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14 L’ÉVÉNEMENT

MAI JUIN 2019 RÉGAL N° 89 www.regal.fr

SORTIE EN MER AVEC LES PÊCHEURS DES GRANDS CHEFS Comme tout grand chef marseillais, Alexandre Mazzia soigne son réseau de pêcheurs. «Mon pêcheur de langoustes est adorable, il s’appelle Fabien, téléphonez-lui ! » Le rendez-vous est donné la semaine suivante à six heures du matin, dans le port de Morgiou. Le port, lilliputien, est coincé entre deux falaises calcaires qui plongent dans la mer. Il héberge de petits bateaux, un petit restaurant et même un petit terrain de pétanque. Le ciel est bleu électrique quand on y retrouve Fabien, le pêcheur, et Nicolas, son ami infirmier reconverti en matelot. À 29 ans, Fabien est le plus jeune des pêcheurs marseillais. Les marins braquent un spot éblouissant sur leur modeste embarcation de huit mètres. Pendant les huit heures que dure leur journée en mer, ils remontent inlassablement chacun de leurs quatre filets pour les nettoyer et les démêler. Ces chasseurs de trésors savent qu’ils peuvent revenir bredouille. Avant de voir la couleur d’une langouste, ils doivent démêler des dizaines de cailloux et de méduses. Une pêche artisanale et durable qui demande des efforts Pour l’instant, la pêche s’annonce mince. Les langoustes trop petites sont rejetées à la mer, vivantes. Pour se donner du courage, ils se remémorent leur plus belle journée, lorsqu’ils avaient capturé un homard. Pendant que Fabien tire sur le filet, Nicolas trépigne. Il ne peut s’empêcher de se pencher pour voir ce qui sort de l’eau : «Un calamar, il est énorme ! » Au total, ils capturent de quoi couvrir les charges : huit langoustes, un gros calamar, une baudroie, une daurade et des petits poissons pour la soupe. De retour sur la terre ferme, une deuxième journée de travail commence pour Fabien, celle du vendeur de poisson. Les langoustes sont vendues vivantes à Alexandre Mazzia, il les prend toutes ! Pour le reste, il va falloir négocier un prix qui permette de couvrir le coût de cette pêche artisanale et durable.

Fabien et Nicolas ont une conception de la pêche qui tranche avec celle de nombreux collègues. Respect du poisson, respect de l'environnement, respect du goût. Ils pratiquent la technique ancestrale japonaise de l'ikejime, qui limite la souffrance animale et ne dégrade pas sa chair. Une passion communicative.

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