BVA_NUDGE_2018

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L’emprunteur Lorsque l’on conclut un petit prêt à court terme avec un ami, l’avantage évident pour l’emprunteur est une augmentation immédiate de sa trésorerie, généralement pré- affectée à une utilisation précise. Le coût pour l’emprunteur réside dans la demande qu’il faut faire, l’engagement dans une reconnaissance de dette et le fait de faire peser une charge financière sur le prêteur. Comme l’a indiqué un travail de recherche montrant une gêne et une réticence à l’idée de transactions monétaires entre amis ( Straeter, 2017 ), il est probable que les emprunteurs se sentent mal à l’aise lorsqu’ils demandent de l’argent à un ami. Le prêteur Pour le prêteur cependant, prêter une petite somme sur une courte durée à un ami peut être une expérience complètement différente. C’est pour le prêteur l’occasion de montrer son attention pour un ami proche et de répondre à des attentes sociales ( Straeter, 2017 ). Il semble donc plus satisfaisant d’investir dans un prêt à un ami que d’être celui qui reçoit l’argent et ce, malgré l’effort financier. Cette satisfaction est cohérente avec la motivation altruiste d’aider directement une personne qui en a besoin, et avec le contentement que l’on ressent à accomplir un acte considéré comme moral ou « bien ». La plupart d’entre nous entrons dans la catégorie des altruistes « impurs », motivés par les deux aspects. Emprunts répétés Des demandes de prêt qui se répètent peuvent modifier le lien d’amitié. D’une part, monétiser l’amitié peut éliminer totalement les liens sociaux et modifier la volonté de l’emprunteur comme celle du prêteur de participer à ces crédits informels ( McGraw et Tetlock, 2005 ). L’emprunteur peut commencer à se sentir plus à l’aise pour demander de l’argent à son ami, tandis que le prêteur peut commencer à percevoir ces demandes comme ennuyeuses. D’autre part, les normes sociales qui encadrent l’amitié peuvent continuer de guider les deux parties, renforçant la générosité du prêteur et la gêne de l’emprunteur, élargissant l’écart existant entre la volonté de prêter et celle d’emprunter. Pour résumer, nous nous attendons à ce que les amis ne fassent pas un usage optimal des prêts informels. Les individus sont moins enclins à emprunter de l’argent de manière informelle à un ami qu’à accepter une telle demande. L’amitié peut ainsi constituer une source inexploitée d’aide financière à court terme pour des montants relativement modestes, car l’emprunteur et le prêteur ont tous deux la motivation d’y participer. L’étude Pour tester la volonté d’emprunter (WTB) et la volonté de prêter (WTL) entre amis, une étude intersujet à 2 (rôle : emprunteur vs prêteur) x 2 (demande : première vs cinquième) critères a été menée auprès de 293 adultes américains (M âge = 34,31,

146 Guide de l'Économie Comportementale - 2018

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