BVA_NUDGE_2018

Éditorial

dons aux partis politiques et aux œuvres caritatives ( Perez-Truglia et Cruces, 2017 ; Bracha & Vesterlund, 2017 ; Samek & Sheremeta, 2017 ). Récemment, des chercheurs en psychologie sociale ont également normé les phénomènes sociaux pour que les planificateurs sociaux puissent orienter les comportements humains. Rogers et al. (2018), par exemple, ont élaboré un cadre rigoureux permettant d’analyser pourquoi les individus contribuent au bien commun. Le cadre, que les chercheurs ont appelé PANIC (« personal, accountable, normative, identity, and connected » en anglais) s’articule autour de cinq principes qui améliorent l’efficacité des interventions visant à induire une action collective. Le principe d’identité repose sur le concept d’image sociale. Au fil du temps, de nouvelles expériences de terrain nous permettront de comprendre ce qui rend chaque mécanisme efficace dans certaines conditions afin d’optimiser et de mieux prédire les comportements. Contrats d’engagement Les contrats d’engagement impliquent de la part des individus qu’ils acceptent de perdre de l’argent (ou de l’utilité) s’ils n’adoptent pas un comportement qu’ils se sont engagés à adopter. Par exemple, il se peut que je veuille faire de l’exercice cinq fois par semaine mais que je procrastine et que je ne me rende pas à la salle de sport aussi souvent que je m’y étais engagé. Par conséquent, pour m’obliger à adopter ce comportement à l’avenir, je peux conclure un contrat d’engagement en vertu duquel je perdrai de l’argent si je ne vais pas à la salle de sport aussi souvent que je le voudrais. L’entreprise stickk.com essaye de mettre en œuvre ce concept : il s’agit d’une plateforme qui distribue l’argent que vous perdez à diverses causes (par exemple, l’équipe de football rivale) si vous ne respectez pas vos engagements. Cela semble sensé sur le plan théorique : les individus devraient exiger diverses formes d’engagement pour agir de manière constante s’ils manquent d’autodiscipline. On peut faire un parallèle avec Ulysse qui demande à être attaché au mas de son bateau pour résister au chant des sirènes, une notion popularisée par l’article tristement célèbre rédigé par Ashraf et al. (2006), qui ont réalisé une expérience de terrain en milieu naturel sur les contrats d’engagement liés à l’épargne des ménages aux Philippines. Depuis Ashraf et al. , le débat fait rage dans le milieu universitaire et la sphère politique sur l’efficacité et les bienfaits de ce type de contrats dont l’objectif est de surmonter le manque d’autodiscipline. La raison pour laquelle les contrats d’engagement fonctionnent parfois est que les consommateurs ont une autodiscipline limitée, de sorte qu’ils peuvent procrastiner dès lors qu’il s’agit d’adopter des comportements souhaitables sur le long terme, notamment s’ils sont naïfs ou excessivement confiants quant à leur futur niveau d’autodiscipline ( O’Donoghue et Rabin 1999 ). Par conséquent, cela peut être une bonne chose que les gens demandent des contrats d’engagement, dans la mesure où ils augmentent le coût des actions futures éventuelles. Un individu sans problème de contrôle de soi n’aura probablement pas besoin de créer ce genre d’incitations.

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29 Guide de l'Économie Comportementale - 2018

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