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Le désengagement des collaborateurs est la norme Car ce ne sont pas uniquement les comportements d’innovation ou de coopération qui sont compromis par l’influence des biais dans le cadre de l’entreprise. C’est également l’engagement des collaborateurs, dont on vient de voir l’importance dans la performance des organisations, qui est en question. Toutes les études réalisées mettent en évidence la faiblesse de l’engagement des collaborateurs dans leur entreprise. Si les chiffres peuvent légèrement varier d’une enquête à l’autre, et qu’il existe bien sûr de belles exceptions qui confirment la règle, ce sont environ deux tiers des collaborateurs qui déclarent une absence d’engagement dans leur travail. Plus de X % disent même être activement désengagés. Là encore, les Sciences Comportementales apportent une explication fondamentale à cette absence d’engagement. Les entreprises agissent très majoritairement sous l’influence d’une vision fausse d’un Homme au travail qui serait motivé par les vieux principes de la carotte et le bâton. Alors bien sûr, je vous entends vous offusquer ! Les entreprises actuelles ne sont pas celles du XIX e siècle et proclament toutes l’importance de l’humain. Mais derrière les beaux discours se cache une réalité très différente. Tous les experts en Sciences Comportementales, qui se sont spécialisés sur l’univers du travail, se rejoignent pour dire l’incapacité des entreprises à mettre en place les conditions d’un réel engagement : de l’équité salariale et du respect, de l’intérêt et du sens dans son travail, de la reconnaissance au quotidien de l’autonomie dans sa tâche, une capacité à progresser et à s’accomplir, de la camaraderie au quotidien avec, au bout, une mission aspirationnelle. Le professeur Dan Ariely écrit (1) : « Pourquoi les gens sont tellement démotivés au travail ? Je pense que c’est partiellement en raison de la persistance d’une vision du travail datant de l’ère industrielle qui est largement acceptée comme vraie. Cette vision considère que le marché du travail est un lieu où les individus échangent du travail contre un salaire (indépendamment du niveau de sens du travail) et que les gens ne considèrent pas réellement ce qui arrive dans leur travail aussi longtemps qu’ils sont rémunérés équitablement pour celui-ci. » Et Daniel Pink renchérit dans son formidable ouvrage La vérité sur ce qui nous motive : « Nous avons configuré nos organisations et construit nos vies autour de cette hypothèse fondamentale : la façon d’améliorer les performances, d’accroître la productivité et d’encourager l’excellence, est de récompenser le bon et de punir le mauvais. » Les entreprises se trompent sur la vision de ce qui motive les individus au travail avec, comme résultante, leur absence d’engagement. Non, nous ne sommes pas des êtres rationnels motivés principalement à coup d’augmentations de salaire (souvent minimes), de titres ou de bonus ou de la peur du licenciement. D’autres voies existent mises en évidence par les Sciences Comportementales.

(1) Dan Ariely, Payoff, page 28.

104 Guide de l'Économie Comportementale - 2018

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