pour transformer et traiter leurs boues produites en station d’épuration. Prenez encore l’exemple des communes suisses des Verrières et des Bayards qui ont choisi de se raccorder à la station d’épuration de Doubs via les canalisations des Verrières-de-Joux, moyennant une participation de 450 349 euros (environ 60 % du mon- tant final). “Si les dossiers sont parfois compliqués à monter administrativement, pour l’exécution et la qualité de service avec la Suisse, c’est du 100 %” commente la communauté de communes de Mont- benoît (C.C.M.) qui paye 37 euros du m 3 les boues traitées à la station suis- se, soit 2/3 de la production. L’autre partie des boues - non toxiques - sont dispersées sur les terrains de la C.C.M. Concrètement, les relations et coopé- rations structurelles franco-suisses prennent lentement mais sûrement forme. Le Haut-Doubs, prélude à un 27 ème canton suisse ? Restons sérieux, d’autant que le dernier rendez-vous entre Helvètes et Français s’est sol- dé par un demi-échec. C’était le 27 octobre dernier à l’Hôtel de Région à Besançon où les deux entités ne sont pas parvenues à définir une ligne com- se. Au total, ce sont 100 m 3 d’Hauterive-la-Fresse, Ville- du-Pont, Montbenoît, Maisons- du-Bois-Lièvremont et La Lon- geville qui partent en Suis-

L’usine biogaz de La Chaux-de-Fonds retraite les boues produites par les habitants du Val de Morteau et de Montbenoît.

mune quant à la valorisation des déchets, sujet qui préoccupe tous les élus, qu’ils soient d’un côté ou de l’autre de la frontière. Pour faire simple, la coopération ne peut exister que par intérêt, fût-il finan- cier. “Au départ, nous avions lancé l’idée de coopérer avec les Français sous une forme de boutade mais très vite nous avons compris qu’il serait intéressant gation de la communauté de communes du Val de Morteau avait en effet décou- vert l’usine d’incinération biogaz de La Chaux-de-Fonds. Elle a demandé si elle pouvait bénéficier de l’équipement suis- se moyennant finance (comme Mont- benoît). L’idée a fait son chemin, un appel d’offres a été lancé. Les Suisses l’ont remporté. Traitées, les boues de Morteau et de Montbenoît produisent de l’électricité en Suisse (vendue 0,17 euro du kW). Le résidu toxique est envoyé dans une cimenterie assurant “0 rejet dans la de travailler avec eux” se souvient Jean-Claude Turt- schy, ingénieur communal à La Chaux-de-Fonds. Il y a cinq ans de cela, une délé-

nature” précise l’ingénieur commu- nal suisse. Bénéfice de taille pour les communes françaises : elles ne sont pas obligées d’investir lourdement. Quant aux Suisses, ils en profitent pour faire tour- ner à plein régime leur installation, rentabilisant au passage leur investis- sement. Seul bémol, la taxe douaniè- re sur les boues augmente : elle pas- se à 19,6 %, rendant le transport plus coûteux. Concernant la mutualisation du réseau d’assainissement entre Les Verrières et Les Bayards en Suisse et la station d’épuration de Doubs gérée par la communauté de communes du Larmont, il est entré en fonction depuis le 1 er décembre. Elle concerne 550 foyers suisses. “C’est une coopération intel- ligente” ajoute l’ingénieur communal du Val-de-Travers (canton de Neuchâ- tel). Une coopération de plus sachant qu’une partie du Val-de-Travers est ali- mentée en eau potable par l’eau du lac Saint-Point. La Suisse prend l’eau potable en France pour la rejeter impropre en France. La boucle est bou- clée. E.Ch.

“C’est une coopération intelligente.”

Entre les Verrières suisses et françaises, même coopération avec le réseau d’assainissement.

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